STILLE VOLK - La Pèira Negra (Holy) - 20/05/2014 @ 07h59
Stille Volk a 20 ans. De la sombreur des bois aux lumières des festivals, que de chemin parcouru. En refusant (d'emblée) de s'enfermer dans un quelconque carcan esthétique, thématique et musical, ces passionnés ont su ralier à leurs bacchanales des fans de tous horizons. D'abord centrés sur une forme de régionalisme culturel occitano-pyrénéen, nos troubadours ont depuis considérablement élargi leur champ d'investigations, le tout sans renier leur background metal. Pour Patrick Lafforgue et Patrice Roques, leurs débuts ont surtout été marqués par l'acquisition et l'apprentissage de nombreux instruments. Par la suite side-projects (Hantaoma, Amazarak) et collaborations extérieures (Skiltron, Valuatir) ont contribué à leur maturation. Si le rythme des sorties de Stille Volk s'est considérablement ralenti depuis Maudat (2003), on ne perd pas vraiment au change. D'une part l'adjonction de musiciens supplémentaires leur a permis de développer leur activité scénique, ensuite, et c'est bien là l'essentiel, la musique de Stille Volk a gagné en qualité, le fantastique Nueit de Sabbat (2009) étant leur travail le plus abouti depuis le chef d'oeuvre expérimental [Ex-uvies] (1998). Après un tel tour de force, on était même en droit de se demander "pourront-ils réitérer pareil exploit?".
Il est temps de le découvrir en abordant leur nouvel album: La Pèira Negra.

Les amateurs éclairés n'auront pas manqué de glaner des informations d'importance au fil des interviews accordées: concept ayant nécessité 15 ans de maturation (!), orientation musicale plus sombre, mais surtout Stille Volk est (re)devenu un quatuor. En effet, le guitariste/chanteur Sarg (Eydolon) les a rejoint à titre permanent en 2010, précédant le retour aussi inattendu qu'inespéré de Yan Arexis ! Percussionniste adepte des samples et membre fondateur du groupe, il avait quitté Stille Volk à l'approche de l'an 2000. Il est aussi le principal instigateur du fameux [Ex-uvies]. Un retour excitant augurant de grandes choses. Et justement avant de rentrer dans le vif du sujet, un mot sur ce dernier que beaucoup ont sans doute perdu de vue. Aussi polyvalent qu'hyperactif, Yan Arexis a multiplié les projets musicaux (Fantastikol Hole, Ihan, Redneck, Cober Ord) et développe depuis 2009 une autre facette de sa créativité: la peinture (voir son site). Si La Pèira Negra doit beaucoup à Patrice Roques qui signe l'essentiel de la musique et des textes, l'artwork et la typo sont l'oeuvre de Yan Arexis. Succéder au sublime visuel de Nueit de Sabbat n'était pas chose facile, mais il a su relever le défi avec brio, dans un registre primitif, qu'on devine instinctif. Le livret est plus qu'évocateur, on croirait presque toucher un mélange d'écorce, de mousse et de terre humide. Je n'ai d'ailleurs pas pu m'empêcher de le sentir. Du bel ouvrage.

La Pèira Negra raconte l'histoire d'une transfiguration mystique, à savoir une pierre noire devenue vivante cherchant sa place dans un environnement minéral et végétal hostile. Prise de conscience, description des lieux, états d'âme et batailles avant la libération finale... Ce genre de récit ne vous rappelle rien? Voyez ceci: "Un concept hautement surréaliste contant les tribulations d'une entité accouchée par la Lune errant dans un univers païen qu'elle ne comprend pas." (extrait de ma chronique d'[Ex-uvies]) L'animisme c'est leur dada et moi ça me va. Seul le texte du morceau-titre est issu de la tradition occitane. Pour les curieux, notez que Stille Volk a placé l'intégralité des paroles de La Pèira Negra sur son site officiel (dont le design est signé Yan Arexis). L'enregistrement est l'oeuvre du frontman Patrick Lafforgue, mixage et mastering ayant été confiés à Fernando Pereira Lopes. Je ne peux que témoigner mon admiration face à la qualité du son (en particulier le mixage) qui contribue au rendu toujours plus fluide et subtil de leur musique. Une réussite. Concernant l'instrumentation, vous connaissez les attributions de chacun. Mais pour le cas où, voici la version courte: Lafforgue: chant principal, vielle à roue, instruments à vent - Roques: nyckelharpa, instruments à cordes, choeurs - Arexis: percussions, samples, vocaux - Sarg: guitares, choeurs. La partie intéressante concerne les invités.

