A l'instar du De Mysteriis Dom Sathanas, les faits divers associés à In the Nightside Eclipse ont contribué à forger sa légende, son aura sulfureuse. Le 1er album d'Emperor est sorti le 21 février 1994 chez Candlelight. Quelques mois plus tard, 3 des 4 membres du groupe sont emprisonnés, la palme revenant à Faust. Le 21 août 1992, le batteur est accosté par un homosexuel qui lui propose d'aller faire un tour en forêt. Obsédé par les tueurs en série, Faust l'assassine (37 coups de couteau). Dans un premier temps l'enquête piétine, ce qui lui permet de participer à l'enregistrement de In the Nightside Eclipse. Lorsque l'étau se resserre, il n'hésite pas à orienter la police sur de fausses pistes (comme Euronymous et Varg Vikernes). Bård Guldvik Eithun est finalement condamné à 14 ans de prison.
Libéré au bout de 9 ans et 4 mois, il sort en 2003. Beaucoup attendaient de voir quelle suite Faust allait donner à sa carrière.
Pourtant l'ex-Emperor n'a pas attendu pour continuer à s'investir dans la musique. Passé à l'écriture, il offre des textes à Disiplin, Sigh et Wurdulak, devenant même le parolier attitré de Zyklon, le nouveau groupe de Samoth. Avant 2003, Faust est également crédité comme guest-musicien sur des albums d'Aborym, Cadaver Inc., Disiplin, Sirius et Ulver. A peine sorti, le Norvégien croule sous les propositions, la plus médiatique restant son éphémère collaboration avec un autre ancien taulard: Jon Nödtveidt. En désaccord avec les positions extrêmes du leader de Dissection, Bård G. Eithun prend la tangente. En 2005/2006, Faust est membre à part entière de Scum (one shot black/punk avec membres de Zyklon, Amen, Turbonegro et Mindgrinder), Bomberos (hardcore/punk avec Maniac de Mayhem), Blood Tsunami (thrash metal) et Aborym (black indus italien). Est ce tout? Evidemment non. Familier de metal-archives, je n'ai pas manqué de repérer dans son CV un patronyme inconnu: Hesperus Dimension. Un vieux projet? Nope, une formation polonaise basée à Gdansk (Danzig en Allemand).
Commençons avec un peu de mythologie grecque. Hespéros symbolisait la lumière de la nuit, Éosphoros se chargeant de celle du matin... jusqu'à ce que les Anciens réalisent que ces 2 divinités désignaient le même astre: Vénus. Une fois rayées du panthéon, leurs tâches furent attribuées à Hermès (pas le dieu des sacs à mains, l'autre). Blague à part, à la fin de l'été 2000 le sieur Nahald (Slawomir Nietupski) fourmille de projets. Le split de Nocturn (black metal) donne l'occasion à ce multi-instrumentiste de se lancer de nouveaux défis. Cependant la plupart sont rapidement abandonnés au profit de Hesperus Dimension. En compagnie de Marthrum et Smaga, les guitaristes de Nocturn, Nahald met en boite une première Demo. Malheureusement l'enregistrement est détruit à la suite d'erreurs de manipulation. Peu après le statut de Smaga passe de membre permanent à guest récurrent. Faut-il y voir un lien de cause à effet? Sans doute pas, quoi qu'il en soit cette anecdote me rappelle une péripétie vécue par les Norvégiens de Dimmu Borgir pour Spiritual Black Dimensions (voir la citation d'Astennu dans ma kro). Bref, revenons-en aux Polonais. Un remplaçant à Smaga est envisagé, notamment en vue de prestations live, mais l'option est abandonnée. Le duo Nahald/Marthrum poursuit le processus d'écriture, peaufinant son style.
Au printemps 2005 l'heure est venue de concrétiser.
