EYEKON vs SCENERY CHANNEL (Autoprod.) - 20/12/2014 @ 22h36
Cette chronique un peu particulière regroupe 2 groupes scandinaves en raison de leurs points communs: - leur orientation musicale
- la présence d'au moins un musicien confirmé dans leurs rangs
- l'usage du téléchargement libre comme moyen de promotion
EYEKON
Stockholm, l'année 1994. Guitariste chez les death metalleux de Devoured, Victor Takala a des envies d'ailleurs. Voisin de palier de Katatonia, il les dépanne live à 2 occasions. Attiré par le metal prog, le Suédois délaisse son instrument pour le chant et fonde Mindwatch au printemps 1995. Le line-up originel comprend le guitariste Mattias Lindblad, le bassiste Mikael Oretoft (ex-Devoured), le batteur Bjarne Gudmundsson (ex-Moment 22, futur Scaar) et le claviériste Niko Salomaa. Quelques mois plus tard, le groupe a mis en boite une Demo 2 titres et changé de section rythmique, Mikael Oretoft ayant rejoint Katatonia à titre permanent. Les nouveaux venus sont également issus de la scène death, il s'agit du bassiste Stefan Guteklint (ex-Moment 22, ex-Opeth, ex-Tingod) et du batteur Joakim Borén (Zero Gravity Camels, ex-Ethnocide, ex-Gein). En 1996, Mindwatch change de claviériste et intègre Anders Hortin (Bogusville). En 1997, leur nouveau bassiste n'est autre que Guillaume Le Huche (aka Israphel Wing ex-Katatonia et futur Mynjun). En dépit de son line-up volatile, Mindwatch parvient à mettre en boite une autre Demo 3 titres en décembre. L'année 1998 marque les départs de Guillaume Le Huche et du guitariste/cofondateur Mattias Lindblad. Cette fois Mindwatch n'existe plus. Mais ce n'est pas la fin de l'aventure...
Pas découragé par ces aléas de l'underground, Victor Takala reprend son rôle de guitariste et renomme son groupe Eyekon. Joakim Borén et Anders Hortin sont toujours de la partie, le bassiste Thomas Grossman (Bogusville, Zero Gravity Camels) complète la formation. Le line-up d'Eyekon ne bougera plus. En 1999 le quartet enregistre Lost Not Found, une Demo-album de 7 titres, mais ne parvient pas à décrocher de deal. Les Suédois serrent les dents et peaufinent leur style, un metal prog élégant et suave. Eyekon enregistre 2 Demos supplémentaires, Hearsay (2001) et Tabula Rasa (2003), avant de rendre les armes. Friand de biographies, d'anecdotes et autres parcours individuels, je profitais de la mise en service de metal-archives (2002) pour me renseigner sur Katatonia et Opeth. Intrigué de voir le nom d'Eyekon se répéter, une visite de leur site officiel m'a permis de repartir avec leurs derniers enregistrements, à l'époque offerts en téléchargement libre. Que les choses soient claires, Eyekon maitrisait son sujet. Maturité et professionnalisme sont au rendez-vous. Entre la qualité de leurs compositions et le succès rencontré par leurs compatriotes d'Andromeda, Eyekon semblait avoir de bonnes cartes en mains. Moins démonstratif et plus raffiné, leur metal prog a probablement semblé trop lisse, à l'image du chant de Victor Takala. A bien écouter Tabula Rasa, les influences d'Eyekon sont en réalité plus à chercher du côté de l'école américaine, quelque part entre Enchant et un Spock's Beard introspectif. 10 ans plus tard, il ne reste plus de sources audio/vidéo disponibles. Eyekon n'en mérite pas moins qu'on témoigne de son existence.
