SEAR BLISS - Phantoms (II Moons) - 23/06/2012 @ 21h45
Sear Bliss est une formation marquante à plus d'un titre. En 1996 ma connaissance de la scène hongroise se résumait à la performance d'Attila Csihar sur le De Mysteriis Dom Sathanas de Mayhem et à la réputation de son groupe Tormentor (remis au goût du jour par Dissection). Donc oui l'Europe de l'Est n'existaient pas vraiment metalliquement parlant et Sear Bliss était le 1er groupe du coin sur lequel je posais une oreille. Ensuite, et c'est bien là le principal, la musique m'a interpellé. Par le biais du titre Aeons of Desolation (présent sur la compilation Extreme Rock n' Roll Series vol.1), je découvrais un black metal original à l'atmosphère bien particulière, doté de mélodies uniques, d'un long solo de guitare (chose inhabituelle dans le BM), de claviers très présents et même de discrètes interventions de trompette (!). Autant de raisons qui m'ont convaincu de commander leur 1er album: Phantoms.

Sear Bliss est fondé à Szombathely en 1993 par le bassiste András Nagy, alors âgé de 15 ans. Sa force de conviction et ses idées lui permettent de rallier des musiciens plus âgés principalement issus des groupes de death Extreme Deformity et Animosity. Le line-up se stabilise en 1995 leur permettant d'enregistrer une Demo: The Pagan Winter. Après ce 1er essai concluant, le groupe va quelque peu modifier sa configuration et donner ses 1ers concerts, avec pour résultat la signature en novembre 1995 chez Two Moons (Deviser, Ever Dark, Skyforger, Witchbane) une petite structure rattachée à Mascot records. Au sujet de leur nouvelle config', elle est suffisamment importante pour être évoquée. En effet Zoltán Csejtey devient le batteur du groupe et cède le chant à András Nagy, tandis que le trompettiste Gergely Szucs partage désormais les claviers avec Winter.

J'évoquais plus haut la forte impression que m'avait fait le titre Aeons of Desolation. Cette impression a été confortée par le visuel signé Kris Verwimp, à cette époque surtout connu pour son travail avec Absu. Suivant la thématique de Phantoms le belge a confronté l'âme humaine (l'aigle, par ailleurs symbole national hongrois) à la nature personnifiée (l'esprit féminin). Ces symboles seront récurrents dans les visuels de Sear Bliss.
Quant à Kris Verwimp, il va devenir l'un des graphistes les plus employés de la scène européenne, particulièrement en black/pagan. On a tous croisé ses illustrations, parfois sans le savoir. Je vous encourage à visiter son site officiel où il explique en détails ses oeuvres. Mais retour à Sear Bliss, un groupe 'venu d'ailleurs' doté d'une identité musicale ET visuelle forte.

La production contribue à forger le caractère de cet album mais n'est pas exempte de défauts (cymbales mixées trop en avant sur les passages blastés). Elle réussit à être à la fois assez crue quand l'agressivité du black se fait entendre et plus claire quand les éléments mélodiques passent au 1er plan. Aucun instrument n'est oublié et chacun finit par être mis en valeur au gré de compositions inspirées et riches en breaks. En résumé la production est perfectible mais ça reste une bonne performance pour du fait maison en 1996. Phantoms se compose d’une courte intro et de 7 longs morceaux possédant leurs propres atouts et se distinguant des autres, à l'exception des 2 derniers, plus fades et bien moins inspirés à mon sens. C'est LE bémol de cet album, une fin en demi-teinte.

