THE OCEAN - Pelagial (Metal Blade/Season of Mist) - 14/06/2013 @ 07h30
Décrié, adoubé, admiré ou moqué, THE OCEAN laisse rarement indifférent.
Le dyptique "Heliocentric / Anthropocentric" avait été plutôt critiqué à sa sortie, et, en dépit d’une attractivité en berne, je pense que cela était plus imputable à son rôle ingrat de successeur à l’époustouflant ‘Precambrian’, qu’à un réel échec.
3 an plus tard, THE OCEAN a donc la lourde tâche, avec "Pelagial", de regagner l’estime dans le cœur de ses fans et des autres…
Première constatation, résultant du concept : pensé pour être entièrement instrumental, "Pelagial" est un unique titre de 53 minutes. Découpé en 11 épisodes, pour faciliter l’écoute, l’album comporte deux cd : l’un reflétant l’âme originelle de cette œuvre, exclusivement instrumentale. L’autre, plus coléreuse, agrémentée du chant de Loic Rossetti.
"Pelagial" est, comme les précédents opus, un album conceptuel, où musique, visuels et textes forment un tout, indissociable. Articulé cette fois-ci du thème de l’océan et de ses profondeurs abyssales, comme un clin d’œil, ou plutôt l’aboutissement d’un cycle.
Plus que le concept, j’avoue avoir été particulièrement intrigué, ou interpellé, par cette idée d’associer les deux versions de l’album en un ; et cette hydre à deux tête, reflétant les deux facettes du groupe, ont eu d’emblée le chic pour me séduire.
Premier contact avec "Pelagial" : merveilleux, comme souvent avec THE OCEAN. Le Digipack 5 volets, à l’allure sobre, mais à la finition superbe, permet de s’immiscer dans cette œuvre, sans heurt, mais tout en volupté. Le thème de l’Ocean, à la fois parallèle avec le patronyme du groupe, et la thématique de l’album, y est décliné de façon à entraîner visuellement l’auditeur dans les profondeurs de l’Ocean… Profondeur thématique, musicale, introspective également…
Première écoute, fébrile : Surpris, déstabilisé, et, finalement : Séduit. Une musicalité renaissante, un plaisir retrouvé, un équilibre rétabli. THE OCEAN semble avoir surmonté les écueils, et poursuit son chemin, sa métamorphose.
Il est évident que Robin Staps, maître à penser de THE OCEAN, n’en fait qu’à sa tête, pour notre plus grand plaisir. "Pelagial" est à son image, et me conforte dans une première certitude : THE OCEAN n’est définitivement pas un groupe comme les autres. Le collectif a évolué, mûri, mué. Les vestiges du passé semblent, enfin, s’estomper…
Non que je n’aime pas les premiers albums du groupe, bien au contraire ; mais THE OCEAN a fait le choix d’avancer, de muer, privilégiant le perpétuel renouvellement. Et les vaines tentatives du groupe de mêler les époques, ou les styles, ne furent guère concluantes. Autant faire table rase du passé, et tirer les leçons des erreurs ; et c’est tout à l’honneur du groupe, c’est ce choix qu’a effectué THE OCEAN.
"Pelagial" poursuit e voyage musical entamé par le passé, même si la musicalité et les mélodies prennent désormais une place réelle dans les fondations musicales du groupe. Plus qu’un ornement maîtrisé, comme sur "Precambrian", elles s’intègrent totalement dans la conception même des morceaux. Le gros atout de "Pelagial", est d’avoir réussi à gommer quasiment complètement le côté niais et immature qui perdurait sur "Heliocentric / Anthropocentric".
L’impact sur le ressenti est immédiat, puisque tout semble désormais à sa place : comme une évidence, les accalmies et les explosions s’enchainent en toute logique. C’est d’ailleurs sans aucun doute la grande force de cet album.
Sans abandonner la violence et la rage du Post/HardCore qui le caractérisait, THE OCEAN s’ouvre à des styles plus diversifiés. Parfois résolument Metal(core), parfois (Post)Rock, ou plus génériquement ‘Post/Metal’, "Pelagial"’ se nourrit des nombreuses influences, des idées et du passé, pour construire un présent plus mélodique, mais non dénué d’agressivité. Certains arrangements classiques (piano, violon) flirtent avec le progressif, et sont magnifiquement enchaînés ou superposés avec le côté Metal, même si tout n’est pas encore parfait. THE OCEAN semble trouver un équilibre très personnel entre la violence d’un HardCore rageur et la mélancolie d’un Post-Rock/Metal entêtant.