Edit du 28/12/2015: Pour découvrir les Demos Hearsay (2001) et Tabula Rasa (2003): voir ICI
SCENERY CHANNEL
L'impressionnant succès rencontré par Something Wild, le 1er album de Children of Bodom, est à l'origine d'une véritable invasion finlandaise. Mixant influences extrêmes et héritage heavy metal, ces groupes ont tous en commun d'accorder une importance capitale aux claviers. Dans un tel contexte, certains musiciens n'ont pas manqué de se distinguer, comme Janne Warman et plus tard Marco Sneck. Omniprésent à cette époque, l'un d'eux a pourtant quitté le devant de la scène et semble désormais oublié. Son nom? Pasi Hiltula. Inconnu au bataillon? On va s'y prendre autrement. Si je vous dis: Chaotic Beauty, Swamplord, A Virgin and a Whore... voila vous y êtes, c'est bien le claviériste qui partageait son temps entre Eternal Tears of Sorrow et Kalmah. Son bilan avec eux? 5 albums enregistrés entre 1999 à 2004. La raison de son départ? Scenery Channel. Suivre la piste de ce claviériste m'a conduit à découvrir "son" groupe. Maintenant c'est à votre tour.
Le guitariste Tommi Inkilä et Pasi Hiltula fondent Scenery Channel en janvier 1999. Les choses sérieuses débutent l'année suivante avec l'intégration du chanteur Mikko Lankinen. La moyenne d'âge de ces Finlandais n'est alors que de 17 ans mais ne constitue en rien un frein à leur motivation. Leur Demo Quickshow est d'ailleurs bien reçue, assez pour remporter un tremplin devant 200 participants. La récompense? Se produire au Tavastia, un club réputé de la capitale. Paru en 2001, l'EP Grey ne leur permet pas d'enfoncer le clou. Outre les engagements de Pasi Hiltula, diverses contraintes freinent leur progression comme leurs obligations militaires ou leurs difficultés à garder un bassiste. Pour Scenery Channel, l'horizon se dégage en 2003. En plaçant leur EP Fallen Leaf en téléchargement libre sur leur site officiel, les Finlandais s'adressent désormais au monde entier et les réactions ne se font pas attendre. Je découvre leur rock prog mâtiné de metal et de pop à cette occasion. Peu après le bassiste Nipa Lahdenperä les rejoint à titre permanent et Pasi Hiltula choisit de se consacrer exclusivement à Scenery Channel. Sur une bonne dynamique, le quintet ne met que 6 mois à composer et enregistrer un 4ème EP. Dark Light parait en 2004 et se retrouve à son tour placé en téléchargement libre.
Si la réputation de Pasi Hiltula le précède, qu'en est-il de ses camarades de jeu sur Fallen Leaf? La section rythmique 'souple et solide à la fois' (Jack Beauregard style) remplit son office, grâce à des compositions aux structures aérées et une production adaptée. L'aisance technique de Tommi Inkilä (ses soli en imposent) et sa complémentarité avec le sieur Hiltula sont les principaux atouts de Scenery Channel. Complémentarité qui se vérifie sur Air to Breathe, morceau où les Finlandais exploitent au maximum leur potentiel. Leur point faible? Le chanteur Mikko Lankinen qui en insupportera beaucoup par son style mièvre et sans relief, culminant sur la ridicule ballade Dream with Me. La sortie dans la foulée de l'EP Dark Light parait prématurée. Pourtant le groupe a effectué quelques ajustements. Les premiers titres dévoilent un Tommi Inkilä conquérant, occupant l'espace de ses riffs. A l'avenant, la production semble plus consistante et organique. Le dernier morceau Caged by the Dark est une composition ambitieuse de plus de 10 minutes où Pasi Hiltula reprend l'ascendant grâce à un panel de sons dont il a le secret. Sur cet EP, Mikko Lankinen tente d'apporter un peu de caractère et de nuances à son chant, mais je ne suis pas vraiment client de son registre maniéré. C'est dommage car musicalement Scenery Channel tient la route et le prouvera 2 ans plus tard avec un album qui sera bien accueilli. Mais ceci est une autre histoire.
Dark Light (EP 2004)
1. Silence Like a Scream voir ICI
2. Beacon voir ICI
3. Caged by the Dark voir ICI
Rédigé par : forlorn | 2004 | Nb de lectures : 1774
La musique de Scenery Channel est intéressante, notamment Caged by the Dark, mais c'est vrai que le chant est quelque peu problématique (même si on peut se forcer à s'y faire... :)).
forlorn Membre enregistré
Posté le: 29/12/2015 à 00h06 - (31840)
1 an après la publication de cette chronique, je viens de mettre à disposition (via dropbox) les 2 dernières Demos d'Eyekon. Profitez-en.
