Au risque de passer (encore) pour un vieux con, il faut bien reconnaître que les Bandes Originales de Films, c'était mieux avant !
Car qu'avons nous aujourd'hui au rayon B.O ?
Iron Man 2 ? une B.O bricolée à partir de vieux morceaux d' AC/DC et de Black Sabbath que j'ai déjà dans ma discothèque ? Non merci !
Pop Redemption ? Soyons sérieux !
Bien sûr, je ne parle pas des B.O composées par des orchestres classiques, il y a de vraies réussites dans le genre (Man Of Steel par exemple), je parle ici de B.O « Rock/Métal ».
Quand avez-vous acheté une B.O de ce genre pour la dernière fois ? Répondez franchement ! Je m'en doutais...

Car non contentes de réunir un casting de dingue, constitué de la crème de la scène Rock/Metal de l'époque, les B.O.F des années 90 proposaient souvent des morceaux inédits et/ou des collaborations passionnantes entre deux artistes à priori éloignés...
Non vraiment, dans les années 90, les Bandes Originales de Films avaient quand même une sacrée gueule :
Morceaux inédits de AC/DC, Alice In Chains, Megadeth et de bien d'autres sur Last Action Hero (meilleur film de tous les temps ! Chronique de Forlorn ICI)
Crossover Hip-Hop/Métal sur Judgment Night (Biohazard/Onyx, Helmet/House Of Pain...)
Crossover Electro/Métal sur Spawn (Slayer/Atari Teenage Riot, Tom Morello/Prodigy...)
B.O 100% Métal 90's sur Demon Knight (Ministry, Sepultura, Machine Head...)
Et que ces films soient bons ou pas n'avait finalement aucune importance tant ces B.O étaient à prendre comme des albums à part entière. Vu le nombre de titres qu'on ne pouvait trouver ailleurs, l'achat était donc obligatoire !
C'est un peu sur ce principe que j'ai découvert la B.O de The Crow en 1994. En effet, ce n'est pas le film qui m'a amené à l'achat de cette B.O mais le clip de Helmet (Milktoat), premier extrait de la B.O de The Crow donc, et premier contact avec ce groupe qui m'a collé une tarte monumentale... et que je cite dans presque toutes mes chroniques... oui, je sais !

The Crow est un film d'Alex Proyas sorti en 1994. Il s'agit de l'adaptation du Comic Book du même nom de James O'Barr : L'histoire d'Eric Draven, musicien Rock qui revient d'entre les morts pour se venger de la bande de badass qui l'ont assassiné et ont violé sa compagne.
Le film a connu un involontaire coup de pub du à la mort de Brandon Lee (fils de Bruce Lee) sur son tournage : un technicien ayant malencontreusement chargé un revolver de vraies balles en lieu et place des balles à blanc prévues...quel étourdi ! On ne peut vraiment pas faire confiance au petit personnel, c'est un monde !
Le film est très fidèle à l'esthétique très sombre de la B.D de James O'Barr qui s'est inspiré de sa propre expérience (sa compagne est décédé dans un accident de la route) et de ses goûts musicaux (Post-Punk, Gothique...) pour créer un univers sinistre et désespéré qui se mariera parfaitement avec les morceaux de la B.O choisis par Alex Proyas et James O'Barr.

THE CURE - Burn : logique d'avoir fait appel à The Cure pour un film qui s'intitule The Crow ! Avec Burn, on tient sans doute là le dernier bon morceau composé par Robert Smith & Co : un long titre lancinant et presque psyché gorgé d'effets typiquement « Curiens » (trémolo, chorus, flanger...) rappelant les morceaux les plus sombres de l'album précédent (Wish sorti en 1991) ou certains moments de The Top (1984)

MACHINES OF LOVING GRACE - Golgotha Tenement Blues : groupe inconnu au bataillon à l'époque, M.O.L.G donne dans un rock industriel et grungy évoquant beaucoup N.I.N.. Soyons francs : bien qu'il distille une ambiance trouble en parfaite adéquation avec les images du film, ce titre a prit un gros coup de vieux et ne sort pas vraiment du lot. Le groupe splitta l'année suivante.

STONE TEMPLE PILOTS - Big Empty : groupe Grunge qui cartonna dans les charts US à l'époque et qui se fit défoncer par les ayatollahs de l'underground. Big Empty est pourtant un très bon titre d'Alternative Rock 90's, ultra calibré certes, mais indéniablement efficace, puissant et mélodique.
Le titre apparaîtra plus tard sur leur second album, Purple, qui sortira cette même année (1994, pour ceux qui ne suivent pas!).

NINE INCH NAILS - Dead Souls : Attention chef d’œuvre ! Trent Reznor s'attaquant à Joy Division via un de leurs morceaux comptant parmi les plus puissants et touchants composés par le groupe, c'est le grand frisson garanti sur facture ! La reprise est fidèle à l'originale en respectant le cahier des charges du son de N.I.N., magnifique.

