Depuis la mise au placard du projet Cave-In pour quelques temps, les side-projects des membres fleurissent régulièrement. Celui qui nous intéresse aujourd'hui, ce groupe au nom étrange, est déjà le second du bassiste Caleb Scofield, puisqu'il est par ailleurs le leader d'Old Man Gloom qui accueille en son sein le batteur Santos Montanos, lui aussi présent dans Zozobra. Comme vous le voyez, on ne dépasse pas le cadre de la famille !

Zozobra, comme Old Man Gloom (les choses sont bien faites), est le nom de cette statue brûlée lors d'une fête païenne ancestrale célébrée au fin fond du Nouveau Mexique, que vous commencez à bien connaitre si vous suivez un peu les tribulations de ces hurluberlus. Impossible de savoir par contre à quoi s'attendre en regardant la couverture de l'album, sera-ce du metal bien chaotique comme Cave-In aux débuts ? Du rock planant comme dans la suite de la carrière du groupe ? Du doom/stoner quasi-instrumental comme Old Man Gloom ? Suspense...

'The Blessing' résonne dans mes écouteurs depuis quelques minutes quand je suis saisi d'un vertige assez étourdissant: je connais Cave-In depuis leurs débuts, en 96 ou 97. Pitin, ça fait déjà 10 ans. Me foutent le blues, ces cons! Et ce que j'écoute présentement n'a absolument plus rien à voir avec la musique de l'époque. Qu'il parait loin le metal très chaotique, très noisy des débuts des Bostoniens. On se retrouve ici face à un stoner-rock assez lancinant, aux accents sudistes très prononcés, qui rappelle parfois d'assez loin Old Man Gloom. Les vocaux sont assurés alternativement
par les deux comparses, tantôt hurlés, tantôt chantés, tantôt déformés électroniquement, ce qui finalement évite tout sentiment de lassitude à ce niveau. Le son est loin d'être monolithique comme souvent avec les disques de stoner, le groupe ayant jugé bon d'agrémenter le tout de sonorités electroniques, de boucles et de passages plus calmes et progressifs (rappelant alors les derniers Cave-In) préparant des tempêtes sonores presque noise. L'ensemble n'est pas dénué de personnalité et de recherche et tous les ingrédients sont presque réunis pour en faire un grand disque du genre.

Presque ? Il manque en effet ce je-ne-sais-quoi de magique qui caractérise les albums mémorables, ce zeste de folie ou de brio qui sépare le bon grain de l'ivraie. Les titres sont tous parfaitement exécutés, le groupe ne verse pas dans la facilité en proposant des riffs toujours sensiblement différents, pour certains originaux, des variations intéressantes sur des thèmes généralement bien trop classiques. Le principal défaut qu'on puisse reprocher à cet album est donc qu'il ne décolle jamais, un morceau comme 'Soon To Follow' en est le symbole parfait: la montée se fait progressive, presque imparable, on sent le feu d'artifice venir, ça va être l'apothéose, et...Rien, le morceau s'arrête là, de manière abrupte, nous laissant décontenancés. Déboule ensuite 'Silver Ghost' qui nous surprend d'emblée par son côté expérimental, intrigant et sombre, presque doom, et malheureusement la même malédcation le frappe, puisque le rythme finit plus par nous endormir que nous transporter. Et si je vous dis qu'il s'agit là des morceaux les plus marquants de l'album, vous devinerez vite que ce que l'on retient finalement après de multiples écoutes est bien maigre: de bonnes idées, de la maitrise mais un ennui profond et aucune envie de se remettre l'album un fois les 37 minutes écoulées.

En définitive, les 2 zozos de Zozobra nous délivrent un premier album convaincant dans un genre pourtant riche et presque saturé. Les amateurs de musique couillue et recherchée devraient trouver leur compte, malgré cette grande lassitude qui s'empare assez vite de l'auditeur, essentiellement due au cruel manque de folie et à la répétitivité des morceaux. Les autres qui seraient attirés par le passé 'glorieux' des 2 membres seront surement déçus car cet album ne reproduit ni la créativité ni la qualité musicale des 2 carrières de Cave-In ni d'Old Man Gloom.




Rédigé par : Candiria-Thon | 13/20 | Nb de lectures : 12250