Le Stout est une bière noire caractérisée par sa teneur en malts hautement torréfiés. Si les amateurs peuvent sans doute citer bon nombre de marques, la plus connue reste la Guinness. Fondée à Dublin en 1759, cette brasserie n'a pas tardé à exporter sa production dans le monde entier et son succès ne s'est jamais démenti depuis. Compagnon privilégié des amateurs de décibels, le Stout est omniprésent. Quand certains honorent ce breuvage dans leurs albums, d'autres s'en servent comme patronyme. C'est notamment le cas du Guinness Irish Festival basé en... Suisse (à Sion, chef-lieu du canton du Valais) qui propose chaque année début août 3 jours de musique celtique. Flogging Molly et Korpiklaani étaient notamment au programme de l'édition 2015. Quant aux formations ayant choisi Stout comme patronyme, un groupe de beatdown originaire de Baltimore a déjà eu droit à une chronique sur VS. Pour ma part je vais vous toucher un mot d'un groupe français.
Formé au début de l'été 2001 à Colmar, ce quintet fougueux part à l'assaut de la scène locale. Un an plus tard, les reprises ont cédé la place à un répertoire personnel et les Alsaciens mettent en boite une Demo qui reste leur unique enregistrement à ce jour. Le lot commun de milliers de formations à travers le monde, génération après génération. Ce fait ne vous donne sans doute pas envie de pousser plus loin, pourtant le résultat obtenu mérite qu'on y jette une oreille. Dès les premières mesures de l'introduction, le groupe prouve qu'il maitrise son sujet, avec un niveau technique général appréciable et une production de qualité. Cet instrumental mélancolique m'a renvoyé au meilleur de la scène gothic/dark metal française, comme The Old Dead Tree ou encore Aletheïa.
Cette première impression s'estompe à l'arrivée de Cyanide. Un mid-tempo groovy... une section rythmique mise à contribution... un vocaliste entre narration et hargne... un break énigmatique surplombé de leads judicieux... c'est excellent. Si les Alsaciens revendiquaient des influences principalement suédoises, ce sont bien des références françaises qui me traversent l'esprit. Imaginez un croisement entre Massacra période Humanize Human et Fake, le 2ème album d'Artsonic (période Dirk Verbeuren) et vous y serez presque. A la fin des années 90s on décrivait ce style comme du post-thrash ou du groove metal.
Avec Spirit of Decay, le groupe durcit le ton avec une approche moins mélodique privilégiant les riffs. Cette fois, c'est à des formations comme Kristendom voire Hypnosis que je pense... jusqu'à l'arrivée du break dont l'arpège rappelle fortement celui de Paradoxical Love sur Land of Tears, le premier EP de Lycosia. Alors entendons nous bien, il s'agit de points de comparaison, Stout proposant avec assurance des morceaux consistants et bien charpentés. Fateful Moment conclut la Demo de la meilleure des façons avec un excellent groove. La section rythmique est à l'honneur, en particulier le bassiste qui nous offre un passage slappé. Les guitaristes font preuve d'une belle complémentarité. A noter un solo façon jam-session joué à la wah-wah. Après ça, difficile de ne pas repenser à Massacra. Cet enregistrement aurait mérité plus de reconnaissance que le quart nord-est de la France. D'ailleurs j'évoquais plus haut leurs prestations scéniques. Stout a notamment participé à une soirée Onde de Choc au printemps 2002 (souvenez-vous de ces évènements organisés par Roadrunner) et l'année suivante au festival Vivipare. Dans mes notes de l'époque, leur dernière date connue est à Amiens fin 2003 avec Bored to Death, Wenlock et Obturate. Si un lecteur avisé en sait plus, je l'invite à nous en parler dans l'espace commentaire.
Certains se souviendront peut-être que je proposais déjà la Demo de Stout en 2012 via le Blog VS du téléchargement libre. Leur site officiel n'étant plus hébergé depuis quelques années, je partage cette fois leur Demo via dropbox: voir ICI.
Rédigé par : forlorn | 2002 | Nb de lectures : 3164
Tiens, je savais pas que dans les années 90 ils utilisaient déjà le terme "post" (auquel j'ai mis du temps à m'habituer... si je l'ai jamais fait).
Ivan Grozny Membre enregistré
Posté le: 17/01/2016 à 16h45 - (31863)
Le terme «post» était déjà utilisé dans le rock dans les années 90, mais en effet pour le metal cela me surprend plus. Il faudrait regarder dans un vieux catalogue Holy Records pour vérifier (les spécialistes des étiquettes à rallonge :)).
