CAVUM - Cavus + Stabbed in the Back (Autoprod.) - 11/10/2015 @ 16h29
Souvenirs de Hongrie
Dans une précédente chronique (voir Turulvér), j'évoquais la situation de cette scène et le manque de considération dont elle continue à souffrir malgré la révolution numérique. Confinés aux limbes de l'underground, bien des groupes n'ont pas eu leur chance. Mais quand on est passionné, il n'est jamais trop tard. Archéologues en quête de trésors oubliés... conservateurs s'efforçant de préserver notre patrimoine... découvrir et transmettre restent d'importants moteurs, des valeurs que les amateurs de la rubrique Remember partagent.
Parmi les pionniers de l'extrême hongrois, les fans de black metal connaissent sans doute l'influence que Tormentor exerça à l'aube des années 90s sur les pointures scandinaves (d'Euronymous à Jon Nödtveidt en passant par Samoth) avant de virer à l'expérimental nawak sous la férule d'Attila Csihar. Et ensuite, qui d'autres? Citons par exemple Eczema, formation éphémère (1991-1993) dont le death/grind associé à des influences gothic/darkwave semble avoir marqué les esprits à travers un EP et un album. La mort de leur batteur dans un accident de la route mit fin prématurément à l'aventure. L'histoire ne s'arrête évidemment pas là, le guitariste Szilárd Ványi et le bassiste Tamás Horváth réapparaissant 4 ans plus tard avec un nouveau groupe: Cavum. La raison d'un tel silence? Leur difficulté à trouver les musiciens possédant le bagage technique et l'expérience nécessaire pour mettre en valeur leurs délires.
1/ Cavus (Demo 2000)
Les élus se nomment Olivér Ziskó et András Nagy. Transfuge d'Alfred's Violin (death prog), le premier cité apporte la finesse jazzy de son jeu de batterie et l'onirisme cosmique de ses parties de claviers. Quant au second, il s'agit du fameux leader de Sear Bliss (voir Phantoms), ici en charge des vocaux. Du beau linge qui ne tarde pas à se signaler avec une Demo 2 titres nommée Cavus. Dès les premières mesures, on réalise l'ambition des Hongrois.
A l'instar du Néerlandais Tymon Kruidenier (Exivious étant en phase de gestation), les anciens Eczema se posent en disciples de Cynic, cherchant à donner suite au mythique Focus. Verdict? 10 minutes d'excellente facture où la technique sert les intérêts de compositions ultra-mélodiques aux structures étonnamment fluides. Avec cette première Demo, Cavum présente une version plus atmosphérique du techno-death, les guitares de Szilárd Ványi concédant un espace significatif aux claviers. Les arrangements d'Olivér Ziskó apportent un plus indéniable, avec par exemples les quelques notes de piano sur Irregular Personality et le son d'orgue façon Jon Lord pour conclure Orbital Eccentricity. Aux qualités d'écriture et d'interprétation, on rajoutera la production, le dosage des ingrédients étant assez subtil. En effet la section rythmique n'a pas à souffrir de l'aspect parfois luxuriant de l'ensemble. Très présent lors des phases transitoires (intro/outro/breaks), le bassiste Tamás Horváth n'a rien à envier à ses compères. Oeuvrant dans son registre black metal habituel, András Nagy complète le tableau avec de discrets passages vocodés/filtrés. La formation hongroise dévoile un visage particulièrement séduisant.
Découvrez ces 2 morceaux via le lien ci-dessous.
