STIGMATIZED - Threshold Of Dead + Endless (Autoprod.) - 28/03/2015 @ 22h39
Retour en Amérique du Sud. Après une incursion en Argentine (voir ICI), franchissons la fameuse Cordillère des Andes pour saluer leurs voisins.
Pays développé à la culture européenne affirmée, le Chili possède une scène assez riche (1 550 groupes référencés sur metal-archives, soit presque autant que la Grèce) qui a cependant longtemps souffert de son isolement géographique.
Certes personne n'ignore les origines de Tom Araya (Slayer), mais avant l'arrivée d'internet, seuls les explorateurs les plus aguerris, habitués des circuits underground (fanzines, trading, VPC) s'étaient lancés à la découverte de cette scène. Pour l'anecdote, l'un de leurs précurseurs s'est rajouté un handicap en se baptisant Pentagram en 1985. De quoi les confondre avec leurs homonymes US (pionniers du doom fondé en 1971) ou turc (actif depuis 1987 et renommé Mezarkabul en 2001 pour le reste du monde). Têtus, les death metalleux n'ont accepté de changer de patronyme qu'en 2012, optant pour Pentagram Chile.
Fin de la parenthèse.
Depuis l'abolissement des frontières par le net, la situation s'est grandement améliorée pour les groupes chiliens. En 20 ans les curieux ont eu l'occasion de découvrir la diversité de la scène locale, du thrash slayerien de Nuclear (prochain album à paraitre chez Candlelight) au djent de Naioth en passant par le gothic metal à chanteuse de Denun. Mais si les genres plus extrêmes (black/death/grind) se taillent la part du lion, c'est l'étiquette doom qui a su tirer son épingle du jeu et concentrer l'attention des plus avisés (Poema Arcanvs, Mar de Grises, et plus récemment Procession, AstorVoltaires). Si j'oublie quelque chose? Bien sûr. Au début des années 2000, Christophe Nedelec fonde l'éphémère et regretté Sekhmet Records. En l'espace de 4 ans, outre son groupe Korum, le Français met en lumière les Italiens de Gory Blister, les Québécois de Martyr (avant que Daniel Mongrain n'intègre Voivod) et surtout les Chiliens de Coprofago. Une superbe formation dont les 2 derniers albums Genesis (autoproduit en 2000 et réédité en 2002) et Unorthodox Creative Criteria (sorti en 2005 et remixé en 2006) sont absolument incontournable pour tout amateur de techno-death qui se respecte. Notez au passage que certaines rumeurs font état d'une reformation de Coprofago. En attendant de pouvoir confirmer ou infirmer ces bruits de couloir, que diriez vous de tester l'un de leurs challengers?
L'année 1998. Santiago, capitale du Chili. Le guitariste/hurleur Fabian Rivera fonde Stigmatized en compagnie du batteur Carlos Vargas, du guitariste David Durán et du bassiste Jaime De La Cruz. Leur registre nécessitant expérience et cohésion, le quartet prend le temps de faire ses classes. En 2000, Fabian Rivera freine ce processus en rejoignant Trimegisto, une formation lui permettant d'exprimer une facette plus brutale et directe de son jeu... Avant d'aller plus loin, un mot sur la biographie de Stigmatized. Inexistante à l'époque, non seulement elle ne s'est pas étoffée depuis, mais les rares éléments disponibles ont même perdu en fiabilité. Beaucoup me répondront qu'une page bandcamp et 3 lignes de promo suffisent amplement, mais je ne partage pas ce point de vue. Enfin bref... La première trace discographique de Stigmatized remonte à 2001 avec la Demo Endless. Au programme 4 titres pour 17 minutes de death technique bourru à l'autoproduction rustique et au visuel cosmique. L'influence du triumvirat floridien (Death, Atheist, Cynic) est incontestable, leurs velléités techniques ménageant des breaks mélodiques détenant la clé de leur évolution. Conclusion? Techniquement affutés, les Chiliens sont encore un peu verts sur le plan créatif, leur style nécessitant une écriture plus fluide et surtout une production digne de ce nom (notamment le mixage). Le potentiel est là, à charge pour eux de mûrir et le dévoiler.