RAGE AGAINST THE MACHINE - Darkness : un titre inédit de R.A.T.M. alors au top de leur gloire, ça ne se refuse pas. Un titre dans la veine des pièces les plus sombres de leur premier album tel que Freedom ou Fistful Of Steel.

VIOLENT FEMMES - Color Me Once : génial groupe de Folk/Punk originaire de Milwaukee. Leur premier Lp éponyme est un chef d’œuvre absolu mélangeant sonorités acoustiques, énergie Punk débridée et influences Country, Folk et Americana. Color Me Once est une balade lente et crépusculaire à faire passer Nick Cave pour Patrick Sebastien, superbe.

ROLLINS BAND - Ghostrider : le groupe du Riton était incontournable dans les années 90. Le cahier des charges du groupe est respecté à la lettre: cette basse au groove terrassant, les influences blues, la lenteur Sabbathienne, les diatribes colériques du Riton (mon tonton!)... Un titre lent, rampant et habité dans la droite lignée de The End Of Silence (1992) et de Weight (1994).

HELMET - Milktoast : LE morceau qui me fit acheter le disque et découvrir Helmet. Ce groupe fut pour moi la porte d'entrée vers de nouvelles sonorités : Noise Rock, Post Hardcore, Indie... Merci encore les mecs !
Un titre démentiel et d'une puissance peu commune : les riffs syncopés, la basse saturée, la frappe ultra sèche de John Stanier, la voix monocorde de Page Hamilton, les déflagrations bruitistes... toute l'équation Helmet se trouve dans ce morceau qui apparaîtra sur Betty la même année (1994, je l'ai déjà dit!)

PANTERA - The Badge : mortelle reprise d'un titre des rois incontestés du Punk/Hardcore U.S, j'ai nommé Poison Idea ! Le morceau était déjà carton sur Feel The Darkness (meilleur album de P.I), Pantera trouve le moyen de l'amener à un autre niveau de brutalité, le jeu de Dimebag Darrell sublimant parfaitement le tout. A l'instar d' Helmet, Pantera m'ouvrit une porte vers un monde inconnu, celui du Hardcore... Merci les mecs ! (bis)

FOR LOVE NOT LISA - Slip Slide Melting : obscur groupe d'Oklahoma, surtout connu pour leur participation à cette B.O : un titre hyper 90's dans l'âme, vaguement grungy mais très mélodique, le son très saturé évoque par instant la scène Shoegaze des 80's (Ride, My Bloody valentine etc...).

MY LIFE WITH THE THRILL KILL KULT – After The Flesh : Rip Off Ricains de KMFDM et de Front 242. Un titre d'Electro Indus/Metal bien chiant et bien inutile...
Aux suivants, vite !

JESUS AND MARY CHAIN – Snakedriver : un morceau oublié des deux frangins barjots-toxicos. De la pop lardée de saturations et de reverb malsaines qui ne brosse jamais dans le sens du poil. Une troisième porte s'ouvre : celui du Shoegaze et de la noisy pop Anglaise... Merci les mecs ! (bisx2)

MEDICINE – Time Baby III : on reste dans la même veine que Jesus & Mary Chain via ce groupe de Los Angeles formé par un ex-Savage Republic. Un titre très mélodique évoquant Mazzy Star et Cocteau Twins... et ça tombe bien car c'est Elizabeth Fraser qui chante sur ce morceau... or la voix de la Fraser, ça passe ou ça casse... à vous de choisir... moi ça passe !

JANE SIBERRY – It Can't Rain All The Time : et pour finir vous prendrez bien une petite ballade à la Annie Lennox ? Comment ça, non ? Vous avez bien raison !
Jane Siberry est une chanteuse Canadienne... et je sais pas vous, mais moi je dis qu'il serait temps que les canadiens cessent de nous envoyer leurs chanteuses, ça commence à bien faire, tabernacle !

Mis à part ce dernier titre (pas si affreux que ça en plus, c'était juste pour faire le malin), The Crow est une excellente B.O convenant parfaitement à l'ambiance du film en tapant dans plusieurs styles et en nous offrant des morceaux rares de groupes devenus, pour certains d'entre eux, incontournables !
De plus, vous l'aurez compris, ce disque a permit de m'ouvrir à de nouveaux groupes et de nouveaux styles dont je ne soupçonnais même pas l'existence !

Et sinon le film ?
J'ai été victime pendant des années du syndrome du film qu'on ne peut JAMAIS voir ! Riez pas, je suis sûr que vous avez tous un ou plusieurs films que vous n'arrivez JAMAIS à voir : Dvd cassé ou perdu, téléphone qui sonne, potes qui passent à l'improviste... les raisons sont multiples !

La malédiction est brisée : Je l'ai vu pour la première fois... cette année ! 20 ans presque jour pour jour après avoir acheté ce disque !




Rédigé par : DaleNixon | 1994 | Nb de lectures : 2663