On savait le ZUUL vindicatif quand il le fallait, on ne le connaissait pas encore vicieux, presque caressant afin d'endormir toute méfiance avant de sortir le poing américain et de marteler la tronche du pauvre couillon qui se serait endormi devant ses enceintes sur le « « « presque » » » dark tranquillien (pas taper, Boz!) « I Want To Kill You Like They Do ». « The Maze », deuxième piste de l'album, est en effet et de loin le morceau le plus bourrin que le groupe ait composé, rappelant le « Suidide Note Pt. 2 » de PANTERA avec un Steeve PETIT possédé derrière le micro, aboyant, growlant ou hurlant comme Corey TAYLOR le faisait dans le temps, avant de tomber le masque. 3min et 47sec d'agression et de haine qui m'ont presque fait me demander si c'était bien le bon groupe que XIII Bis nous avait envoyé.

« Beat The Crap Out » remet les choses à leur place : c'est bien ZUUL FX qui tourne dans la platine, certainement l'un des derniers groupes à ne pas avoir lâché le Néo, qui continue dans une voie qu'on lui a reproché à ses débuts de n'emprunter que par opportunisme et qui prouve avec ce troisième album qu'il n'en était rien. Mais ZUUL FX a également toujours exprimé la volonté d'évoluer, et « The Torture Never Stops » est un nouveau pas vers une affirmation de sa personnalité et la définition d'un univers musical qui lui soit propre. Toujours très rythmique, la formation parisienne joue également beaucoup sur les ambiances et sur les variations du chant de Steeve PETIT, qui n'a certainement jamais été aussi tourmenté et riche. « The Torture Never Stops » est un album très agressif au cours duquel il ne sera accordé que peu de répit à l'auditeur, un album compact qui peut sembler très linéaire et hermétique et qui demande plus d'attention qu'à l'accoutumée si on veut en découvrir toutes les subtilités.

ZUUL FX est depuis ses débuts un groupe tourné vers le live, ses prestations bourrées d'énergie faisant oublier des albums dont l'efficacité ne supportait pas l'épreuve du temps... ce qui pourrait bien changer avec celui-ci, qui regorge de cette puissance dont fait preuve la formation sur scène. L'écriture des morceaux n'est pourtant pas fondamentalement différente, il y a juste cette vibration qui les parcourt qu'on ne trouvait pas avant et qui les rend incroyablement vivants malgré l'absence de riffs marquants ou de refrains spécialement accrocheurs. La voix claire est en effet beaucoup utilisée, mais plus comme un instrument contribuant à modifier l'atmosphère d'un passage. Cet album est construit comme une suite de scénettes, les morceaux semblant liés les uns aux autres comme les scènes d'un film, créant une ambiance particulière à la fois malsaine, brutale, mais qui donne envie d'y revenir. Il repose sur une multitude de détails, de petites mélodies de guitares, de nappes de synthés, un flow particulier, une harmonique ici ou là, un passage de double ; un assemblage d'éléments qui se démarque du schéma classique mais qui confère au disque une intensité peu commune.

Il serait injuste pourtant de ne résumer « The Torture Never Stops » qu'à une ambiance, aussi bonne soit-elle, et quelques titres émergent du magma après quelques écoutes : les deux premiers, que nous avons évoqué au début de cette chronique, mais également « Man Of Silence », avec ce tempo pesant et ce refrain « You've Got My Soul » qui sera certainement l'un des moments forts des prochains concerts du groupe, ou encore « Living Creature » et ce break/solo incroyablement mélodique pour du ZUUL, ou pour finir « Devil Son... », morceau à la fois très rythmique et brutal comme un vieux SLIPKNOT, avec un bon gros refrain au chant clair qui lui ouvrirait presque les portes des Hit Parades, s'ils n'étaient si frileux.

ZUUL FX vient peut-être de nous pondre l'album qu'on attend de lui depuis ses débuts, un album encore marqué par quelques influences aisément identifiables mais qui, compte-tenu de l'évolution des modes, se trouve être l'un des rares disques du style à sortir de nos jours. Un disque extrêmement bien foutu qui plus est, écrit par un groupe qui n'a jamais changé son fusil d'épaule malgré toutes les saloperies qu'on a pu lui balancer et qui a enfin réussi à recréer en studio cette Énergie dont il fait preuve sur scène. Vivement la suite...


Rédigé par : Dungorpat | 15/20 | Nb de lectures : 13813