C'est sympa sinon de mettre les titres sur Dropbox !
forlorn Membre enregistré
Posté le: 17/01/2016 à 21h17 - (31867)
Pourtant ça ne devrait pas vous surprendre. Prenez par exemple un groupe emblématique des années 90s: Grip Inc.
Formé par un ex-Slayer (Lombardo) et un ex-Despair (Sorychta), Grip Inc. a bâti son style en incorporant de multiples influences à des fondations résolument thrash metal. Dès le 1er album Power of Inner Strength (1995), ils nous ont proposé un riffing plus varié, avec un groove marqué, des percussions développées, des mélodies orientalisantes, des atmosphères lorgnant vers l'indus via l'utilisation de claviers/samples, etc...
L'étiquette thrash ne convenait plus, ne suffisait plus. Quant à l'étiquette "power", étant donné l'influence du heavy metal en Europe, elle prêtait plus à confusion qu'autre chose. Donc oui l'étiquette post-thrash s'est développée dans la 2nde moitié des 90s.
Moshimosher Membre enregistré
Posté le: 17/01/2016 à 22h37 - (31868)
En fait, je comprends pourquoi le mot post ne me disait rien à l'époque... Quand je pensais Pantera, l'expression "power metal" me venait à l'esprit et, là, je me disais : mais qu'est-ce que c'est que ce bordel ?! Pantera n'a pourtant rien à voir avec Helloween... Donc, à l'époque, je n'avais pas pris le virage sémantique (j'espère que j'utilise le bon terme) qui aurait dû me conduire au post... (Pour ce qui est de Grip Inc., je connais plus son nom et sa réputation que sa musique...)
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Formé au début de l'été 2001 à Colmar, ce quintet fougueux part à l'assaut de la scène locale. Un an plus tard, les reprises ont cédé la place à un répertoire personnel et les Alsaciens mettent en boite une Demo qui reste leur unique enregistrement à ce jour. Le lot commun de milliers de formations à travers le monde, génération après génération. Ce fait ne vous donne sans doute pas envie de pousser plus loin, pourtant le résultat obtenu mérite qu'on y jette une oreille. Dès les premières mesures de l'introduction, le groupe prouve qu'il maitrise son sujet, avec un niveau technique général appréciable et une production de qualité. Cet instrumental mélancolique m'a renvoyé au meilleur de la scène gothic/dark metal française, comme The Old Dead Tree ou encore Aletheïa.
Cette première impression s'estompe à l'arrivée de Cyanide. Un mid-tempo groovy... une section rythmique mise à contribution... un vocaliste entre narration et hargne... un break énigmatique surplombé de leads judicieux... c'est excellent. Si les Alsaciens revendiquaient des influences principalement suédoises, ce sont bien des références françaises qui me traversent l'esprit. Imaginez un croisement entre Massacra période Humanize Human et Fake, le 2ème album d'Artsonic (période Dirk Verbeuren) et vous y serez presque. A la fin des années 90s on décrivait ce style comme du post-thrash ou du groove metal.
Avec Spirit of Decay, le groupe durcit le ton avec une approche moins mélodique privilégiant les riffs. Cette fois, c'est à des formations comme Kristendom voire Hypnosis que je pense... jusqu'à l'arrivée du break dont l'arpège rappelle fortement celui de Paradoxical Love sur Land of Tears, le premier EP de Lycosia. Alors entendons nous bien, il s'agit de points de comparaison, Stout proposant avec assurance des morceaux consistants et bien charpentés. Fateful Moment conclut la Demo de la meilleure des façons avec un excellent groove. La section rythmique est à l'honneur, en particulier le bassiste qui nous offre un passage slappé. Les guitaristes font preuve d'une belle complémentarité. A noter un solo façon jam-session joué à la wah-wah. Après ça, difficile de ne pas repenser à Massacra. Cet enregistrement aurait mérité plus de reconnaissance que le quart nord-est de la France. D'ailleurs j'évoquais plus haut leurs prestations scéniques. Stout a notamment participé à une soirée Onde de Choc au printemps 2002 (souvenez-vous de ces évènements organisés par Roadrunner) et l'année suivante au festival Vivipare. Dans mes notes de l'époque, leur dernière date connue est à Amiens fin 2003 avec Bored to Death, Wenlock et Obturate. Si un lecteur avisé en sait plus, je l'invite à nous en parler dans l'espace commentaire.
Certains se souviendront peut-être que je proposais déjà la Demo de Stout en 2012 via le Blog VS du téléchargement libre. Leur site officiel n'étant plus hébergé depuis quelques années, je partage cette fois leur Demo via dropbox: voir ICI.
Rédigé par : forlorn | 2002 | Nb de lectures : 3164