Niveau de modération : Commentaires non modérés par l'administration du site
Ce commentaire est soumis à la lecture et à l'approbation des modérateurs.
S'il ne suit pas les règles suivantes : Pas de pub, pas de lien web, pas d'annonces de concerts, il ne sera pas retenu. Plus d'infos
- la présence d'au moins un musicien confirmé dans leurs rangs
- l'usage du téléchargement libre comme moyen de promotion
EYEKON
Stockholm, l'année 1994. Guitariste chez les death metalleux de Devoured, Victor Takala a des envies d'ailleurs. Voisin de palier de Katatonia, il les dépanne live à 2 occasions. Attiré par le metal prog, le Suédois délaisse son instrument pour le chant et fonde Mindwatch au printemps 1995. Le line-up originel comprend le guitariste Mattias Lindblad, le bassiste Mikael Oretoft (ex-Devoured), le batteur Bjarne Gudmundsson (ex-Moment 22, futur Scaar) et le claviériste Niko Salomaa. Quelques mois plus tard, le groupe a mis en boite une Demo 2 titres et changé de section rythmique, Mikael Oretoft ayant rejoint Katatonia à titre permanent. Les nouveaux venus sont également issus de la scène death, il s'agit du bassiste Stefan Guteklint (ex-Moment 22, ex-Opeth, ex-Tingod) et du batteur Joakim Borén (Zero Gravity Camels, ex-Ethnocide, ex-Gein). En 1996, Mindwatch change de claviériste et intègre Anders Hortin (Bogusville). En 1997, leur nouveau bassiste n'est autre que Guillaume Le Huche (aka Israphel Wing ex-Katatonia et futur Mynjun). En dépit de son line-up volatile, Mindwatch parvient à mettre en boite une autre Demo 3 titres en décembre. L'année 1998 marque les départs de Guillaume Le Huche et du guitariste/cofondateur Mattias Lindblad. Cette fois Mindwatch n'existe plus. Mais ce n'est pas la fin de l'aventure...
Pas découragé par ces aléas de l'underground, Victor Takala reprend son rôle de guitariste et renomme son groupe Eyekon. Joakim Borén et Anders Hortin sont toujours de la partie, le bassiste Thomas Grossman (Bogusville, Zero Gravity Camels) complète la formation. Le line-up d'Eyekon ne bougera plus. En 1999 le quartet enregistre Lost Not Found, une Demo-album de 7 titres, mais ne parvient pas à décrocher de deal. Les Suédois serrent les dents et peaufinent leur style, un metal prog élégant et suave. Eyekon enregistre 2 Demos supplémentaires, Hearsay (2001) et Tabula Rasa (2003), avant de rendre les armes. Friand de biographies, d'anecdotes et autres parcours individuels, je profitais de la mise en service de metal-archives (2002) pour me renseigner sur Katatonia et Opeth. Intrigué de voir le nom d'Eyekon se répéter, une visite de leur site officiel m'a permis de repartir avec leurs derniers enregistrements, à l'époque offerts en téléchargement libre. Que les choses soient claires, Eyekon maitrisait son sujet. Maturité et professionnalisme sont au rendez-vous. Entre la qualité de leurs compositions et le succès rencontré par leurs compatriotes d'Andromeda, Eyekon semblait avoir de bonnes cartes en mains. Moins démonstratif et plus raffiné, leur metal prog a probablement semblé trop lisse, à l'image du chant de Victor Takala. A bien écouter Tabula Rasa, les influences d'Eyekon sont en réalité plus à chercher du côté de l'école américaine, quelque part entre Enchant et un Spock's Beard introspectif. 10 ans plus tard, il ne reste plus de sources audio/vidéo disponibles. Eyekon n'en mérite pas moins qu'on témoigne de son existence.