Le 1er EP de Hesperus Dimension se nomme Mental Electricity. Enregistré au Lorak Cave Institute, il comprend 3 titres et bénéficie de l'apport de plusieurs guests. A propos des crédits: Nahald cumule vocaux black, claviers, programmation et samples. Marthrum assume la totalité des parties de guitares et quelques bidouillages additionnels. Le producteur Lorak contribue aussi aux arrangements. Au rayon des guests, Zvierzak (Piotr Kawalerowski) se charge de toutes les parties de basse. Membre originel de Yattering (la Demo Abyss... de 1995), il a ensuite écumé les groupes de death metal: Ghost, Mess Age, Noizzer. Le morceau-titre Mental Electricity bénéficie de passages narratifs et growlés signés Raaf (Rafal Kawalerowski), le frère de Zvierzak. Frontman de Mess Age, Raaf a également côtoyé Nahald au sein de Painful Joy (thrash indus). On retrouve Bård G. Eithun à la narration du 2nd morceau: Through Drowsy Daydreams. De son côté, Sasza Janowicz apparait sur les 2 parties de Numbness Coming from the Sink (plages 3 et 4). D'origine biélorusse, cet acteur de théâtre s'est installé en Australie au début des années 2000. Egalement journaliste, il contribue à la reconnaissance de la culture slave, traduisant en anglais de multiples oeuvres russes et polonaises. Mention à son chant clair 'garmien'.
Mental Electricity démarre on ne peut mieux. Ce mid-tempo lancinant enrobé de claviers spatiaux et de voix samplées, désincarnées... L'espace d'un instant on croirait presque entendre Diablerie jouer du Thorns. Rien que ça. De sacrées références qui donnent forcément envie d'en entendre plus. Les 17 minutes de l'EP, au goût de trop peu, confirment cette impression: à défaut d'innover le black indus des Polonais est vraiment bien foutu. La production est à la hauteur du travail d'écriture. On sent que rien n'est du au hasard, que chaque détail a été minutieusement pensé et agencé. Pour autant l'ensemble déborde d'énergie et de fraicheur, à l'image des excellentes parties de guitare de Marthrum. Du mid-tempo groovy à la frénésie, chacun de ses riffs fait mouche. A l'arrière plan, son travail mélodique complète le panorama. Le très scandinave Through Drowsy Daydreams illustre bien ce contraste entre la fougue des couplets et les arpèges du break. Rythmiquement les Polonais assurent, avec une BAR de bonne facture et un bassiste d'expérience parfaitement audible. Quant aux claviers/samples, ils sont, vous vous en doutez, d'une importance capitale. A noter l'atmosphère brumeuse façon Silent Hill de l'introductif Numbness Coming from the Sink Part 1.
Disponible en free download sur leur site officiel, Mental Electricity ne possédait qu'un seul point faible, son livret imprimable, si vilain (artwork embarrassant, typo illisible) qu'on n'en trouve a priori plus la trace sur le net. Si certains souhaitent jeter un oeil au visuel d'origine, faites-le moi savoir dans les commentaires, je le scannerais. Ceci étant dit, mieux vaut ne pas se fier aux apparences. Les trop rares privilégiés à avoir découvert cet EP à l'époque s'accordaient sur un point: l'énorme potentiel des Polonais. Plusieurs labels étaient sur les rangs et, effet d'annonce ou pas, Faust aurait déclaré vouloir enregistrer les parties de batterie d'un hypothétique 1er album.
Si de nouveaux morceaux ont bel et bien été composés, ce projet n'a pas abouti. Pourtant l'intérêt suscité par Hesperus Dimension était bien réel, notamment en Espagne, où différentes structures ont réédité Mental Electricity. Quant aux collectionneurs, l'édition limitée parue en 2007 chez Diachell Musik comprenait 2 inédits et une reprise de Thorns (ainsi qu'un poster). Je vous ai mis l'édition d'origine en partage sur dropbox, profitez-en: ICI
Les Polonais sont revenus à la charge en 2008 avec un 2ème EP The Cyclothymic Panopticon à côté duquel je suis passé, croyant le groupe dissous. Faute de deal viable, il n'a de toute façon pas tardé à rejoindre l'immense charnier des projets prometteurs tués dans l'oeuf. Mais aussi étonnant que ça puisse paraitre, j'ai récemment découvert que Hesperus Dimension préparait un retour en grande pompe. Le trailer ci-dessous annonce la sortie d'un nouvel enregistrement le 12 mars, accompagné d'encouragements de membres de Winds, Borknagar, Red Harvest... Le cycle recommence, inlassablement...