2/ Threshold Of Dead (EP 2004)
Par la suite, Stigmatized change de bassiste et développe son activité scénique. Le nouveau venu n'est autre que Rodrigo Durán, le frère du guitariste David. Au printemps 2004 les Chiliens remettent le couvert avec Threshold Of Dead, un EP 6 titres. Alors effectivement, ce visuel n'incite pas à découvrir la musique. Mais aussi étonnant que ça puisse paraitre, ce ratage est l'oeuvre du fameux Luis Royo dont les travaux ont été repris par des groupes aussi divers qu'At Vance, Bloodthorn, Graveworm ou Skylark. Dommage. Quant à la production, le groupe a fait appel à Claudio Salinas, guitariste de Trimegisto et producteur très prisé de la scène locale (voir ICI). Threshold Of Dead comprend 4 nouveaux titres et 2 relectures d'Endless. L'heure est venue pour Stigmatized d'abattre ses cartes et de montrer sa valeur. Et mission réussie car cet EP est des plus convaincants! La première satisfaction vient de la production qui apporte la densité et le liant qui faisaient défaut sur la Demo. Les parties de batterie sont désormais agréables à entendre et le mixage des vocaux de Fabian Rivera a été revu à la hausse. Les Chiliens ont appris de leurs erreurs et corrigé ce qui avait lieu de l'être, les relectures de Geniuses Of The Multitudes et Sacred Pillars en témoignent. Professionnalisme nous voila. Techniquement, le groupe a progressé et la qualité d'écriture est au rendez-vous. Les duettistes enchainent les numéros de haute voltige, la basse est plus que jamais aux avant-postes alors que Carlos Vargas fait valoir la finesse de ses parties de batterie. Très homogène, Threshold Of Dead offre 32 minutes d'un techno-death d'excellente facture (à défaut d'être novateur) oscillant entre frénésie rythmique et de lumineux breaks mélodiques. Sur mon podium personnel, Spectra et ses parties acoustiques, le très progressif Realm Of The Dead au sublime final onirique ainsi que l'instrumental de clôture, malicieusement nommé Endless. Je vous encourage à être curieux et tester le player bandcamp ci-dessous.
En conclusion, Coprofago reste intouchable. Cependant en dépit d'influences schuldineriennes encore trop marquées, les gars de Stigmatized n'ont pas à rougir de leur performance. Les amateurs de techno-death sauront je l'espère faire bon accueil à ce groupe un peu trop discret.
Quant à leur actualité... Depuis Threshold Of Dead, les frères Durán ont quitté le groupe. Leurs remplaçants se nomment Sebastián Ibáñez (guitares) et Miguel Pinto (basse). Stigmatized n'ayant plus rien enregistré d'officiel depuis 10 ans, le groupe semble inactif et pourtant il n'en est rien. Les Chiliens continuent d'écrire de nouveaux titres qu'ils dévoilent régulièrement sur scène, le dernier datant de la rentrée 2014 (voir ICI). Une situation imméritée pour un groupe qui pourrait prétendre à une signature.
Rédigé par : forlorn | 2004 | Nb de lectures : 2430
Sûr que le son fait la différence... Pas mal du tout cet EP...
nocturnus1977 Membre enregistré
Posté le: 31/03/2015 à 13h06 - (31630)
très intéressant, je note, je note...
merci forlorn
GabinEastwood Membre enregistré
Posté le: 31/03/2015 à 13h51 - (31631)
Merci pour le message Forlorn, effectivement bien sympa tout ça, je ne connaissais pas et vais me plonger dedans avec attention ;)
nocturnus1977 Membre enregistré
Posté le: 31/03/2015 à 19h24 - (31632)
la vidéo sur youtube Stigmatized - "Demente" est excellente
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Pays développé à la culture européenne affirmée, le Chili possède une scène assez riche (1 550 groupes référencés sur metal-archives, soit presque autant que la Grèce) qui a cependant longtemps souffert de son isolement géographique.
Certes personne n'ignore les origines de Tom Araya (Slayer), mais avant l'arrivée d'internet, seuls les explorateurs les plus aguerris, habitués des circuits underground (fanzines, trading, VPC) s'étaient lancés à la découverte de cette scène. Pour l'anecdote, l'un de leurs précurseurs s'est rajouté un handicap en se baptisant Pentagram en 1985. De quoi les confondre avec leurs homonymes US (pionniers du doom fondé en 1971) ou turc (actif depuis 1987 et renommé Mezarkabul en 2001 pour le reste du monde). Têtus, les death metalleux n'ont accepté de changer de patronyme qu'en 2012, optant pour Pentagram Chile.
Fin de la parenthèse.
Depuis l'abolissement des frontières par le net, la situation s'est grandement améliorée pour les groupes chiliens. En 20 ans les curieux ont eu l'occasion de découvrir la diversité de la scène locale, du thrash slayerien de Nuclear (prochain album à paraitre chez Candlelight) au djent de Naioth en passant par le gothic metal à chanteuse de Denun. Mais si les genres plus extrêmes (black/death/grind) se taillent la part du lion, c'est l'étiquette doom qui a su tirer son épingle du jeu et concentrer l'attention des plus avisés (Poema Arcanvs, Mar de Grises, et plus récemment Procession, AstorVoltaires). Si j'oublie quelque chose? Bien sûr. Au début des années 2000, Christophe Nedelec fonde l'éphémère et regretté Sekhmet Records. En l'espace de 4 ans, outre son groupe Korum, le Français met en lumière les Italiens de Gory Blister, les Québécois de Martyr (avant que Daniel Mongrain n'intègre Voivod) et surtout les Chiliens de Coprofago. Une superbe formation dont les 2 derniers albums Genesis (autoproduit en 2000 et réédité en 2002) et Unorthodox Creative Criteria (sorti en 2005 et remixé en 2006) sont absolument incontournable pour tout amateur de techno-death qui se respecte. Notez au passage que certaines rumeurs font état d'une reformation de Coprofago. En attendant de pouvoir confirmer ou infirmer ces bruits de couloir, que diriez vous de tester l'un de leurs challengers?