Le mix de Jens Bogren (Opeth, Katatonia, …) n’y est d’ailleurs peut être pas étranger ; et la richesse du son est sans aucun doute une réussite, équilibré, puissant mais subtile également.
La transposition musicale de multiples sentiments est une force pour le groupe : comme une logique implacable, comme l’impression de suivre les réflexions et sauts d’humeurs transposées en musique, "Pelagial" se déroule sans heurt ni à-coups. L’efficacité est réelle, et en dépit d’une forme de complexité musicale refusant toute facilité structurelle, l’accroche se fait naturellement. Certains morceaux ou passages sont emprunts d’une certaine nostalgie ou amertume, poussant jusqu’à la colère et l’incompréhension ; d’autres font rejaillir l’espoir, la joie, ou simplement une certaine légèreté, ou insouciance, prétexte à des mélodies apaisantes
Le chant de Loïc est, je trouve, bien adapté à l’univers de THE OCEAN. Alternant chant clair – un poil trop mielleux par moment – et hurlements HardCore très expressif, il porte la puissance et la délicatesse de cet album, sans être trop présent ni trop classique.
Quant à la dualité discographique formée avec la version instrumentale, elle est bien plus intéressante qu’il n’y parait. Peu attiré au départ par ce que je considérais comme un argument ‘mercantile’, j’ai en réalité trouvé à la fois du plaisir et de l’intérêt à cette facette vierge de chant : c’est un peu bête à dire, mais j’ai eu l’impression de redécouvrir "Pelagial", en écoutant son penchant instrumental.
L’approche en tant qu’auditeur n’est pas la même, et le chant étant un instrument à part entière, on s’aperçoit que l’album exprime d’autres sentiments lorsqu'on l’ampute d’un instrument… J’ai vraiment le sentiment que ces deux facettes sont complémentaires.
L’album ayant été pensé instrumentalement au départ, je pense que sa pertinence d’être écouté sans le chant est réelle, et je conseille d’ailleurs même, à toutes les personnes n’ayant pas encore écouté "Pelagial", de débuter l’écoute de l’album par le CD instrumental.
Le principal regret, comme sur le précédent album, est d’être face à un album un peu trop gentil, calme, apaisé. J’ai personnellement adhéré à cette évolution, mais à contrario j’éprouve toujours une forme de nostalgie quant à l’évocation de la noirceur et de la rage qui animait THE OCEAN il y a quelques années. Quelques longueurs, également, émaillent le déroulement de "Pelagial", notamment via les enchaînements entre les morceaux, ou via quelques riffs plus anecdotiques.
Il faut simplement l’accepter, et adhérer ou non à l’univers du collectif.
THE OCEAN a réussi à retranscrire musicalement la plongée dans les abysses prônée textuellement et visuellement. Au fur et à mesure du déroulement de l’album, la musique se fait de plus en plus compact, oppressante. La pression augmente peu à peu, l'auditeur essaye de se raccrocher à quelques bulles d’oxygènes, à quelques fragments de luminosité qui ont de plus en plus de mal à se frayer un chemin dans les profondeurs. Pour finalement atterrir dans une musicalité moins aérée, moins lumineuse, qui s’achève sur un dernier titre lourd et oppressant, contrastant avec les passages acoustiques du début.
Les textes comme les titres des morceaux reflètent ce parallèle intéressant et attrayant entre la descente dans les fonds marins, et la plongée dans les abysses intérieurs d’un esprit qui s’interroge et analyse ses rêves, ses envies, et ses déconvenues. Une thématique pas si simple à aborder, mais relativement bien traitée ici.
Nettement plus inspiré que "Heliocentric / Anthropocentric", "Pelagial" est à mon sens une réussite. Elle n’est ni l’œuvre la plus ambitieuse, ni la plus aboutie du groupe. Elle est l’œuvre la plus personnelle, et, sans doute, la plus variée. Un plaisir insidieux s’en échappe, une forme d’attraction réelle, pour qui saura faire abstraction des oeuvre précédentes du groupe et accepter ce présent métallique.
Un voyage dans les profondeurs d’une âme et d’un Océan, à la fois apaisant et épuisant.
Bof : l'une des déception de l'année par rapport aux attentes suscitées. L'album n'est pas très captivant malgré son lot de passages de fort bonne qualité. Le tout est bien exécuté mais manque clairement d'émotion (sauf sur "Into The Uncanny" et surtout "Signals of Anxiety").
La version instru est bonne mais le chant ajoute encore quelque chose au mélange. Reste que c'est sympa de proposer les deux versions.
Bref : 12/20, pas plus.
