Slo - SMOHALLA - TRACK-BY-TRACK par ZESNAKE - 5617 lectures
Interview Track-by-Track pour le split CD de SMOHALLA avec OMEGA CENTAURI, intitulé "Tellur - Epitome"


Titre de l'album :
Slo : ''Tellur' doit être vu comme une personnification des ondes terrestres. Ces forces qui émanent des profondeurs peuvent être autant perçues comme une énergie grondante, qui régénère, mais aussi comme des chaines qui nous retiennent au matériel, des obstacles pour nos esprits, qui nous rappellent que notre forme humaine n'est qu'une enveloppe mortelle, limitée, le plus souvent contrôlée par des basses pulsions et des instincts primaires. Il est intéressant de réfléchir à ce qui nous obsède et nous motive, et à leurs vraies racines. On s'imagine parfois nourrir des buts élevés, nobles, mais la fierté, l'orgueil, la volonté d'être perçu comme une entité individuelle pertinente, un esprit libre, ne sont souvent qu'une illusion, motivée par des besoins primaires. Par exemple, bien souvent, un artiste va développer et matérialiser un univers complexe, riche, original, pour prouver au monde qu'il a quelque chose à apporter, et qu'il n'est pas qu'un fainéant suffisant. Pourtant on peut voir que dans beaucoup d'œuvres, la principale motivation est guidée par un manque d'amour et d'attention, un besoin de sublimer l'être médiocre que l'on est au yeux du monde extérieur, et aussi pour soi-même. Au final 99% des musiciens et des artistes en général sont des êtres nombrilistes qui ne s'estiment jamais satisfait niveau reconnaissance, qui ont une grande soif de toujours plus d'attention, comme des enfants délaissés. Je ne m'estime pas au-dessus du lot, et ce problème ne touche pas que les artistes évidement. Il est très difficile de s'oublier pour laisser son vrai instinct créatif s'exprimer. En ce sens Tellur est à percevoir comme notre motivation initiale, que l'on peut déplacer dans d'autres cadres que celui de l'art. L'ambition professionnelle, la soif de plaire socialement parlant, ou de conquérir, d'inventer, de découvrir. Cette motivation initiale qu'il faut pourtant dépasser pour accéder à cette espèce d'abnégation, créative dans le cadre de l'art, pour vraiment se révéler. Ne pas chercher à sublimer la misérable personne que l'on peut être, mais ouvrir d'autres portes qui ne révèlent que la plus enfouie et pure part de nous-même. Tellur est notre père, qu'il faut tuer, sodomiser, et dont on doit faire le deuil, pour être un individu conscient à part entière.


Artwork :
Slo : Je me suis encore une fois occupé de l'artwork, en utilisant des photos, et des illustrations du fameux Jimmy Fortier. C'est important pour moi de proposer un alliage son / image en adéquation, éviter de tomber dans le phénomène « poudre aux yeux », mais pour être honnête il ne s'agit que d'un apparat pour moi. La musique se suffit à elle-même. Pour ce split CD et pour la majeure partie de nos réalisations, un million d'autres pochettes complètement différentes auraient très bien pu faire l'affaire.


Production / Studio :
Encore une fois tout a été enregistré seul, les riffs de guitares qui cette fois ont constitué 90% de la base des titres ont été composé et capturé de manière très instinctive, sur un très court laps de temps. Nous avons ensuite confié les bandes à Christophe du Worship Studio qui s'est occupé de réamper toutes les cordes, basse comprise, j'ai ensuite retravaillé leur son et Kris s'est occupé de finaliser le mix en lui donnant toute la profondeur qui lui manquait, et a aussi masterisé le résultat final. Nous n'avons jamais eu un son aussi puissant, je suis plus que fier du résultat. La basse est très en avant, le chant est plus présent, le son général a une teinte beaucoup plus terrestre qu'aérienne, mais n'empêche pas de décoller, pour moi c'est le compromis parfait entre profondeurs terrestres, grondantes, et des vibrations plus éthérées. Le chant a été enregistré en une journée, pendant le seul jour de neige de l'année à Toulon. Tout comme pour les parties de guitares et pour la première fois dans l'histoire du groupe, j'étais complètement défoncé.
C'était très particulier pour quelqu'un comme moi, qui a presque toujours vécu dans le sud, d'hurler et chanter dans un micro en sentant le thc bercer mes veines et en regardant la neige tomber. Les claviers sont présents de manière presque constante bien que relativement discrète, ils confèrent au mix final une atmosphère très particulière et je suis heureux d'avoir grâce à Kris un son homogène mais aéré, puissant mais aussi unique, je pense qu'aucune comparaison n'est possible avec une autre production et ça me plait beaucoup.


