Avant d’entrer dans le vif du sujet, nous passerons bien vite sur la précédente version de ce cd sorti courant juin et de son mixage ou plutôt, devrais-je dire, de son sabotage. Toujours est-il qu’une fois à Paris, Pablo Alvarez s’est remis au travail pour reprendre le mixage à son point de départ. Secondé de main de maître par Nebojsa Kesic (oui, oui, le Nebo de SLAVERY) voilà donc le véritable retour des enfants terribles de la Cordière des Andes avec un disque pas franchement catholique (facile, je sais, mais on fait ce qu’on peut hein ?).

Si « Unorthodox… » devait sortir en version digi-pack, c’est finalement sous la forme d’un banal cd que Sekhmet a finalement choisi de sortir ce « french mix ». Rassurez-vous les titres bonus promis sont bien présents, soit, au total, une cinquantaine de minutes d’un death technique hallucinant, ou plutôt « jazz métal » comme se plait à le stipuler le groupe.

La première version de « Genesis » remontant déjà à cinq ans, tout le monde était en droit de se demander ce qu’était devenu COPROFAGO depuis tout ce temps. Hé bien, c’est en toute logique que le groupe a poursuivi son évolution dans l’univers, tombé en désuétude, du death métal technique progressif. L’influence manifeste de PANTERA, jadis présente dans les vocaux et les riffs thrashy, s’en est allée. La basse fretless est, hélas, moins flagrante qu’auparavant. Enfin, les légères imperfections qui plombaient les enchaînements de thèmes se sont dissoutes dans l’apprentissage d’une musique que le groupe n’avait peut-être pas encore totalement réussi à dompter.

Evidemment, les structures mathématiques, les rythmiques progressivement décalées et le chant à la MESHUGGAH sont toujours à l’ordre du jour. D’ailleurs, tout le monde le crie tellement haut et fort qu’il serait difficile de le nier. Mais COPROFAGO a merveilleusement fait mûrir le poids encombrant de ces influences pour gagner en fluidité. Contrairement à « Genesis », le sentiment de juxtaposition de plans individuels ne fait plus partie de l’équation des Chiliens. C’est avec une délicatesse infinie que les envolées purement jazz à la Pat Metheny et les volutes de guitares synthés à la CYNIC se mêlent à ces coups de boutoirs rythmiques, dans un coït sophistiqué.

COPROFAGO poursuit également sa destiné expérimentale en incorporant un soupçon de grind édulcoré, des attouchements saxophoniques dissonants de musique contemporaine et des caresses sensuelles de nobles instruments à cordes. Si « Unorthodox… » va plus loin que « Genesis », il est également plus délicat à aborder dans le détail. Sous de faux-airs easy-listening, certains morceaux sont de véritables tours de force techniques ou/et mathématiques. Le second mixage en France a porté ses fruits et c’est donc la tête haute que COPROFAGO peut brandir la flamme du death à vocation progressive, cependant on ne peut réprimer un frisson de frustration en imaginant ce qu’un tel disque aurait pu donner dans les pognes de certains producteurs suédois.

Pour l’heure, COPROFAGO se contente de tutoyer la perfection de ses maîtres. L’élève est doué et pourrait créer la surprise.


Rédigé par : Tonton | 16,5/20 | Nb de lectures : 14592