S'appuyant sur son bâton de pèlerin, Zarathustra continue son chemin. Le groupe n'est certainement pas le représentant de la scène black allemande mis le plus en avant. Très bon exécutant d'un style rigoureux autant que vigoureux, le désormais trio propose aujourd'hui son troisième album en neuf ans d'existence. En comptant les MCD sortis religieusement entre chaque opus, la moisson est plus que correcte ; Zarathustra vient apporter ses prédictions de manière régulière. Peut-être que l'instabilité du line-up n'aide pas vraiment le groupe à décoller (le bassiste Desecrator et le gratteux M. Ghoul se sont d'ailleurs fait la malle juste avant la sortie de ce nouvel opus). Espérons pour les survivants que le passage de l'écurie Undercover à Agonia Records va permettre de mieux distribuer leurs bébés.

Car il faut se rendre à l'évidence à l'écoute de "In Hora Mortis" : cet album envoie très bien. Cela fait deux mois que l'album tourne régulièrement dans ma platine et, malgré un premier abord facile, il ne s'érode pas. Le style de Zarathustra est classique mais efficace : un black germanique avec ses envolées de leads bien mélodiques, et beaucoup de rythmiques plombées lorgnant parfois vers un death sombre. Si la coloration est clairement black, les fréquents accords lourdement plaqués apportent une ambiance lourde et grave. Zarathustra ne cherche pas le blastage en règle et intègre dans ses morceaux de nombreux éléments mid tempo (et très réussis) qui sont vraiment le cœur du propos. Ils trouvent naturellement leur place sur un album équilibré, entre efficacité et mise en place d'atmosphères de fin des temps.

Et tout au long de l'écoute, on sent que les nuages assombrissent petit à petit l'horizon. Zarathustra prend le temps de poser ses riffs sur des plages de fréquemment huit minutes. Les atmosphères sont mises en place avec tact mais force, sur la durée, pour étouffer un peu plus l'auditeur sur la fin de chaque plage (raaah "Crown of Creation"). A n'en point douter, Zarathustra trouve sa place sur une scène black plus propre mais pas moins vicieuse. "In Hora Mortis" me fait grandement penser à "Antithesis" de Secrets of the Moon : puissant, racé et résolument musical. La machine se met en route et écrase tout sur son passage sans déferlement de brutalité.

Côté production, pas de surprise. Les Allemands se sont rendus au très en vogue Necromorbus, ce qui ne leur confère pas vraiment d'originalité pour le son. La production laisse pas mal de place aux fréquences basses et met bien en avant guitares et hurlements. Par ces temps, ça fait toujours du bien d'entendre un album qui se veut puissant mais qui n'envoie pas singulièrement la batterie au premier plan. L'exécution est impeccable et soignée, ce qui permet de plonger facilement dans les titres.

Bref, pendant 48 minutes, Zarathustra propose simplement son album le plus abouti à ce jour. Je ne sais pas si l'Apocalypse est pour bientôt mais Zarathustra continue de le prophétiser d'une voix tonnante. Si vous aimez les groupes de black puissants et propres, vous devriez jeter une oreille sur cette galette. Une très bonne sortie germanique de cette année.

Un troisième extrait est dispo sur le site officiel, en plus des deux du Myspace


Rédigé par : Prince de Lu | 16,5/20 | Nb de lectures : 12395