Robin (Guitare) & Loïc (Chant) - THE OCEAN par ..::JU::.. - 5952 lectures
THE OCEAN, groupe à l'histoire et à l'évolution musicale riches et passionnantes, vient de sortir "Collective Oblivion", un triple DVD de grande qualité.
12 années de carrière, 6 albums, et ce superbe témoignage visuel et sonore : THE OCEAN est un groupe passionnant, qui en plus prend vraiment le temps de répondre aux interviews...
Salut à vous, Comment va?
Loic : Hello, ici tout bon, merci
Merci infiniment, par avance, de prendre le temps de répondre à cette interview. Sur les 5 membres du groupe, je crois qu'à part Robin, vous vivez tous en Suisse... J'ai une question un peu bête, mais vous faites comment pour répéter ensemble.. ? Ce n'est pas trop compliqué à gérer ?
Loic: ben pour te dire franchement, on ne répète pratiquement jamais. C'était un peu difficile à gérer au début, surtout pour moi qui avait l'habitude de répéter 3 fois par semaine avec mes anciens groupes. Mais avec le rythmes intense qu'on eu ses dernières années, il n'est pas vraiment utile de répéter comme des acharnés.
Robin: On répète en général avant d'entrer en studio, ou avant de partir en tournée. Mais étant donné qu'il y a plus de 1000 km entre nous, ces répétitions doivent être en quelque sorte condensées.
Habituellement, les Suisses du groupe viennent en avion à Berlin, une semaine avant le début d'une tournée, et nous répétons alors 6 ou 7 heures par jours, tous les jours précédant notre départ. A ce niveau, il s'agit plus de travailler sur les set lists ou certains détails, car tout le monde est en général bien préparé à force de se retrouver et de jouer ensemble ; tout le monde connait bien les chansons avant même de commencer à répéter.
Qui dit THE OCEAN dit ''collectif' jusqu'à "Precambrian", et donc changement réguliers de line-up. Est-ce qu'à votre avis, ces renouvellements permanents poussent (ou aident) d'une certaine façon THE OCEAN se renouveler artistiquement et musicalement ? Ou bien est-ce plutôt la stabilité de groupe qui favorise la créativité ?
Robin: Le fait de changer régulièrement de membres permet, sans aucun doute, de ne pas se retrouver bloquer dans une formule musicale. D'un autre côté, une certaine stabilité permet de pouvoir compter sur les autres, car on finit forcément par mieux connaitre les gens, aussi bien en tant que musicien qu'en tant que personne.
Donc, je pense que ces changements ont a la fois des avantages et des inconvénients...
Dans les premières années, on a beaucoup changé de membres, avant tout car il n'y avait pas de personnes fiables et engagées.
Quand on a commencé le groupe, nous n'avions rien à offrir, à part un nom de groupe de merde - pas de label, pas de tournée, juste une idée de ce que je voulais musicalement. Avec uniquement ces arguments, c'est forcément difficile d'attirer de bons musiciens, car la plupart d'entre eux étaient inévitablement déjà impliqués dans d'autres projets plus établis.
C'est donc pour ça que c'est compliqué de mettre en place un line-up stable qui tienne plusieurs années.
Quel est le mode de composition du groupe : Est-ce Robin qui se charge de tout, en termes d’idées, de musique, de concept, ou bien avez-vous une part d’implication dans la composition ?
Loic: La grande majorité du groupe est gérée pas Robin, c'est également lui qui est en charge de la composition, des paroles, du concept, etc.
Pour ma part, je bosse principalement sur les lignes de chant, et apporte mes idées.
Robin : A part moi, d'autres participent parfois.
Luc a beaucoup contribué à la composition de la batterie sur nos 3 derniers albums.
Notre ancien batteur, Torge Ließmann, qui fut dans le groupe de 2001 à 2007, jouait simplement ce que je programmais.
Luc ne fonctionne pas comme ça, et interprétait mes idées beaucoup plus librement, et jouait certaines parties complètement différemment.
