Nous autres fans de métal sommes certainement plus que les autres sensibles à une belle présentation (l’appréciation de ce qui est beau ou pas étant bien entendu grandement subjective)… Combien d’albums avons-nous acheté ou tout au moins écouté simplement parce que l’artwork nous plaisait ? A combien d’autres avons-nous donné une chance parce qu’un riff nous rappelait l’un de nos groupes fétiches ? Et combien de fois avons-nous été déçus par la suite ?

C’est pourtant encore souvent de cette manière que nous procédons quand nous n’avons pas d’autres infos à nous mettre sous la dent, et c’est donc ainsi que le premier album d’eOn (pour Element Of Noise) est arrivé dans ma boîte aux lettres : une jolie illustration mi-zombie, mi-apocalyptique avec de belles nuances de couleur et quelques clins d’œil à MAIDEN au sein d’un metal brutal trempé dans le hardcore. Ce n’est pourtant qu’une infime partie de ce que proposent les Toulonnais, qui ont mis le temps à pondre ce premier effort mais qui ont visiblement utilisé à bon escient les « 27 jours de studio, 243 heures de travail, 95 riffs de gratte, 85 litres de café et 50 kilos de nouilles » avec lesquels ils se résument en chiffres.

A la fois metal, voire thrash tendance bourrin, heavy pour ces mélodies chipées à MAIDEN, emo pour le chant toujours sur la brèche et des refrains typiques, un poil punk au détour de certains riffs, eOn fait preuve d’une maturité et d’une personnalité que beaucoup pourraient leur envier. Certes, en dix ans ils ont eu le temps de se construire en tant que groupe, mais il n’en reste pas moins qu’assimiler autant d’influences et les ressortir aussi efficacement sous cette forme de metalcore plutôt atypique mérite d’être salué. Imaginez MOST PRECIOUS BLOOD rencontrant SODOM sur la route d’une soirée chez MAIDEN avec PANTERA en invité mystère, ça a de la gueule sur le papier et ça déboîte méchamment quand on lance la lecture du CD ! Que ceux qui craindraient de ne pas supporter les plans émo ou d’autres les passages thrash, que ceux encore qui seraient sûrs d’être totalement paumés dans cet enchevêtrement d’influences se rassurent, « Unscared » est parfaitement digeste et avec 2 min 40 secondes en moyenne par titre on n’a pas vraiment le temps de se poser trop de questions, encore moins de s’emmerder.

Impossible de dire si ce premier album aura les retours qu’il mérite et permettra au groupe de continuer à monter en puissance ; tout ce qu’on peut faire à l’heure actuelle c’est les encourager, aller acheter « Unscared » et le faire circuler autant que possible. Il n’est pas parfait, notamment à cause de ce son de basse fatiguant qui a tendance à déborder sur les fréquences avoisinantes et de quelques titres en dessous des autres (« Several Truth » par exemple), mais contient tellement de bonnes choses qu’il faut le savourer !


Rédigé par : Dungorpat | 15/20 | Nb de lectures : 11042