1/ Endless (Demo 2001): http://stigmatized.bandcamp.com/album/endless-demo
L'année 1998. Santiago, capitale du Chili. Le guitariste/hurleur Fabian Rivera fonde Stigmatized en compagnie du batteur Carlos Vargas, du guitariste David Durán et du bassiste Jaime De La Cruz. Leur registre nécessitant expérience et cohésion, le quartet prend le temps de faire ses classes. En 2000, Fabian Rivera freine ce processus en rejoignant Trimegisto, une formation lui permettant d'exprimer une facette plus brutale et directe de son jeu... Avant d'aller plus loin, un mot sur la biographie de Stigmatized. Inexistante à l'époque, non seulement elle ne s'est pas étoffée depuis, mais les rares éléments disponibles ont même perdu en fiabilité. Beaucoup me répondront qu'une page bandcamp et 3 lignes de promo suffisent amplement, mais je ne partage pas ce point de vue. Enfin bref... La première trace discographique de Stigmatized remonte à 2001 avec la Demo Endless. Au programme 4 titres pour 17 minutes de death technique bourru à l'autoproduction rustique et au visuel cosmique. L'influence du triumvirat floridien (Death, Atheist, Cynic) est incontestable, leurs velléités techniques ménageant des breaks mélodiques détenant la clé de leur évolution. Conclusion? Techniquement affutés, les Chiliens sont encore un peu verts sur le plan créatif, leur style nécessitant une écriture plus fluide et surtout une production digne de ce nom (notamment le mixage). Le potentiel est là, à charge pour eux de mûrir et le dévoiler.
2/ Threshold Of Dead (EP 2004)
Par la suite, Stigmatized change de bassiste et développe son activité scénique. Le nouveau venu n'est autre que Rodrigo Durán, le frère du guitariste David. Au printemps 2004 les Chiliens remettent le couvert avec Threshold Of Dead, un EP 6 titres. Alors effectivement, ce visuel n'incite pas à découvrir la musique. Mais aussi étonnant que ça puisse paraitre, ce ratage est l'oeuvre du fameux Luis Royo dont les travaux ont été repris par des groupes aussi divers qu'At Vance, Bloodthorn, Graveworm ou Skylark. Dommage. Quant à la production, le groupe a fait appel à Claudio Salinas, guitariste de Trimegisto et producteur très prisé de la scène locale (voir ICI). Threshold Of Dead comprend 4 nouveaux titres et 2 relectures d'Endless. L'heure est venue pour Stigmatized d'abattre ses cartes et de montrer sa valeur. Et mission réussie car cet EP est des plus convaincants! La première satisfaction vient de la production qui apporte la densité et le liant qui faisaient défaut sur la Demo. Les parties de batterie sont désormais agréables à entendre et le mixage des vocaux de Fabian Rivera a été revu à la hausse. Les Chiliens ont appris de leurs erreurs et corrigé ce qui avait lieu de l'être, les relectures de Geniuses Of The Multitudes et Sacred Pillars en témoignent. Professionnalisme nous voila. Techniquement, le groupe a progressé et la qualité d'écriture est au rendez-vous. Les duettistes enchainent les numéros de haute voltige, la basse est plus que jamais aux avant-postes alors que Carlos Vargas fait valoir la finesse de ses parties de batterie. Très homogène, Threshold Of Dead offre 32 minutes d'un techno-death d'excellente facture (à défaut d'être novateur) oscillant entre frénésie rythmique et de lumineux breaks mélodiques. Sur mon podium personnel, Spectra et ses parties acoustiques, le très progressif Realm Of The Dead au sublime final onirique ainsi que l'instrumental de clôture, malicieusement nommé Endless. Je vous encourage à être curieux et tester le player bandcamp ci-dessous.
En conclusion, Coprofago reste intouchable. Cependant en dépit d'influences schuldineriennes encore trop marquées, les gars de Stigmatized n'ont pas à rougir de leur performance. Les amateurs de techno-death sauront je l'espère faire bon accueil à ce groupe un peu trop discret.
Quant à leur actualité... Depuis Threshold Of Dead, les frères Durán ont quitté le groupe. Leurs remplaçants se nomment Sebastián Ibáñez (guitares) et Miguel Pinto (basse). Stigmatized n'ayant plus rien enregistré d'officiel depuis 10 ans, le groupe semble inactif et pourtant il n'en est rien. Les Chiliens continuent d'écrire de nouveaux titres qu'ils dévoilent régulièrement sur scène, le dernier datant de la rentrée 2014 (voir ICI). Une situation imméritée pour un groupe qui pourrait prétendre à une signature.
Rédigé par : forlorn | 2004 | Nb de lectures : 2430