Au début, j'ai du m'habituer à ce mode de fonctionnement, mais je n'ai pas eu besoin de beaucoup de temps pour lui faire confiance, et comprendre qu'il s'y connaissait bien plus que moi en batterie. Son approche et sa façon de jouer de la batterie a vraiment forgé le son du groupe depuis l'album "Heliocentric".
Jona a écrit quant à lui quelques titres pour l'album "Anthropocentric", mais n'a pas été impliqué dans la composition de "Pelagial".
THE OCEAN a connu une évolution musicale assez franche en plusieurs années. Au-delà du renouvellement artistique, on a parfois l'impression que le groupe a voulu essayer de s'ouvrir afin de séduire de nouveaux fans, avec une musique plus aérée et moins cloisonnée. Etait-ce une volonté ? Un hasard ?
Loic: C'était clair dès le départ que je ne pourrai jamais remplacer Meta, Mike ou Nico... Avant de joindre THE OCEAN, je fréquentais plus les salles rock que métal. Sur "Heliocentric", la majorité des morceaux (à part 'Firmament') avait déjà été écrit par Robin. Donc je pense plutôt que c'est une évolution naturelle des choses...
Robin: Je suis en permanence à la recherche de challenges, à la fois en tant qu'humain et en tant que musicien. Mes goûts musicaux et mon intérêt pour certains styles musicaux ont évolués au fil des ans, et je pense que l'évolution de THE OCEAN reflète cette évolution personnelle.
Ce n'est pas l'envie de séduire plus de fans, mais une envie d'avancer.
Après "Precambrian", j'ai voulu faire quelque chose de différent, et le départ de Mike a ouvert la porte à cela. Je voulais alors trouver un chanteur qui me permettrait de laisser libre court à mes idées en terme de composition. Je ne voulais plus avoir de limites, et j'étais fatigué de n'utiliser le chant que comme un instrument rythmique, comme sur nos albums précédents - même si certains passages de "Precambrian" laissait déjà entendre ces envies d'évolution.
J'avais écrit la plupart des morceaux et des lignes de chants de "Heliocentric" lorsque Loïc nous a rejoint. Certains morceaux de cet album, tels que "Epiphany", "Ptolemy Was Wrong" ou "Catharsis Of A Heretic", avaient déjà été écrits avec ces lignes de chants et le piano, et cela était totalement nouveau pour moi à ce moment là, et donc très passionnant.
Petit retour sur "Pelagial", sorti au printemps… Comment a-t-il été reçu par les fans globalement ? D'une façon générale, êtes-vous sensibles aux avis de la presse spécialisée (magazine, webzine, fanzine) ?
Loic: Pelagial a été agréablement bien reçu par la plupart des gens, les fans bien évidemment, mais aussi très bien reçu par la presse.
Bien évidemment, tu es toujours sensible et ravit quand la presse complimente ton travail. mais d'une manière général je ne prête pas trop d'attention à ça....
L'idée d'une dualité "instrumental / avec chant" est excellente ; pourquoi ne pas avoir voulu sortir uniquement la version instrumentale au final …?
Robin: Loïc a eu des soucis de santé, et une baisse de motivation en 2012. Durant plusieurs mois, ce n'était pas vraiment clair, il ne savait pas s'il continuerait à jouer en live, et je ne voulais pas enregistrer un album avec de superbes lignes de chant, mais qui ne seraient pas reproductibles en live.
C'est l'une des raisons principales qui a aboutit à l'écriture d'un album instrumental.
L'autre raison est que je suis simplement resté longtemps sans savoir comment aborder les paroles de ce nouvel album, et j'ai donc trouvé plus sage de le laisser entièrement instrumental.
Ensuite, Loïc s'est rétablit, et a exprimé son souhait d'être sur l'album, donc on a décidé d'enregistrer du chant sur les deux derniers titres de l'album.
