L'équipe composée par ces deux one-man bands a de quoi éveiller l'intérêt. Entre Zarach'Baal'Tharagh (souvent raccourci en ZBT) qui affiche de nombreuses réalisations au compteur, et Unholy War qui a enfanté l'an passé une démo particulièrement excitante, c'est pour ainsi dire un échantillon de ce que l'underground français compte de valeurs sûres qui monte au créneau armé de quatre morceaux respectifs. Pourtant, chacun à leur mesure, les deux groupes échouent au pied des attentes.
La déception la plus prononcée concerne ZBT, dont la partie intitulée “D.U.K.E.” soulève davantage les interrogations quant aux intentions et aux moyens de son créateur que le besoin de s'efforcer d'y répondre. Au travers d'un black rampant et affreusement brouillon, marqué au rouge de l'influence Beherit, il ressort manifestement que ZBT a voulu diluer sa musique dans un miasme glauque et délabré, quitte à en sacrifier toute ligne rythmique identifiable. L'idée, qui n'est pas sans rappeler le cheminement autonome de Blut aus Nord vers une dystopie contre-musicale, ne rencontre jamais dans sa mise à exécution l'écho escompté. Parce que les attentats contre l'harmonie restent, via leur nonchalence et leur manque de spontanéité, confinés à des remous de surface. Parce que la répétitivité des mouvements joués ne génère pas d'effet para-auditif au-delà de leur répétitivité de facto. “D.U.K.E.” est pénible à se coltiner au sens propre et cela ne va jamais plus loin. Preuve que s'excentrer sciemment des schémas établis n'offre pas automatiquement de justificatif de bien-fondé. En clair, le pain qui reste sur la planche avant que le concept accouche d'un résultat défendable n'est même pas encore cuit.
Il en va tout autrement pour Unholy War, exutoire solo récemment activé par un ex-Lord exilé en Allemagne, non loin de Francfort. