Commençons par les familiarités si vous le voulez bien. Pour toi qui t'interroges sur ce qui peut se cacher derrière ce déstabilisant patronyme, saches que Zozobra est un véritable rejeton de la nébuleuse Hydrahead, c'est d'ailleurs tellement le foutoir que je ne sais par quel bout attaquer. Allez, comme diraient Magic System, "on y va les gars, on y va": Zozobra, c'est le projet de Caleb Scofield, bassiste-hurleur de Cave In, connu dernièrement pour sa participation à Old Man Gloom, supergroupe avec Aaron Turner d'Isis et Nate Newton de Converge. Old Man Gloom, qui a d'ailleurs sorti un EP nommé Zozobra, et qui a également vu son cogneur Santos Montano participer au premier album de Zozobra, "Harmonic Tremor". Tandis que sur ce "Bird Of Prey", c'est Aaron Harris (Isis) qui matraque les fûts, et qui produit également l'album. 'Ayé c'est bon?

Bref, c'est donc un stoner sludgeo-métallisé ultra puissant que vient nous balancer le père Caleb, 8 titres quasi-monolithiques desservis par un son on-ne-peut-plus parfait (on y reviendra). Quasi, parce que d'autres éléments viennent se greffer pour aérer/enrichir l'ensemble. En plus de grosses louches de post-hardcore, il faut quand même souligner la coolitude des triturages ambiance "trips chamaniques sous substances" qui viennent de temps à autres émailler la galette, lui conférant un petit côté psyché pas dégueu du tout. Enfin, les apparitions d'un chant clair classieux et très planant viennent idéalement contrebalancer les beuglements de Caleb Scofield, d'une puissance et d'une ruguosité Coalescienne. Et cet enfoiré possède quand même une foutue maîtrise de son organe en mode hurlé, vu avec quelle aisance il parvient à jouer avec son grain de voix de bouffeur de gravier...

Résultat des courses, chaque titre se voit alors gavé de passages qui restent désespérément incarcérés dans le crâne. Je dirais pas que cet album est un recueil de tubes, notion un tantinet incongrue pour le genre, mais entre les lignes de chant tendues et hyper soignées, les riffs jouissifs qui prennent aux tripes, et le fait qu'il n'y ait pas une seule note de superflue aux compos, tout est calculé pour que "Bird Of Prey" rempile pour un tour de platine supplémentaire! Et donc, revenons sur cette prod', puisque c'est au passage la première chose qui m'a frappé: elle est di-vine! Bien compressée tout en étant très granuleuse et très puissante, elle permet à la lourdeur des guitares de se faire étonnamment digeste pour un album de ce genre. Et un son de basse aussi magnifiquement ronflant qui vient te dorloter les tripes (l'intro d'"Heavy with Shadows"), ça s'applaudit!

Je rajouterai juste que Zozobra "tire son nom d'une fête profane célébrée dans la région de Santa Fe durant laquelle on brûle une statue géante, l'Old Man Gloom", pas pour en remettre une couche dans vos esprits confus, mais parce que ça permet de bien situer l'ambiance, l'humeur du disque. Effectivement, ça sent bon l'escapade nocturne en Buick en plein désert du Nouveau Mexique, ce qui a quand même plus de gueule qu'un Vannes-Nantes en ZX, mais merde, j'ai fait avec ce que je pouvais... En effet, ma première écoute de ce "Bird Of Prey" fut l'accompagnement rêvé pour un trajet solitaire sur voie rapide, alors que le soleil balançait ses derniers rayons estivaux, la tête vide, une clope au bec et affalé dans le siège. Y'a eu une sorte de déclic, une alchimie qui s'est créée, vois-tu ? le bon skeud, au bon endroit, au bon moment, et depuis, impossible de m'en lasser. Parce que ce que je pige pas, c'est que tout ce barda est d'une accessibilité flinguante, c'est hyper accrocheur, les titres se digérant avec une fluidité assez déconcertante. Et le plus fort dans tout ça, c'est que ce "Bird Of Prey" comporte assez de richesses pour pouvoir défier un minimum le temps malgré cette impression de facilité d'écoute. Bref je sais que les temps sont durs, alors si vous ne tenez pas à aller claquer 12 euros compulsivement, ne cliquez surtout pas sur le lien myspace, si vous tombez dedans c'est foutu!


Rédigé par : Crown_Me | 16/20 | Nb de lectures : 11609