Si vous aimez le black industriel et que l'éponyme de Thorns ou le Seraphyde de Diablerie sont vos albums de chevet, Hesperus Dimension devrait vous plaire.
Rédigé par : forlorn | 2005 | Nb de lectures : 2182
Je ne connaissais pas ce groupe mais cet EP me rappelle certaines choses... :)
Ma préférence va au second morceau, personnellement...
Ivan Grozny Membre enregistré
Posté le: 15/02/2016 à 21h18 - (31915)
Merci pour le dropbox, je me l'écoute demain
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Libéré au bout de 9 ans et 4 mois, il sort en 2003. Beaucoup attendaient de voir quelle suite Faust allait donner à sa carrière.
Pourtant l'ex-Emperor n'a pas attendu pour continuer à s'investir dans la musique. Passé à l'écriture, il offre des textes à Disiplin, Sigh et Wurdulak, devenant même le parolier attitré de Zyklon, le nouveau groupe de Samoth. Avant 2003, Faust est également crédité comme guest-musicien sur des albums d'Aborym, Cadaver Inc., Disiplin, Sirius et Ulver. A peine sorti, le Norvégien croule sous les propositions, la plus médiatique restant son éphémère collaboration avec un autre ancien taulard: Jon Nödtveidt. En désaccord avec les positions extrêmes du leader de Dissection, Bård G. Eithun prend la tangente. En 2005/2006, Faust est membre à part entière de Scum (one shot black/punk avec membres de Zyklon, Amen, Turbonegro et Mindgrinder), Bomberos (hardcore/punk avec Maniac de Mayhem), Blood Tsunami (thrash metal) et Aborym (black indus italien). Est ce tout? Evidemment non. Familier de metal-archives, je n'ai pas manqué de repérer dans son CV un patronyme inconnu: Hesperus Dimension. Un vieux projet? Nope, une formation polonaise basée à Gdansk (Danzig en Allemand).
Commençons avec un peu de mythologie grecque. Hespéros symbolisait la lumière de la nuit, Éosphoros se chargeant de celle du matin... jusqu'à ce que les Anciens réalisent que ces 2 divinités désignaient le même astre: Vénus. Une fois rayées du panthéon, leurs tâches furent attribuées à Hermès (pas le dieu des sacs à mains, l'autre). Blague à part, à la fin de l'été 2000 le sieur Nahald (Slawomir Nietupski) fourmille de projets. Le split de Nocturn (black metal) donne l'occasion à ce multi-instrumentiste de se lancer de nouveaux défis. Cependant la plupart sont rapidement abandonnés au profit de Hesperus Dimension. En compagnie de Marthrum et Smaga, les guitaristes de Nocturn, Nahald met en boite une première Demo. Malheureusement l'enregistrement est détruit à la suite d'erreurs de manipulation. Peu après le statut de Smaga passe de membre permanent à guest récurrent. Faut-il y voir un lien de cause à effet? Sans doute pas, quoi qu'il en soit cette anecdote me rappelle une péripétie vécue par les Norvégiens de Dimmu Borgir pour Spiritual Black Dimensions (voir la citation d'Astennu dans ma kro). Bref, revenons-en aux Polonais. Un remplaçant à Smaga est envisagé, notamment en vue de prestations live, mais l'option est abandonnée. Le duo Nahald/Marthrum poursuit le processus d'écriture, peaufinant son style.
Au printemps 2005 l'heure est venue de concrétiser.