Cela s'est fait de façon très rapide, et surtout très cool, et comme nous avions encore quelques jours de dispo ensemble à Berlin avec Loic, nous avons commencé à faire de même avec d'autres passages issus d'autres morceaux... Et ce fut le début d'une superbe session créative, à la fin de laquelle nous nous sommes retrouvés avec des idées de chant pour tout l'album. Nous trouvions ces idées trop bonnes pour être abandonnées.
Et c'est comme ça que nous avons pris la décision de sortir finalement l'album sous ses deux versions.
Au même titre que le chant, est-ce que vous pourriez envisager un album de THE OCEAN sans un autre instrument, comme la guitare par exemple ?
Loic: Pourquoi pas..? Et c'est ça qu'il y a de génial dans tout ce monde musical. Il n'y a pas vraiment de règle a suivre et je pense que tout ce que tu peux faire d'un peu original, à l'heure actuelle, est une grande qualité.
Où puisez-vous les idées, l'inspiration pour mettre en place ces concepts thématiques très aboutis (comme sur « Pelagial », « Anthropocentric/Heliocentric » ou « Precambrian ») ?
Robin: Je n'étais pas vraiment conscient de tout ceci, jusqu'à ce que des personnes me le demande ; mais je crois que le fait que j'ai étudié la philosophie et la géographie - une sorte de combinaison bizarre de nos thèmes - a joué un rôle dans ces concepts.
En général, j'écris sur des sujets qui m'intéressent vraiment.
Je ne vais pas dans une bibliothèque pour bourrer mon crâne d'idées pour écrire un concept d'album, ces concepts naissent de toutes les choses qui m'intéressent et auxquelles je pense depuis des années.
J’ai toujours trouvé un parallèle fort entre THE OCEAN et CULT OF LUNA, non d’un point de vue musical, mais plutôt en termes d’indépendance artistique et d’évolution Vous en avez marre qu'on vous compare à eux ? Que pensez-vous de CULT OF LUNA, musicalement ou artistiquement ?
Loic: Pour ma part, je suis super fan de ces mecs sur tous les plans. Leur dernier skud ("Vertical") est tout simplement un chef d'œuvre et probablement le meilleurs album de 2013. Ils sont vraiment très fort dans tout ce qu'ils entreprennent ( CoL, Khoma ) que ce soit d'un point de vue artistique ou musical. Ces mecs sont des génies.
Robin: Ils sont peut être l'un de mes groupe préféré dans la musique Metal contemporaine, donc c'est un honneur que tu me compares à eux. Je vois quelques parallèles entre nous, et ils ont assurément été une influence pour moi depuis "The Beyond".
Mais je pense qu'il y a énormément d'autres choses qui entrent en compte quand on se pose la question de ce qui a pu influencer le son et l'évolution de THE OCEAN.
Et j'ai le sentiment que nous avons vraiment réussit à tracer notre propre chemin...
Le concept et l'image font partie intégrante de l'univers de THE OCEAN, et cela se retranscrit également dans le packaging offert à chaque nouvel album, avec des objets très travaillés.
Est-ce qu'au-delà de la transposition du concept thématique, vous voyez cela comme une façon d'inciter les fans à ne pas voir la musique uniquement comme un simple objet de consommation ?
Robin: Oui, tout à fait, c'est le cas. Si tu veux vendre des albums sous format physique aujourd'hui, en 2013; il faut donner aux gens une bonne raison - et un chouette packaging est probablement la meilleur des raisons, en tout cas pour les gens qui apprécient la qualité de l'art haptique.
Cependant, au delà de simplement essayer de vendre des albums, ces packagings répondent aussi à un profond désir pour moi de proposer quelque chose de notable et précieux à nos fans.
J'ai toujours été attiré par une approche holistique de l'art.
La musique est au centre de notre univers, mais il y a beaucoup d'autres choses autour : l'aspect visuel et les lumières, pour créer une certaine atmosphère en concert ; les packagings pour les albums et le design du merchandising.
Tout cela s'apparente à des terrains de jeu où je peux me réaliser artistiquement, et je suis vraiment intéressé par tous ces territoires artistiques. Tout ceci rend mon quotidien bien plus intéressant que si je me contentais uniquement de jouer de la guitare..
Vous sortez dans quelques jours un Triple DVD, "Collective Oblivion". Pourquoi ce nom, déjà ? ("L’oubli collectif" en français, il me semble)
Robin: Ce titre fait référence à l'évolution du groupe depuis le fonctionnement en tant que collectif, aux débuts du groupe, jusqu'au moment où le groupe s'est stabilité autour d'un line-up en 2008.
Le collectif a laissé sa place à un groupe, et tous les anciens et nouveaux membres du groupe racontent cette histoire dans le documentaire du premier DVD.
J'ai l'immense privilège d'avoir pu le visionner déjà, et je suis impressionné par la qualité et la diversité de ce que vous proposez aux fans. "Collective Oblivion" contient énormément de témoignages visuels et sonores du groupe (concerts, clips, interview, etc)
De quelle passage, de quel(s) moment(s) ou souvenir(s) êtes-vous le plus fier ?
Robin: Wao, c'est dure à dire... Je suis fier de tout ce qu'on a mis dans ce triple DVD !
Mais je crois que les vrais moments fort pour moi sont clairement : le documentaire sur l'histoire du groupe, le concert au Summer Breeze en 2011, le clip live tirés de "The City In The Sea" filmé à Hong Kong", et les étapes en Chine et en Russie de notre documentaire réalisée durant notre tournée.
Car pour ces derniers, je crois qu'ils vraiment intéressant, non seulement pour les fans mais aussi pour tout le monde ; car ils ne se concentrent pas uniquement sur le groupe, mais plus généralement sur le dépaysement culturel et le fait d'être un groupe de rock de l'Ouest qui va jouer dans ces contrées.
Un mot sur le documentaire « The Origin of The Ocean » : ça a dû être un boulot monstrueux de récolter toutes ces interview d'anciens membres, et de donner une réelle consistante à ce documentaire...
Comment s'est déroulée la réalisation de ce documentaire ?
Robin: Le documentaire sur l'histoire du groupe fut une entreprise immensément difficile. Alex Kraudelt, le réalisateur et producteur de ce dvd, a passé des mois à retrouver, puis documenter et interviewer tous les ex-membres du groupe (environ 30 ou 40 en tout). Et au final, c'est presque comme s'il connaissait mieux le groupe que moi.
Je l'ai aidé en lui donnant les contacts, et nous avons passé de nombreuses soirées à parler du groupe, des débuts, afin de l'aider à avoir un aperçu sommaire de l'histoire de The OCEAN. C'est une histoire incroyablement complexe, et ce fut difficile de séparer les anecdotes des choses moins importantes. Au départ, le documentaire de l'histoire du groupe durait plus de 3 heures, mais nous avons finit par le réduire (à 2h) afin de le rendre plus concit et intéressant.
Je suis très content du résultat final.
A vous entendre, dans certaines parties du documentaire, on a l'impression que le line-up actuel de THE OCEAN est le plus solide et le plus stable de l'histoire du groupe...(NdJU : interview réalisée avant l'annonce du départ de deux membres du groupe) A titre personnel, je le pense vraiment, surtout quand on vous voit en concert.
Qu'en pensez-vous ? Et à quoi est-ce dû, à votre avis ?
Robin: Le Line-up actuel aura été stable durant quasiment 6 ans, si on regarde cela depuis l'arrivée de Luc et Jona (fin 2007, début 2008) ; et presque 5 ans si on compte depuis l'arrivée de Loic et Louis (notre ancien bassiste).
Mais nous entrons aujourd'hui dans une nouvelle phase de changement : notre bassiste Louis a décidé de faire un break, pour consacrer ses deux prochaines années à terminer ses études.