Sur Phantoms les guitaristes János Barbarics et Csaba Csejtey abattent un gros boulot: alternance de riffs black et d'autres plus épais assez dark voir carrément doom, lignes mélodiques franches et inspirées, quelques arpèges en son clair (Far Above the Trees), mais le meilleur reste leurs parties de guitares acoustiques (l'instrumental Winter Voices, le break de 1100 Years Ago, As the Bliss is Burning) et les quelques soli parsemant l'album, notamment le génial et très progressif solo d'Aeons of Desolation. La basse d'András Nagy est surtout audible sur Land of the Phantoms ou les breaks de 1100 Years Ago. Elle prendra de l'importance dans le futur, mais sur Phantoms elle reste à l'arrière plan. Côté batterie Zoltán Csejtey propose un jeu assez versatile bien adapté aux compositions et mis en avant par la production.

Le claviériste Winter (créateur du logo de Sear Bliss) dispose d'une palette sonore intéressante qu'il utilise de surcroît aux bons moments, même si le mixage ne lui rend pas toujours honneur. Far Above the Trees et Aeons of Desolation sont les titres ou sa patte est la plus présente. Sur le premier ses nappes crépusculaires, spatiales même, font merveille, tandis que sur le 2nd son duo avec Gergely Szucs a un rendu épique qui n'a rien à envier à une BO de film. Et justement concernant ce dernier ses interventions à la trompette sont encore assez discrètes. 1100 Years Ago et Land of the Phantoms sont les morceaux sur lesquels il se fait le plus remarquer. Un dernier mot sur les vocaux. András Nagy oeuvre dans un registre black typique, secondé par les interventions plus originales et torturées de Zoltán Csejtey (intro d'Aeons of Desolation).

Avec ce 1er album Sear Bliss nous propose un excellent black metal mélancolique et épique mâtiné d'influences dark doom. En dépit d'une fin d'opus en demi-teinte et d'une production perfectible, Phantoms sera un énorme succès aux Pays-Bas, bénéficiant notamment d'une sélection comme album du mois dans le magazine Aardschok. La conséquence sera le réenregistrement l'année suivante de leur Demo The Pagan Winter augmentée d'un inédit de 12mn. Ce sera le dernier enregistrement de ce line-up avant le départ de Winter (préférant se lancer en solo avec Forest Silence) et des frères Csejtey. Malgré ses défauts de jeunesse, Phantoms fait parti de mes albums préférés de BM. Je n'ai pas suivi l'évolution de Sear Bliss passé 1999, mais ce groupe racé est aujourd'hui le plus expérimenté de la scène Hongroise. De par sa créativité la bande emmenée par András Nagy mérite qu'on s'intéresse à elle.


Rédigé par : forlorn | 1996 | Nb de lectures : 2238


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Commentaire
hammerbattalion
Membre enregistré
Posté le: 23/06/2012 à 23h52 - (27655)
Bien joué pour Kris Verwimp, ce nom ne me disait rien du tout pourtant sa production est pléthorique. Je suis en train d'écouter l'album sur le désert,pas mal du tout avec ses petites touches doom bien senties, par contre pas fan des vocaux.

mydrin
Membre enregistré
Posté le: 04/07/2012 à 12h10 - (27718)
J'avais beaucoup aimé cet album à l'époque (acheté un peu par hasard sur une catalogue de vpc) la suite est intéressante aussi, seul le dernier album en date est décevant pour moi



Bras cassé
Membre enregistré
Posté le: 27/04/2014 à 00h59 - (30885)
Super groupe et bonne kro Forlorn.
Ce sont les cuivres qui lui donne tout son charme. Je ne connais pas celui ci, c'est Glory and Perdition que j'aime beaucoup.

Strat
Membre enregistré
Posté le: 27/04/2014 à 09h36 - (30888)
Superbe chronique réalisée par Forlorn.
Je ne connaissais pas le groupe, et je l'écoute en fond sonore actuellement, mais c'est vrai que le black disons "sympho", avec une teinte de doom, fonctionne assez bien, encore plus au beau milieu d'un dimanche pluvieux.

Encore une fois Forlorn à su utiliser les bons mots afin de mettre en avant une formation méconnue mais qui pourtant semble être dotée d'un potentiel certain !



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