La mode de la zombification étant dans l'air du temps, il était, somme toute, fort logique que ce phénomène se répercute sur la scène métallique. Faut-il faire un parallèle entre ce courant et le flot grandissant des masses bêlantes lobotomisées par la boîte à con ? (oui, oui la télévision !) La question est posée. Mais pour en revenir à ZOMBIFIED (qu'on prendra soin de ne pas confondre avec son jouissif homonyme death/grind suédois), ce sympathique gang nous arrive tout droit d'Irlande du Nord et plus précisément de Belfast.

Après la démo « Outbreak » sortie l'année dernière, qui ne leur a pas vraiment permis de décrocher un joli contrat avec Grind scene vu que c'est le label du chanteur, les Irlandais ont choisi de s'économiser et de nous revenir avec un même format d'échantillonnage ; c'est à dire un mini album cinq titres pour une bonne quinzaine de minutes de death metal.

Artwork monochrome et atypique, grosse intro épique accompagnée du monologue de Kevin Spacey emprunté au film « Seven ». On se dit qu'on va en prendre plein la face dans le quart d'heure qui suit, qu'on va recompter ses chicos après s'être pris une jolie baffe. Attention, garez vos miches, ça va partir... Hé ben non, ce « Backroom Eugenics » est en fait un joli pétard mouillé qui classe ZOMBIFIED dans la catégorie des groupes « pas top ».

Toutefois, il serait malhonnête de ne pas rendre justice au groupe qui semble connaître son sujet. S'orientant dans un métal poilu concocté dans le même chaudron que celui des CANNIBAL CORPSE, MORBID ANGEL et consort, ZOMBIFIED pratique un death musclé et farouche. Le batteur, triggé comme le veut la tradition, est plutôt doué. Les riffs s'enchaînent avec efficacité et une production massive consolide l'ensemble. Jusque là, rien à redire.

Là où ça se gate c'est d'abord du côté du chant. Pete Clarke -qui en mériterait une bonne paire pour nous martyriser ainsi (oui, je sais pour le jeu de mots mais j'étais fatigué) nous inflige des growls monocordes ennuyeux au possible à classer entre la voix des gros monstres du Muppet show, un 45 tour de David Vincent passé en 33 et une moissonneuse-batteuse. J'avoue que j'hésitais encore entre le rire et les larmes au bout de la dixième écoute. Que dire également de ces farfelus solos de guitares totalement à côté de la plaque qui viennent régulièrement pourrir chacune des compositions du groupe ? Un tel sabotage dans les règles mériterait, pour le moins, l'amputation des deux mains de son auteur. Et pour chapeauter le tout, le death appliqué de ZOMBIFIED sonne définitivement décousu ; une succession de gros riffs, un batteur qui tabasse, un chanteur agricole, une paire de guitariste énervés pour accoucher d'un mini album dont on ne retiendra que les bonnes intentions.

Hélas, vous l'aurez compris, les bonnes fées du death metal ne se sont pas assez longuement penchées sur le berceau de notre quintet nord-irlandais et classe ce « Backroom Eugenics » dans la catégorie des achats rigoureusement dispensables. Et pour ceux qui y risqueront leurs deniers, vous ne pourrez pas dire que je ne vous avais pas prévenus.


Rédigé par : Tonton | 5/10 | Nb de lectures : 11763