Donc nous avons accueilli un nouveau bassiste en début d'année, Chris, qui vient aussi de Berlin.
Et depuis la fin de notre tournée européenne, qui s'achèvera en fin d'année, Luc (batterie) et Jona (guitare) vont également quitter le groupe.
Paul Seidel, le batteur de War From A Harlot's Mouth, va prendre la place de Luc, ce qui fera un autre type localisé à Berlin...
Et quant à notre futur guitariste, nous n'avons pas encore pris de décision (Depuis cette interview, le remplaçant de Jona a été trouvé : il s'agit de Damian Murdoch)
Je n'ai pas envie de revenir à un line-up instable et tournant. Je veux continuer à jouer avec un line-up talentueux, et avec des gens de confiance, avec qui je peux créer des liens à la fois sur le plan personnel et musical. Cela fut le cas depuis plusieurs années, avec notre line-up, et je leur en suis très reconnaissant.
Mais depuis peu, ce n'était plus le cas ; Luc, Jona et moi avons évolués différemment en tant que musicien et en tant qu'humain, ces deux dernières années, et c'est pour cela que nous faisons face à ces changements désormais. Parfois, même si notre line-up fut fort et sable, le changement est nécessaire, et je n'ai pas peur de cela.
Je suis impatient de débuter cette nouvelle ère, notamment le fait de jouer avec Paul.
Les premières répétitions que nous avons eu ensemble furent simplement incroyables ; je savais que Paul était une machine, et qu'il ne lutterait pas avec n'importe laquelle des parties que Luc jouait, mais le fait de le voir jouer les passages les plus calmes et lents de "Pelagial" avec autant de feeling et d'énergie était incroyable.
Luc fut le meilleur batteur avec lequel j'ai joué jusqu'à aujourd'hui, et il a participé à façonner le son de THE OCEAN ces 3 dernières années. Mais je suis désormais sur que Paul ne va pas seulement poursuivre dans les traces de Luc, mais va apporter également de nouvelles choses, et va contribuer à porter le groupe à un autre niveau.
Le DVD "Collective Oblivion" s'achève en mai 2012, lorsque nous avons conclus notre cycle d'album "centric" par notre tournée en Australie. Depuis, plein de choses sont survenues, dont notre dernier album "Pelagial", et toutes ces choses pourraient être sans soucis compilées dans un potentiel successeur de "Collective Oblivion", tant il y a de choses à raconter...
Parlez-moi un peu de votre concert atypique au Museum For Musical Instruments... Qu'est-ce que ça fait de jouer dans un Musée, n'est-ce pas déstabilisant ?
Loic: L'installation était un peu chaotique et compliqué, c'est vrai, mais au final tout c'est vraiment bien passé.
Robin: Ce fut sans aucun doute un concert très singulier. Les gens étaient assis sur le sol, et l'assistance était à la fois constituée de fans de The OCEAN et de visiteurs aléatoires du musée, de ce fait les réactions étaient assez différentes de nos expériences de concerts classiques... Les gens applaudissaient tranquillement après les chansons, et le tout semblait d'une certaine façon un peu bobo et maladroit.
Mais ce fut une expérience intéressante, et nous avons eu la chance de pouvoir jouer avec un pianiste, qui a joué sur un clavecin du 16ème siècle, et qui n'avait pas été utilisé depuis au moins 200 ans. Il y avait un expert d'ailleurs qui était venu le régler spécialement pour l'évènement !
Dans tous les concepts abordés par THE OCEAN, depuis ses débuts, il y a toujours une part importante accordée aux ténèbres ou à l'obscurité (visuellement et textuellement), qu'il s'agisse des ténèbres de la nature ou de l'homme.
Est-ce une partie de votre nature profonde qui s'exprime ici, un message sous-jacent, ou simplement un hasard conceptuel.. ?
Robin: Je crois que j'ai toujours été plus intéressé par le fait d'explorer le côté sombre de l'esprit et de l'âme humaine, plutôt que sa face joyeuse.