Le 1er EP de Hesperus Dimension se nomme Mental Electricity. Enregistré au Lorak Cave Institute, il comprend 3 titres et bénéficie de l'apport de plusieurs guests. A propos des crédits: Nahald cumule vocaux black, claviers, programmation et samples. Marthrum assume la totalité des parties de guitares et quelques bidouillages additionnels. Le producteur Lorak contribue aussi aux arrangements. Au rayon des guests, Zvierzak (Piotr Kawalerowski) se charge de toutes les parties de basse. Membre originel de Yattering (la Demo Abyss... de 1995), il a ensuite écumé les groupes de death metal: Ghost, Mess Age, Noizzer. Le morceau-titre Mental Electricity bénéficie de passages narratifs et growlés signés Raaf (Rafal Kawalerowski), le frère de Zvierzak. Frontman de Mess Age, Raaf a également côtoyé Nahald au sein de Painful Joy (thrash indus). On retrouve Bård G. Eithun à la narration du 2nd morceau: Through Drowsy Daydreams. De son côté, Sasza Janowicz apparait sur les 2 parties de Numbness Coming from the Sink (plages 3 et 4). D'origine biélorusse, cet acteur de théâtre s'est installé en Australie au début des années 2000. Egalement journaliste, il contribue à la reconnaissance de la culture slave, traduisant en anglais de multiples oeuvres russes et polonaises. Mention à son chant clair 'garmien'.
Mental Electricity démarre on ne peut mieux. Ce mid-tempo lancinant enrobé de claviers spatiaux et de voix samplées, désincarnées... L'espace d'un instant on croirait presque entendre Diablerie jouer du Thorns. Rien que ça. De sacrées références qui donnent forcément envie d'en entendre plus. Les 17 minutes de l'EP, au goût de trop peu, confirment cette impression: à défaut d'innover le black indus des Polonais est vraiment bien foutu. La production est à la hauteur du travail d'écriture. On sent que rien n'est du au hasard, que chaque détail a été minutieusement pensé et agencé. Pour autant l'ensemble déborde d'énergie et de fraicheur, à l'image des excellentes parties de guitare de Marthrum. Du mid-tempo groovy à la frénésie, chacun de ses riffs fait mouche. A l'arrière plan, son travail mélodique complète le panorama. Le très scandinave Through Drowsy Daydreams illustre bien ce contraste entre la fougue des couplets et les arpèges du break. Rythmiquement les Polonais assurent, avec une BAR de bonne facture et un bassiste d'expérience parfaitement audible. Quant aux claviers/samples, ils sont, vous vous en doutez, d'une importance capitale. A noter l'atmosphère brumeuse façon Silent Hill de l'introductif Numbness Coming from the Sink Part 1.
Disponible en free download sur leur site officiel, Mental Electricity ne possédait qu'un seul point faible, son livret imprimable, si vilain (artwork embarrassant, typo illisible) qu'on n'en trouve a priori plus la trace sur le net. Si certains souhaitent jeter un oeil au visuel d'origine, faites-le moi savoir dans les commentaires, je le scannerais. Ceci étant dit, mieux vaut ne pas se fier aux apparences. Les trop rares privilégiés à avoir découvert cet EP à l'époque s'accordaient sur un point: l'énorme potentiel des Polonais. Plusieurs labels étaient sur les rangs et, effet d'annonce ou pas, Faust aurait déclaré vouloir enregistrer les parties de batterie d'un hypothétique 1er album.
Si de nouveaux morceaux ont bel et bien été composés, ce projet n'a pas abouti. Pourtant l'intérêt suscité par Hesperus Dimension était bien réel, notamment en Espagne, où différentes structures ont réédité Mental Electricity. Quant aux collectionneurs, l'édition limitée parue en 2007 chez Diachell Musik comprenait 2 inédits et une reprise de Thorns (ainsi qu'un poster). Je vous ai mis l'édition d'origine en partage sur dropbox, profitez-en: ICI
Les Polonais sont revenus à la charge en 2008 avec un 2ème EP The Cyclothymic Panopticon à côté duquel je suis passé, croyant le groupe dissous. Faute de deal viable, il n'a de toute façon pas tardé à rejoindre l'immense charnier des projets prometteurs tués dans l'oeuf. Mais aussi étonnant que ça puisse paraitre, j'ai récemment découvert que Hesperus Dimension préparait un retour en grande pompe. Le trailer ci-dessous annonce la sortie d'un nouvel enregistrement le 12 mars, accompagné d'encouragements de membres de Winds, Borknagar, Red Harvest... Le cycle recommence, inlassablement...
Si vous aimez le black industriel et que l'éponyme de Thorns ou le Seraphyde de Diablerie sont vos albums de chevet, Hesperus Dimension devrait vous plaire.
Rédigé par : forlorn | 2005 | Nb de lectures : 2182