FabMTS Membre enregistré
Posté le: 15/06/2013 à 11h30 - (107905)
Bon album, j'avais bien apprécié Anthropocentric mais celui ci m'a un peu plus surpris que les précédents. Plus metal par moment, ptet un peu moins ambiant que les précédents mais du bon taff des suisses :)!
William IP:81.249.39.240 Invité
Posté le: 15/06/2013 à 15h55 - (107908)
Grosse claque pour ma part, un énorme travail mélodique et d'ambiances, j'adore.
Alexinister IP:82.231.18.119 Invité
Posté le: 08/11/2013 à 00h23 - (109831)
Bon, Robin Staps est vraiment un génie.
Heliocentric/Anthropocentric étaient déjà très bons, et là ça continue !
Ce disque est une expérience à vivre !
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Le dyptique "Heliocentric / Anthropocentric" avait été plutôt critiqué à sa sortie, et, en dépit d’une attractivité en berne, je pense que cela était plus imputable à son rôle ingrat de successeur à l’époustouflant ‘Precambrian’, qu’à un réel échec.
3 an plus tard, THE OCEAN a donc la lourde tâche, avec "Pelagial", de regagner l’estime dans le cœur de ses fans et des autres…
Première constatation, résultant du concept : pensé pour être entièrement instrumental, "Pelagial" est un unique titre de 53 minutes. Découpé en 11 épisodes, pour faciliter l’écoute, l’album comporte deux cd : l’un reflétant l’âme originelle de cette œuvre, exclusivement instrumentale. L’autre, plus coléreuse, agrémentée du chant de Loic Rossetti.
"Pelagial" est, comme les précédents opus, un album conceptuel, où musique, visuels et textes forment un tout, indissociable. Articulé cette fois-ci du thème de l’océan et de ses profondeurs abyssales, comme un clin d’œil, ou plutôt l’aboutissement d’un cycle.
Plus que le concept, j’avoue avoir été particulièrement intrigué, ou interpellé, par cette idée d’associer les deux versions de l’album en un ; et cette hydre à deux tête, reflétant les deux facettes du groupe, ont eu d’emblée le chic pour me séduire.
Premier contact avec "Pelagial" : merveilleux, comme souvent avec THE OCEAN. Le Digipack 5 volets, à l’allure sobre, mais à la finition superbe, permet de s’immiscer dans cette œuvre, sans heurt, mais tout en volupté. Le thème de l’Ocean, à la fois parallèle avec le patronyme du groupe, et la thématique de l’album, y est décliné de façon à entraîner visuellement l’auditeur dans les profondeurs de l’Ocean… Profondeur thématique, musicale, introspective également…
Première écoute, fébrile : Surpris, déstabilisé, et, finalement : Séduit. Une musicalité renaissante, un plaisir retrouvé, un équilibre rétabli. THE OCEAN semble avoir surmonté les écueils, et poursuit son chemin, sa métamorphose.
Il est évident que Robin Staps, maître à penser de THE OCEAN, n’en fait qu’à sa tête, pour notre plus grand plaisir. "Pelagial" est à son image, et me conforte dans une première certitude : THE OCEAN n’est définitivement pas un groupe comme les autres. Le collectif a évolué, mûri, mué. Les vestiges du passé semblent, enfin, s’estomper…
Non que je n’aime pas les premiers albums du groupe, bien au contraire ; mais THE OCEAN a fait le choix d’avancer, de muer, privilégiant le perpétuel renouvellement. Et les vaines tentatives du groupe de mêler les époques, ou les styles, ne furent guère concluantes. Autant faire table rase du passé, et tirer les leçons des erreurs ; et c’est tout à l’honneur du groupe, c’est ce choix qu’a effectué THE OCEAN.
"Pelagial" poursuit e voyage musical entamé par le passé, même si la musicalité et les mélodies prennent désormais une place réelle dans les fondations musicales du groupe. Plus qu’un ornement maîtrisé, comme sur "Precambrian", elles s’intègrent totalement dans la conception même des morceaux. Le gros atout de "Pelagial", est d’avoir réussi à gommer quasiment complètement le côté niais et immature qui perdurait sur "Heliocentric / Anthropocentric".
L’impact sur le ressenti est immédiat, puisque tout semble désormais à sa place : comme une évidence, les accalmies et les explosions s’enchainent en toute logique. C’est d’ailleurs sans aucun doute la grande force de cet album.
