- - - ? Pour faire plus dépouillé et plus difficile à nommer, il faut quand même se lever matin non ? Mais apparemment pour le musicien Suédois anonyme derrière le projet - - -, seule la musique ne compte et rien d'autre.
Déjà auteur d'une première démo écoutable ici : http://preposterouscreations.bandcamp.com/album/- et d'une deuxième miraculeusement retrouvée par le musicien et offerte en téléchargement ici : https://soundcloud.com/preposterouscreations/sets/unreleased-demo-ii , - - - arrive donc aujourd'hui avec DAWNING sur ce split bien sympathique.

Premier à ouvrir le feu sur ce split, - - - propose une sorte de Black/death atmosphérico/symphonique plutôt étrange. Les riffs de guitare sont très death dans leur forme mais ils finissent toujours par se laisser gagner par de sombres mélodies qui les entraînent sur les rivages du Dark Metal. Posés sur une batterie bourrine et nerveuse (de toute évidence programmée), les riffs servent un chant guttural qui se voit parfois complété par des chœurs du meilleur effet. Bien que très "cru", le son laisse entendre toutes les subtilités des orchestrations et si le coté très dépouillé et clinique de l'ensemble peut gêner à certains moments, on se laisse vite prendre dans les méandres de - - - sorte de chaînon manquant entre le death primaire et le black épique.

Le deuxième groupe, DAWNING, nous vient du vieux continent et existe depuis 1995. Ils sont parmi les pionniers du black Metal Américain.
A leurs tout débuts, ils pratiquaient un sorte de metal extrême tirant fortement sur le Doom avant de faire évoluer leur son vers quelque chose d'encore plus lugubre et extrême.
Malheureusement frappés par le coup du sort, ils ont loupé le coche avec leur signature avortée avec le label Necropolis. Après cette désillusion liés au "bizness", le groupe s'est détérioré et a plus ou moins disparu dans la nature... jusqu'en 2012.
Entre temps, certains anciens membres du groupe sont partis dans d'autres directions musicales (l'histoire de DAWNING se mêle à celle de PALE EXISTENCE puisqu'ils ont partagé des musiciens en commun) pendant que Steve Cefala, le leader de DAWNING, tentait une reconversion en Californie sous le nom de Stevie Boy... dans les films pour adultes ! Aujourd'hui revenu vers ses premiers amours musicaux, Cefala a retrouvé ses sombres aspirations artistiques suite à un mail pour la le moins inattendu d'un jeune label Français.
C'est en effet à cette époque que le patron de Preposterous Creations a pris contact avec Steve Cefala afin de voir si il avait complètement laissé tomber la musique. Visiblement désireux de revenir chatouiller de la six cordes et du clavier, le musicien à accepté de ré enregistrer son classique “Divine Arrival of the Massive Hoof” avec un nouveau line up et une nouvelle motivation de tous les diables ! Opération réussie donc pour le label Parisien qui travaille depuis avec les Américains pour un nouvel album prévu en 2014.

En lisant le dossier de presse du groupe, je me suis aperçu que si DAWNING était resté éloigné de la scène musicale pendant plusieurs années, Cefala n'en avait pas pour autant perdu son amour de la musique... et de la composition. Je crois que je peux compter sur les doigts d'une main les fois où j'ai lu dans une "bio" de groupe comment ils conçoivent la composition, l'enregistrement, la superposition des instruments, leurs marques favorites... bref tout un aspect "technique" qu'on ne trouve plus des masses dans les discours des groupes (mais le plus beau, c'est que ce n'est pas chiant !).
Ici, le compositeur de DAWNING explique comment il crée des échafaudages musicaux maléfiques, comment il sélectionne ses effets pour en arriver à ces sonorités éthérées et combien il est passionné par les sonorités des synthétiseurs Roland JV- 80 et Roland JV-1010... pourvoyeurs selon lui de sonorités psychédéliques absolument uniques (les amateurs apprécieront). Bref, DAWNING aime le son et les instruments... ce qui lui est plutôt bien rendu au travers de ces quelques minutes de musique envolée et mélancolique.

Long de plus de 10 minutes, l'unique morceau "Divine Arrival of the massive horn" couvre assez bien toutes les influences les plus sombres du groupe. On démarre au départ sur de lugubres et étranges plages atmosphériques et ambiantes avant qu'un lourd tempo ne vienne démarrer les hostilités en écrasant les nappes de clavier de résonnants accords de guitares vraiment compacts et massifs (comme l'explique le chanteur, ils mêlent le poids du Doom aux sonorités acides du black).
La voix est elle aussi très étrange car chuchotée et presque retenue. Cefala explique qu'a ses débuts il ne savait pas projeter sa voix et qu'il se contentait de murmurer de son timbre étrange et écorché.
Lorsqu'en milieu de chanson, le tempo s'affole et découvre une facette black furibonde, le chant continue d'être dans une certaine retenue...ce qui confère à l'ensemble un caractère étrange et envoûtant. Le final se termine presque comme il a commencé avec un tempo martelé par une batterie écrasante mais aérée, une basse mélodieuse et puissante et un clavier vraiment efficace ! Un titre vraiment envoûtant qui laisse entrevoir du meilleur pour la suite !

Un split bien sympathique au final, très cohérent malgré de gros écarts stylistiques entre les deux combos. Vraiment cool.


Rédigé par : Pamalach | 14/20 | Nb de lectures : 12065