Musique, Cinema/DVD, livres, jeux ?
Le dernier titre de notre partie du split est vaguement inspiré d'une BD qui m'avait particulièrement marquée quand j'étais gamin, « Les passagers du Vent » de Bourgeon, en ce sens que notre titre traite lui aussi de colonialisme, d'esclavage. Nous avons d'ailleurs choisi de le nommer ainsi, car on retrouve en plus de ce thème initial le même fond, la quête de cette liberté absolue impossible, cette sensation que chaque humain sur terre éprouve parfois, ou quotidiennement, d'être l'esclave d'une situation, d'un peuple, d'une histoire, d'un traumatisme… Notre titre aborde l'histoire d'un peuple envahi par des entités du progrès, qui les asservissent à leurs fins tout en leur offrant ce qu'on pourrait appeler des artefacts-leurres. Pour moi un des principaux pièges chez l'humain est que le mal destructeur provient souvent d'une volonté de faire le bien. Qu'il s'agisse d'un côté comme de l'autre d'ailleurs, envahisseurs et victimes. L'incapacité qu'à l'homme de réaliser l'objectivité d'une situation grave me désole un peu, tout comme sa phobie innée devant les différences de perceptions qu'il peut croiser.
Je ne vois pas d'influences majeures, comme pour nos autres réalisations, énormément d'éléments extérieurs peuvent nous influencer, qu'il s'agisse d'autres groupes, de films, de relations humaines, de rêves, de peurs, d'espoirs…



Track-by-Track

"Sa voix transperce nos fronts"

Ce titre parle de la voix universelle qui est en train de murmurer, parler, ou d'hurler dans nos consciences depuis quelques mois, qui ouvre nos perceptions sur un nouveau monde, petit à petit. Certains principes disparaissent et certains fantômes brimés reprennent vie pour nous guider, l'homme peut être entame une nouvelle étape dans le processus de son évolution, encore pourtant loin de l'âge adulte je le sens sortir d'une certaine forme d'adolescence. Je pense que dans 500 ans les personnes qui se nourriront encore d'animaux seront considérées comme des délinquants sexuels.
Les riffs sont très tordus, sinueux, avec un côté thrash parfois assez prononcé surtout dans la première partie du titre. On3iric4 est une amie espagnole qui a un projet electro très intéressant, elle a prêté sa voix sur beaucoup de parties du titre pour ajouter ces espèces de chants de sirènes très particuliers.


"La main d’Abel"
Ce titre a été choisi comme support pour notre clip, il est très représentatif de l'ensemble, tordu, épique, l'adéquation guitares / claviers et la structure même du titre m'ont permis de construire un appel à la transe, qui marche très bien surtout quand plongé dans le noir total on regarde les images de notre vidéo, capturées et montées par le collectif l'œil céleste. Pour moi les parties de guitares sont très particulières, et beaucoup de sons assez discrets mais qui changent tout à l'ensemble du titre ne se révèlent à l'oreille qu'après un certain nombre d'écoutes.
La main du premier homme trahi par un autre homme renait sous une forme titanesque pour étouffer les feux de nos peurs, faire suffoquer les porcs et réchauffer les faibles. Les viscères de Tellur sont comme des chaines qui lient nos pieds au monde matériel et dont il faut s'émanciper, tôt ou tard, ou au moins sporadiquement, pour se pardonner et avancer. Les nuages noirs seront toujours au-dessus de nos têtes et il faut trouver un moyen de les dépasser et les faire frères plutôt que de passer sa vie à vouloir les chasser vainement.



"Ô déluge"
Un titre sans guitares, ni basse, très électro, avec beaucoup d'expérimentations sonores notamment dans sa seconde partie, et d'orchestrations classiques. Le chant et le clavier lead sont entremêlés et flottent discrètement au grès des vagues sonores comme un serpent en déplacement sur l'eau. Les paroles parlent du grand déluge qui nous lavera tous un jour, et sont mes textes préférés du CD. Comme sur la plupart de nos sorties, ma sœur Johanne Cassar qui est soprano professionnelle nous accompagne sur un titre, en l'occurrence celui-ci.


"Les passagers du vent"
Le titre le plus épique de notre partie du split. Il offre à la fois nos passages les plus sombres et torturés comme les plus mélodiques et puissants. Constitué de deux grandes parties même s'il dépasse juste les 5 minutes, il est aussi le titre le plus progressif du CD. Les parties de claviers ont été très travaillées, il y a souvent de nombreuses mélodies différentes qui s'affrontent en même temps ou s'allient…
Je suis très fier du travail de création sur les riffs de guitare. Quand j'écoute 90% des groupes de metal d'hier ou d'aujourd'hui, je n'entends que des versions bis de riffs déjà existants. Je suis heureux d'avoir développé un style personnel à ce niveau, en évoluant personnellement avec mes gouts mais en gardant la même ligne de conduite, instinctivement, et sans suivre de courants.




Auteur
Commentaire
Cyberinflames
Membre enregistré
Posté le: 26/03/2013 à 06h20 - (543)
Comme d'hab chez Smohalla, tout est très poussé, et les explications sont du caviar.



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