Fumeurs de joint, adorateurs de sons 70’s, de trips psychés et space, cet album est pour vous. Ouvrez vos chakras et suivez-moi dans ce monde hypnotique, celui de Zoroaster et de son troisième album, "Matador".

Les 3 gars d’Atlanta respirent une certaine liberté musicale. J’ai lu qu’à chaque album le groupe essaye de se renouveler et de proposer quelque chose de différent. Belle démarche, risquée tout de même. Ne connaissant pas ce qu’ils ont fait avant, je m’abstiendrai donc d’en parler. J’ai découvert ce combo grâce à notre ami Myspace, et leur tournée début de l’été avec Black Tusk m’avait au préalable mis la puce à l’oreille. Actuellement, ils ouvrent pour Nachtmystium lors d’une nouvelle tournée nord-américaine (Blake Judd, frontman de ces derniers, a ressorti leur premier EP via son label Battle Kommand Records). Ceci montre leur ouverture d’esprit et le grand écart dont ils sont capables.

Zoroaster, appelé aussi Zarathustra (pseudo pris par les blackeux germains) était un prophète et philosophe iranien, fondateur de la religion zoroastrienne. Bon, c’est surtout 3 Ricains qui considèrent leur musique comme un mix entre ”mammoth metal” et ”psychotropic shoegaze”, et aussi comme le combo au son le plus lourd de la scène stoner/sludge. Ils n’ont pas froid aux yeux tout de même et j’infirme totalement cette remarque prétentieuse. Leur musique est à la croisée de nombreux mouvements musicaux, mais je pourrais en citer 100 plus lourds qu’eux. Là n’est pas le débat. Zoroaster propose donc une musique vraiment à considérer comme un trip. Il faut donc plus prendre la chose comme une ambiance qu’un album de chansons à disséquer à la loupe. Vous y trouverez une base doom, des influences rock seventies, du stoner et du sludge.

A la première écoute, je me suis demandé à quelle secte ils appartiennent pour pondre un truc comme celui-ci. Quand j’écoute le titre "D.N.R" par exemple, je visualise une bande de gugus en cercle, habillés de toges noires, têtes recouvertes, les bras levés au ciel, se dodelinant tous ensemble et implorant jenesaisquoi. Il faut prendre cet album vraiment comme une expérience où on a les pieds sur terre mais clairement l’esprit ailleurs, pour ne pas dire loin, très loin. Est-ce un bon voyage musical? Je ne sais pas, mais c’est clairement un voyage à effectuer. Le genre d’album que tu écoutes sans vraiment prêter attention, car il te laisse dans le vague. Laisse-toi envahir et glisser bêtement et lentement dans cet esprit cotonneux, aérien, nuageux. L’album prend alors tout son sens.

Will Fiore pose une voix lointaine et hypnotique, complètement trafiquée. Dans mes bons moments, je la trouve trippante. Dans mes moins bons moments, je la trouve nonchalante et son chant en yaourt presque énervant. Bon, c’est voulu. Les guitares proposent des riffs lourds, heavy, desert rock, avec beaucoup d’effets (reverb entre autres). Ils sont à rallonge même, vaporeux, qui s’étirent et s’étirent et se perdent dans l’air. La batterie a peu de créativité et de personnalité, et donne un tempo simple et éthéré. La basse est sans relief, et ne prend pas d’initiative. Il n’y a aucune surenchère de chaque instrument, on recherche plus un bloc massif que des prouesses. L’album se divise en 2 parties, avec des titres planants d’un côté, majoritaires, et d’autres un poil plus énervés ("Black Hole", "Trident"). Quand le groupe hausse le ton avec des titres plus pêchus, tout de suite, ils gagnent en impact et j’apprécie carrément plus. Affaire de goût, comme toujours.

La prod est aérienne, gérée par Sanford Parker au Glow in the Dark Studios and The Living Room Recording à Atlanta. Habituellement, je râle quand la basse et la batterie ne sont pas assez mises en avant, mais pour le style pratiqué, j’avoue qu’il a vu juste. Ce son un poil vieillot leur sied à merveille. Une fois de plus, nous avons affaire à une tête de mort ornant la pochette, qui ne reflète absolument pas l’ambiance générale de l’album. Faudra leur dire un jour que c’est laid une tête de mort, tellement clichesque et j’ai envie de leur crier de se réjouir d’être en vie. M’enfin bon, ça fait métal y paraît.

Il y a une certaine grâce dans leur nonchalance, une certaine retenue dans la craditude des riffs, une certaine homogénéité dans la disparité des morceaux. J’aime sa prod aérienne, et ce côté vieillot voulu. J’aime me laisser bercer et reposer mon esprit souvent martyrisé par le métal. Mais je trouve ça tout de même un peu mou du genou, et adhère sans complètement adhérer. Je fais une partie du voyage avec eux, mais pas le voyage complet. Il est vrai qu’écouter cet album tard, dans une pièce sombre, lumière feutrée, bédo aux lèvres, je prends vraiment du plaisir. C’est envoutant et vraiment bon, mais pas suffisant pour totalement me convaincre. A tenter tout de même…


Rédigé par : Bras Cassé | 14/20 | Nb de lectures : 12912