Irregular Personality + Orbital Eccentricity en écoute ICI (format m3u)
Horváth Tamás / Stekovics Zsolt / Holnthoner Sándor / Ványi Szilárd
2/ Stabbed in the Back (Demo 2004)
Alors que leur notoriété grimpe en flèche, une décision lourde de conséquences change la donne. Si le line-up fonctionne bien, l'éloignement géographique de ses membres réduit Cavum au rang de projet studio. Une situation qui ne convient pas aux anciens Eczema, ces derniers souhaitant répéter et surtout jouer live. C'est pourquoi le duo fondateur se sépare d'András Nagy et Olivér Ziskó. Le premier en profite pour débaucher le second dans Sear Bliss en tant que claviériste (2000-2004). Mais revenons à Cavum. Les Hongrois recrutent 2 inconnus: le vocaliste Sándor Holntonner et le batteur Zsolt Stekovics. Une période de rodage plus tard, Cavum mark II balance une nouvelle Demo en 2004: Stabbed in the Back. Menaçant et très concret, son intitulé annonce un changement d'orientation. Après une intro industrielle, le morceau Crumb Of Comfort démarre pied au plancher. Le message est clair: exit les atmosphères et autres mélodies cosmiques, retour à la puissance dévastatrice du death metal. Si l'abandon des claviers profite surtout au bassiste Tamás Horváth, le guitariste Szilárd Ványi s'attache à développer de bons gros riffs bien épais. Les parties de batterie s'adaptent en conséquence, Zsolt Stekovics privilégiant l'agressivité et la hargne. Techniquement pas de problème, ça reste de haut vol. Sándor Holntonner est quant à lui un vrai growleur. Plus versatile, il n'hésite pas à multiplier les pistes, histoire de rajouter de la testostérone à un enregistrement plutôt couillu. Métamorphose réussie pour les Hongrois. Mais si Stabbed in the Back a les armes pour convaincre les fans de death metal, encore faut-il réussir à attirer leur attention. Mission impossible lorsqu'on est originaire d'Europe de l'est, surtout avant l'avènement des réseaux sociaux et autres plateformes d'écoute. Aussi faute de label intéressé, les membres de Cavum lâcheront l'affaire. Cependant il faut noter que plus de 10 ans après, leur site officiel est toujours en ligne et leur discographie téléchargeable. Profitez-en pendant qu'il est encore temps!
1. Crumb Of Comfort -> voir ICI
2. I Am Atone -> voir ICI
3. Saw Fear Come To Life -> voir ICI
4. Imbruded In Blood -> voir ICI
visuel -> LA
Rédigé par : forlorn | 2004 | Nb de lectures : 2265
Sympa, sympa... un mix des deux "périodes" aurait été intéressant... En tout cas, ça fait plaisir de lire une 'tite chronique comme ça entre deux épisodes de Walking Dead... :)
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Dans une précédente chronique (voir Turulvér), j'évoquais la situation de cette scène et le manque de considération dont elle continue à souffrir malgré la révolution numérique. Confinés aux limbes de l'underground, bien des groupes n'ont pas eu leur chance. Mais quand on est passionné, il n'est jamais trop tard. Archéologues en quête de trésors oubliés... conservateurs s'efforçant de préserver notre patrimoine... découvrir et transmettre restent d'importants moteurs, des valeurs que les amateurs de la rubrique Remember partagent.
Parmi les pionniers de l'extrême hongrois, les fans de black metal connaissent sans doute l'influence que Tormentor exerça à l'aube des années 90s sur les pointures scandinaves (d'Euronymous à Jon Nödtveidt en passant par Samoth) avant de virer à l'expérimental nawak sous la férule d'Attila Csihar. Et ensuite, qui d'autres? Citons par exemple Eczema, formation éphémère (1991-1993) dont le death/grind associé à des influences gothic/darkwave semble avoir marqué les esprits à travers un EP et un album. La mort de leur batteur dans un accident de la route mit fin prématurément à l'aventure. L'histoire ne s'arrête évidemment pas là, le guitariste Szilárd Ványi et le bassiste Tamás Horváth réapparaissant 4 ans plus tard avec un nouveau groupe: Cavum. La raison d'un tel silence? Leur difficulté à trouver les musiciens possédant le bagage technique et l'expérience nécessaire pour mettre en valeur leurs délires.
1/ Cavus (Demo 2000)
Les élus se nomment Olivér Ziskó et András Nagy. Transfuge d'Alfred's Violin (death prog), le premier cité apporte la finesse jazzy de son jeu de batterie et l'onirisme cosmique de ses parties de claviers. Quant au second, il s'agit du fameux leader de Sear Bliss (voir Phantoms), ici en charge des vocaux. Du beau linge qui ne tarde pas à se signaler avec une Demo 2 titres nommée Cavus. Dès les premières mesures, on réalise l'ambition des Hongrois.
