N’y allons pas par quatre chemins, comparativement au cornu, œuvre précédente, ce dernier album est plus simple. Mais attention, simple ne veut pas dire simpliste, au contraire. Explications : là ou le groupe utilisait avant plusieurs instruments, ce dernier a aujourd’hui pris le parti d’en utiliser moins. Il sont toujours présents en nombre : flûte, guitare, guimbarde, cornemuse, vielle, tambourin… mais ils ne sont pas tous utilisés en même temps. La musique est donc moins surchargée et toutes les mélodies prennent l’ampleur qui leur manquait. Chaque ligne mélodique remplit pleinement sa mission et nous ramène a un temps ou le terme distorsion relevait de pure sorcellerie. Justement, la sorcellerie est le sujet phare de ces troubadours d’un genre nouveau , mais pas la sorcellerie de charmed ou harry potter (! ! !), on parle ici de la sorcellerie et des mythes ruraux qui étaient très présents dans nos campagnes et qui le sont encore par endroit. Plus généralement, stille volk s’appuie sur la richesse de l’histoire régionale (on trouve un morceau chanté en occitan, hommage à leurs origines) et développe ces thèmes sur une musique d’obédience ancestrale qui prend toute son ampleur lors de veillées en pleine nature. (les quelques samples présents de ci de là « cassandre sylvestre » ou « l’armière » nous rappelle que l’album est bien de ce siècle).
Musicalement, on peut dire que c’est l’album de la maturité, la formule est facile et très « cliché » mais c’est celle qui convient le mieux pour définir ce Maudat. Hantaoma était assez spontané et remplissait pleinement son rôle de premier album, Ex-uvies montrait lui des velléités d’expérimentation qui ont vite été oubliées sur Le Satyre Cornu qui marquait un retour aux sources (avec cependant des morceaux assez péchus et la plus formidable reprise d’Iron maiden jamais jouée). Maudat est le parfait compromis entre Hantaoma et Le satyre cornu, il est également le parfait mélange entre sobriété et musicalité. L’ambiance ancestrale dégagée au long des dix compositions (dont une reprise d’un air du moyen âge) ne prête pas à sourire (non, je ne me moque pas des groupes de true métal qui se la jouent moyenâgeux) le moyen âge mis en musique ici n’a rien à voir avec celui de Christian Clavier, les textes sont d’ailleurs très soignés et recherchés et prouvent au même titre que la musique, l’attachement de ces compositeurs à leurs traditions et à des valeurs aujourd’hui mises à mal par le monde moderne. Comme toujours le maniement des instruments anciens se fait avec dextérité , le chant quant à lui est à mon sens plus varié que par le passé (mention très bien aux passages en duo).
Bref, Stille Volk perpétue la tradition sans tomber dans le grand guignol. Les occitans (eux) et le catalan (moi) sont réunis aujourd’hui (je suis ému) sous l’appellation Pyrénéens et invitent un public ouvert d’esprit à partager un « orgasme tellurique » sur des airs d’un autre temps.



Rédigé par : dark tranquilou | 16.5/20 | Nb de lectures : 8492