Je suis sincèrement une personne joyeuse, j'aime ma femme, mes amis, ma famille ...
Mais pour diverses raisons, la musique que j'écris finit toujours par se focaliser sur les côtés sombres de la vie, qui sont fondamentalement partie de tout être humain, même le plus heureux d'entre eux.
C'est la même chose avec la musique que j'écoute, je ne suis juste pas intéressé par la musique joyeuse. J'écoute énormément de styles musicaux différents, mais je ne peux pas écouter de reggae par exemple...
Etant donné la subtilité de votre musique, n'est-ce pas parfois difficile de transposer vos morceaux en live et de retranscrire toute cette subtilité ?
Robin: Effectivement, certains morceaux de "Heliocentric" et "Anthropocentric" sont vraiment complexes à jouer en live, car ils sont bâtis autour d'un piano, et aucun d'entre nous n'est assez bon pianiste, ou bien trop important dans son rôle avec son instrument principal...
C'est pour cela que nous nous sommes abstenus de les jouer en live jusqu'à présent, à moins d'être accompagné de musiciens supplémentaires.
Tout le reste est jouable en live, mais c'est vrai également que dans un contexte live, certaines subtilités musicales passent à la trappe...
Sur "Pelagial" par exemple, il y a beaucoup de subtilités, via des samples et des sons aquatiques, qui apportent vraiment un feeling sonore particulier à l'album ; et qui s'entendent bien notamment si on écoute l'album au casque.
Et je me suis battu pour essayer de trouver le meilleur équilibre sonore à cela dans un contexte live, et malgré tout ils ont tendance à sonner parfois trop fort, ou à être inaudible... Donc effectivement ce n'est pas toujours évident.
THE OCEAN, c'est 12 années de carrière... et 6 albums. S'il fallait dresser un bilan de toutes ces années, quel serait-il ? Que pensez-vous du parcours musical et artistique effectué par THE OCEAN depuis « Fluxion » ?
Robin: Ce fut 12 années intenses, riches en émotions, allant des moments de grande frustration à des moments intenses en joie et en excitation. Mais je suis heureux de constater qu'il y a eu globalement plus de moments joyeux.
Nous avons joué pas loin de 1000 concerts à travers le monde, et je n'aurais jamais osé imaginé que nous jouerions un jour en Chine, en Australie ou en Russie, quand j'ai démarré ce groupe il y a 12 ans, ou même à l'époque de la sortie de "Fluxion" ou "Aeolian".
Il y a eu tellement de rêves qui sont devenus réalité, et encore tellement d'autres à accomplir...
Musicalement, le style et le son du groupe ont constamment évolués, une paire de fois, dans des directions imprévues, mais je me sens toujours autant lié au son et aux chansons de "Fluxion", et nous jouons toujours certains de ces titres en live de temps en temps.
Je crois que malgré notre évolution, il y a une sorte de fil conducteur qui relie tous nos albums, depuis "Fogdiver" jusqu'à "Pelagial".
Si vous deviez associer THE OCEAN à l'un des 4 éléments (Feu, Eau, Terre, Air), lequel serait-il ?
Robin: L'eau, bien sur ! Tu veux vraiment que je t'explique pourquoi..? :)
Un immense merci à vous, d'avoir pris le temps de répondre à mes questions... Je vous laisse conclure ... En espérant vous revoir prochainement en concert en France
Robin: Merci à toi d'avoir pris le temps également, et merci d'avoir posé des questions bien plus intéressantes que la moyenne des journalistes.
Loic est un super chanteur, mais pas un très bon parleur, et il déteste répondre aux interviews... Luc et Jona quittent le groupe, donc forcément c'était à moi de répondre à ces questions... Bye !
12 années de carrière, 6 albums, et ce superbe témoignage visuel et sonore : THE OCEAN est un groupe passionnant, qui en plus prend vraiment le temps de répondre aux interviews...