A l'instar du Néerlandais Tymon Kruidenier (Exivious étant en phase de gestation), les anciens Eczema se posent en disciples de Cynic, cherchant à donner suite au mythique Focus. Verdict? 10 minutes d'excellente facture où la technique sert les intérêts de compositions ultra-mélodiques aux structures étonnamment fluides. Avec cette première Demo, Cavum présente une version plus atmosphérique du techno-death, les guitares de Szilárd Ványi concédant un espace significatif aux claviers. Les arrangements d'Olivér Ziskó apportent un plus indéniable, avec par exemples les quelques notes de piano sur Irregular Personality et le son d'orgue façon Jon Lord pour conclure Orbital Eccentricity. Aux qualités d'écriture et d'interprétation, on rajoutera la production, le dosage des ingrédients étant assez subtil. En effet la section rythmique n'a pas à souffrir de l'aspect parfois luxuriant de l'ensemble. Très présent lors des phases transitoires (intro/outro/breaks), le bassiste Tamás Horváth n'a rien à envier à ses compères. Oeuvrant dans son registre black metal habituel, András Nagy complète le tableau avec de discrets passages vocodés/filtrés. La formation hongroise dévoile un visage particulièrement séduisant.
Découvrez ces 2 morceaux via le lien ci-dessous.
Irregular Personality + Orbital Eccentricity en écoute ICI (format m3u)
Horváth Tamás / Stekovics Zsolt / Holnthoner Sándor / Ványi Szilárd
2/ Stabbed in the Back (Demo 2004)
Alors que leur notoriété grimpe en flèche, une décision lourde de conséquences change la donne. Si le line-up fonctionne bien, l'éloignement géographique de ses membres réduit Cavum au rang de projet studio. Une situation qui ne convient pas aux anciens Eczema, ces derniers souhaitant répéter et surtout jouer live. C'est pourquoi le duo fondateur se sépare d'András Nagy et Olivér Ziskó. Le premier en profite pour débaucher le second dans Sear Bliss en tant que claviériste (2000-2004). Mais revenons à Cavum. Les Hongrois recrutent 2 inconnus: le vocaliste Sándor Holntonner et le batteur Zsolt Stekovics. Une période de rodage plus tard, Cavum mark II balance une nouvelle Demo en 2004: Stabbed in the Back. Menaçant et très concret, son intitulé annonce un changement d'orientation. Après une intro industrielle, le morceau Crumb Of Comfort démarre pied au plancher. Le message est clair: exit les atmosphères et autres mélodies cosmiques, retour à la puissance dévastatrice du death metal. Si l'abandon des claviers profite surtout au bassiste Tamás Horváth, le guitariste Szilárd Ványi s'attache à développer de bons gros riffs bien épais. Les parties de batterie s'adaptent en conséquence, Zsolt Stekovics privilégiant l'agressivité et la hargne. Techniquement pas de problème, ça reste de haut vol. Sándor Holntonner est quant à lui un vrai growleur. Plus versatile, il n'hésite pas à multiplier les pistes, histoire de rajouter de la testostérone à un enregistrement plutôt couillu. Métamorphose réussie pour les Hongrois. Mais si Stabbed in the Back a les armes pour convaincre les fans de death metal, encore faut-il réussir à attirer leur attention. Mission impossible lorsqu'on est originaire d'Europe de l'est, surtout avant l'avènement des réseaux sociaux et autres plateformes d'écoute. Aussi faute de label intéressé, les membres de Cavum lâcheront l'affaire. Cependant il faut noter que plus de 10 ans après, leur site officiel est toujours en ligne et leur discographie téléchargeable. Profitez-en pendant qu'il est encore temps!
1. Crumb Of Comfort -> voir ICI
2. I Am Atone -> voir ICI
3. Saw Fear Come To Life -> voir ICI
4. Imbruded In Blood -> voir ICI
visuel -> LA
Rédigé par : forlorn | 2004 | Nb de lectures : 2265