Nak, le “man” du “one-man-band” ZERO ABSOLU, vit à Annecy, charmante bourgade savoyarde a priori plus connue pour son lac pour que pour sa scène rock indé. Citant des influences tant post-core et rock (Isis, Cult Of Luna, Mogwai, Sigur Ros), que métalliques (Faith No More, NIN, Meshuggah), ou encore plus mainstream (Radiohead, Björk), ainsi que d’autres moins facilement classifiables (The Dillinger Escape Plan, Aphex Twin), il nous propose aujourd’hui son premier album longue durée, après un EP-demo intitulé « La Fuite » déjà autoproduit.

L’objet est très réussi, sous la forme d’un digipack trois volets classieux orné de photos n&b, et agrémenté d’un livret bien fourni (on en oublierait presque ses quelques rares « défauts » comme un lettrage des textes plutôt quelconque et quelques fautes de typo, sur les accents en particulier). On est bien loin du CDr dans son boîtier d’origine à peine accompagné d’un ersatz de pochette photocopiée, et il est réellement plaisant d’avoir entre les mains un disque à ce point abouti, fait plutôt rare pour une autoproduction. D’autant que ce packaging luxueux s’avère être un véritable complément à l’œuvre musicale qu’il renferme, guidant l’auditeur à travers les 21 plages qui constituent « Du vide au néant… », album composé autour du concept du cycle de la vie, ou plutôt d’une vie, celle imaginée par Nak.

Les morceaux, aux titres pour la plupart formés de jeux de mots équivoques, se succèdent comme autant de tableaux, racontant une vie de son éclosion (« A l’aube » et « Ouverture des sens » avec ses professions de foi successives par Caroline Vigneron et Aleksi), à son terme (« Mourir de fin »). Les ambiances sont donc variées, inspirées par les différentes émotions auxquelles l’être humain peut être soumis au cours de son existence.

Musicalement, les 21 titres (pour une heure et quelques 6 minutes) sont partagés entre de vrais morceaux et des interludes plus ou moins musicaux servant la progression de l’album. Les textes prennent essentiellement la forme de témoignages par le biais d’interventions d’invités divers et variés (plus ou moins connus), et sous la forme de samples, poèmes ou micro trottoirs, alors que Nak lui-même se charge de la plupart des parties chantées, sa voix étant particulièrement traitées (vocodeur ou saturation suivant le ton employé). Outre les influences revendiquées citées plus haut, ZERO ABSOLU se qualifie d’hybride entre post et math-rock, et musiques électroniques… on pense d’ailleurs souvent à un Boards Of Canada métallisé ou dans une certaine mesure à ce que pouvait produire le groupe (français) d’électro-shoegaze, M83, à ses débuts. Nak, le man du one-man band se charge donc de l’intégralité des instrumentations, réalisées à base de guitare, basse, chant, boîte à rythme et clavier, souvent auto-samplés (les vidéos dispos sur l'espace étant à cet égard assez instructives) pour un résultat assez atypique et original, qui parlera tout particulièrement aux amateurs de bizarreries sonores.

« Du Vide Au Néant… » est finalement un disque très abouti, surtout pour une autoproduction, et si un certain côté « revendicatif post-beatnik » pourra s’avérer rebutant pour certains, force est de constater que la démarche de Nak s’avère à la fois sensible et sensée.


Rédigé par : NicoSata | 15/20 | Nb de lectures : 11368