Sans abandonner la violence et la rage du Post/HardCore qui le caractérisait, THE OCEAN s’ouvre à des styles plus diversifiés. Parfois résolument Metal(core), parfois (Post)Rock, ou plus génériquement ‘Post/Metal’, "Pelagial"’ se nourrit des nombreuses influences, des idées et du passé, pour construire un présent plus mélodique, mais non dénué d’agressivité. Certains arrangements classiques (piano, violon) flirtent avec le progressif, et sont magnifiquement enchaînés ou superposés avec le côté Metal, même si tout n’est pas encore parfait. THE OCEAN semble trouver un équilibre très personnel entre la violence d’un HardCore rageur et la mélancolie d’un Post-Rock/Metal entêtant.
Le mix de Jens Bogren (Opeth, Katatonia, …) n’y est d’ailleurs peut être pas étranger ; et la richesse du son est sans aucun doute une réussite, équilibré, puissant mais subtile également.
La transposition musicale de multiples sentiments est une force pour le groupe : comme une logique implacable, comme l’impression de suivre les réflexions et sauts d’humeurs transposées en musique, "Pelagial" se déroule sans heurt ni à-coups. L’efficacité est réelle, et en dépit d’une forme de complexité musicale refusant toute facilité structurelle, l’accroche se fait naturellement. Certains morceaux ou passages sont emprunts d’une certaine nostalgie ou amertume, poussant jusqu’à la colère et l’incompréhension ; d’autres font rejaillir l’espoir, la joie, ou simplement une certaine légèreté, ou insouciance, prétexte à des mélodies apaisantes
Le chant de Loïc est, je trouve, bien adapté à l’univers de THE OCEAN. Alternant chant clair – un poil trop mielleux par moment – et hurlements HardCore très expressif, il porte la puissance et la délicatesse de cet album, sans être trop présent ni trop classique.
Quant à la dualité discographique formée avec la version instrumentale, elle est bien plus intéressante qu’il n’y parait. Peu attiré au départ par ce que je considérais comme un argument ‘mercantile’, j’ai en réalité trouvé à la fois du plaisir et de l’intérêt à cette facette vierge de chant : c’est un peu bête à dire, mais j’ai eu l’impression de redécouvrir "Pelagial", en écoutant son penchant instrumental.
L’approche en tant qu’auditeur n’est pas la même, et le chant étant un instrument à part entière, on s’aperçoit que l’album exprime d’autres sentiments lorsqu'on l’ampute d’un instrument… J’ai vraiment le sentiment que ces deux facettes sont complémentaires.
L’album ayant été pensé instrumentalement au départ, je pense que sa pertinence d’être écouté sans le chant est réelle, et je conseille d’ailleurs même, à toutes les personnes n’ayant pas encore écouté "Pelagial", de débuter l’écoute de l’album par le CD instrumental.
Le principal regret, comme sur le précédent album, est d’être face à un album un peu trop gentil, calme, apaisé. J’ai personnellement adhéré à cette évolution, mais à contrario j’éprouve toujours une forme de nostalgie quant à l’évocation de la noirceur et de la rage qui animait THE OCEAN il y a quelques années. Quelques longueurs, également, émaillent le déroulement de "Pelagial", notamment via les enchaînements entre les morceaux, ou via quelques riffs plus anecdotiques.
Il faut simplement l’accepter, et adhérer ou non à l’univers du collectif.
THE OCEAN a réussi à retranscrire musicalement la plongée dans les abysses prônée textuellement et visuellement. Au fur et à mesure du déroulement de l’album, la musique se fait de plus en plus compact, oppressante. La pression augmente peu à peu, l'auditeur essaye de se raccrocher à quelques bulles d’oxygènes, à quelques fragments de luminosité qui ont de plus en plus de mal à se frayer un chemin dans les profondeurs. Pour finalement atterrir dans une musicalité moins aérée, moins lumineuse, qui s’achève sur un dernier titre lourd et oppressant, contrastant avec les passages acoustiques du début.
Les textes comme les titres des morceaux reflètent ce parallèle intéressant et attrayant entre la descente dans les fonds marins, et la plongée dans les abysses intérieurs d’un esprit qui s’interroge et analyse ses rêves, ses envies, et ses déconvenues. Une thématique pas si simple à aborder, mais relativement bien traitée ici.
Nettement plus inspiré que "Heliocentric / Anthropocentric", "Pelagial" est à mon sens une réussite. Elle n’est ni l’œuvre la plus ambitieuse, ni la plus aboutie du groupe. Elle est l’œuvre la plus personnelle, et, sans doute, la plus variée. Un plaisir insidieux s’en échappe, une forme d’attraction réelle, pour qui saura faire abstraction des oeuvre précédentes du groupe et accepter ce présent métallique.
Un voyage dans les profondeurs d’une âme et d’un Océan, à la fois apaisant et épuisant.
Rédigé par : ..::Ju::.. | 16/20 | Nb de lectures : 14490