Depuis quelques temps, Stille Volk semble accorder un intérêt particulier à la basse (du moins en studio). Déjà employée sur Nueit de Sabbat, elle est ici encore plus présente. L'occasion de retrouver une vieille connaissance, Didier Bignalet (ex-Eviternity), qui leur avait prêté main forte pour leur reprise de Paradise Lost et l'album [Ex-uvies]. Autrement la collaboration avec le Barbarian Pipe Band se poursuit. Et cerise sur le gâteau, Gaë Bolg en personne a participé à La Pèira Negra. Les amateurs de dark folk paillarde et de mags comme Elegy et D-Side le connaissent, les autres apprendront que ce multi-instrumentiste productif a notamment été pensionnaire de l'Orchestre Noir de Tony Wakeford (Sol Invictus). Ses parties de trompette, d'orgue et de flute à bec apportent un incontestable plus à ce 6ème album. Les 8 morceaux jouent sur les nuances, oscillant en permanence entre parties lancinantes, obscures (Dementis maudiçon et son refrain 'maudit') et d'autres plus lumineuses, gaillardes (l'épique Litanie du Pétrifié, mon titre préféré). Amusez-vous à reconnaitre les interventions des invités (la basse de Didier Bignalet ou la trompette de Gaë Bolg), discerner les différents types de chant et vous intéresser aux textes. Peaufinées à l'extrême, les compositions de Stille Volk regorgent de détails, tout en paressant couler de source, naturellement. Un signe qui ne trompe pas.

Jamais 2 sans 3. On savait les Pyrénéens doués pour adapter des hymnes metalliques à la sauce pagan, ils ont donc remis ça. Cette fois c'est le tour de Come to the Sabbath, un classique de Mercyful Fate clôturant leur mythique album Don't Break the Oath (1984). A mi-chemin entre le jusqu'au boutisme occitan d'Adoumestica Una Terro (To Time a Land d'Iron Maiden sur l'album Satyre Cornu) et les éléments metal apparaissant sur The Painless (voir le Tribute à Paradise Lost), Stille Volk transforme l'essai, qui mérite pleinement son statut de reprise. A l'instar d'un Faith No More ou d'un Carnival in Coal, nos troubadours savent s'approprier l'oeuvre d'autrui. Je profite d'ailleurs de l'occasion pour émettre des voeux. Si d'aventure les membres de Stille Volk décidaient de réaliser un album entier de reprises à la sauce pagan, celui-ci serait sans doute bien accueilli, au même titre qu'une suite d' [Ex-uvies]. Concernant un successeur de Malombra, j'ai cru comprendre que la question avait été étudiée.
Qui vivra verra...

En prenant tout le temps nécessaire pour délivrer un travail abouti et grâce à l'aide de musiciens investis (Arexis, Sarg, les guests), le duo Lafforgue/Roques ne déçoit pas. La Pèira Negra est un album de qualité, un digne successeur du formidable Nueit de Sabbat (qui garde ma préférence, ce dernier étant un peu plus long et varié). Fans de Stille Volk vous pouvez y aller les yeux fermés.
Les autres, faites-vous votre propre opinion en découvrant le clip ci-dessous.



http://www.stillevolk.org/ - 228 visite(s)


Rédigé par : forlorn | 16,5/20 | Nb de lectures : 15591




Auteur
Commentaire
Moshimosher
Membre enregistré
Posté le: 20/05/2014 à 11h26 - (112168)
Voilà un album que je compte bien me procurer ! Cette très bonne chronique m'a mis l'eau à la bouche... même si je l'écouterai avec mes oreilles, bien sûr ! :)

Curieux d'entendre la reprise !

Au sujet de Yan Arexis : il a même touché à l'écriture... J'ai, sous ma patte griffue et mes yeux exorbités, un recueil de nouvelles (Musées des mondes énigmatiques - Denoël/ Présence du futur) au sein duquel figure un texte de sa composition... Un texte fort sympathique si ma mémoire est bonne... Faudrait que je le relise...

RBD
Membre enregistré
Posté le: 20/05/2014 à 12h52 - (112170)
Eth retorn delh Folk Metal Bigordan !

La rétrospective oublie l'album unique de Hantaoma, leur projet parallèle reprenant des chansons traditionnelles d'un peu tout le Midi occitan (et pas seulement des Pyrénées) à la sauce Heavy Black. Il a été chroniqué sur ce site et je le ressors régulièrement.

Nokturnus
Membre enregistré
Posté le: 20/05/2014 à 13h13 - (112171)
L'album d'Hantaoma est l'un des meilleurs albums de folk/métal qui ait vu le jour. Period. Quand à ce Stille volk, pas encore écouté mais ça ne saurait tarder, vraiment hâte d'écouter le successeur de l'excellent Nuiet de Sabbat.



forlorn
Membre enregistré
Posté le: 20/05/2014 à 18h03 - (112175)
@ RBD: J'ai pourtant cité Hantaoma le groupe à 2 reprises dans ma chronique, en vous donnant la possibilité de consulter la chronique de Malombra en cliquant sur Hantaoma dans le 1er paragraphe ou en sélectionnant l'album via la fonctionnalité "à classer avec" à droite de l'écran).

1er paragraphe: Par la suite side-projects (Hantaoma, Amazarak) et collaborations extérieures (Skiltron, Valuatir) ont contribué à leur maturation.

5ème paragraphe: Concernant un successeur de Malombra, j'ai cru comprendre que la question avait été étudiée. Qui vivra verra...


RBD
Membre enregistré
Posté le: 23/05/2014 à 22h25 - (112253)
Bou Diou ça va vraiment pas en ce moment... Pardon pour la lecture trop rapide !

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