Edit du 28/12/2015: Pour découvrir les Demos Hearsay (2001) et Tabula Rasa (2003): voir ICI
SCENERY CHANNEL
L'impressionnant succès rencontré par Something Wild, le 1er album de Children of Bodom, est à l'origine d'une véritable invasion finlandaise. Mixant influences extrêmes et héritage heavy metal, ces groupes ont tous en commun d'accorder une importance capitale aux claviers. Dans un tel contexte, certains musiciens n'ont pas manqué de se distinguer, comme Janne Warman et plus tard Marco Sneck. Omniprésent à cette époque, l'un d'eux a pourtant quitté le devant de la scène et semble désormais oublié. Son nom? Pasi Hiltula. Inconnu au bataillon? On va s'y prendre autrement. Si je vous dis: Chaotic Beauty, Swamplord, A Virgin and a Whore... voila vous y êtes, c'est bien le claviériste qui partageait son temps entre Eternal Tears of Sorrow et Kalmah. Son bilan avec eux? 5 albums enregistrés entre 1999 à 2004. La raison de son départ? Scenery Channel. Suivre la piste de ce claviériste m'a conduit à découvrir "son" groupe. Maintenant c'est à votre tour.
Le guitariste Tommi Inkilä et Pasi Hiltula fondent Scenery Channel en janvier 1999. Les choses sérieuses débutent l'année suivante avec l'intégration du chanteur Mikko Lankinen. La moyenne d'âge de ces Finlandais n'est alors que de 17 ans mais ne constitue en rien un frein à leur motivation. Leur Demo Quickshow est d'ailleurs bien reçue, assez pour remporter un tremplin devant 200 participants. La récompense? Se produire au Tavastia, un club réputé de la capitale. Paru en 2001, l'EP Grey ne leur permet pas d'enfoncer le clou. Outre les engagements de Pasi Hiltula, diverses contraintes freinent leur progression comme leurs obligations militaires ou leurs difficultés à garder un bassiste. Pour Scenery Channel, l'horizon se dégage en 2003. En plaçant leur EP Fallen Leaf en téléchargement libre sur leur site officiel, les Finlandais s'adressent désormais au monde entier et les réactions ne se font pas attendre. Je découvre leur rock prog mâtiné de metal et de pop à cette occasion. Peu après le bassiste Nipa Lahdenperä les rejoint à titre permanent et Pasi Hiltula choisit de se consacrer exclusivement à Scenery Channel. Sur une bonne dynamique, le quintet ne met que 6 mois à composer et enregistrer un 4ème EP. Dark Light parait en 2004 et se retrouve à son tour placé en téléchargement libre.
Si la réputation de Pasi Hiltula le précède, qu'en est-il de ses camarades de jeu sur Fallen Leaf? La section rythmique 'souple et solide à la fois' (Jack Beauregard style) remplit son office, grâce à des compositions aux structures aérées et une production adaptée. L'aisance technique de Tommi Inkilä (ses soli en imposent) et sa complémentarité avec le sieur Hiltula sont les principaux atouts de Scenery Channel. Complémentarité qui se vérifie sur Air to Breathe, morceau où les Finlandais exploitent au maximum leur potentiel. Leur point faible? Le chanteur Mikko Lankinen qui en insupportera beaucoup par son style mièvre et sans relief, culminant sur la ridicule ballade Dream with Me. La sortie dans la foulée de l'EP Dark Light parait prématurée. Pourtant le groupe a effectué quelques ajustements. Les premiers titres dévoilent un Tommi Inkilä conquérant, occupant l'espace de ses riffs. A l'avenant, la production semble plus consistante et organique. Le dernier morceau Caged by the Dark est une composition ambitieuse de plus de 10 minutes où Pasi Hiltula reprend l'ascendant grâce à un panel de sons dont il a le secret. Sur cet EP, Mikko Lankinen tente d'apporter un peu de caractère et de nuances à son chant, mais je ne suis pas vraiment client de son registre maniéré. C'est dommage car musicalement Scenery Channel tient la route et le prouvera 2 ans plus tard avec un album qui sera bien accueilli. Mais ceci est une autre histoire.
Dark Light (EP 2004)
1. Silence Like a Scream voir ICI
2. Beacon voir ICI
3. Caged by the Dark voir ICI
Rédigé par : forlorn | 2004 | Nb de lectures : 1774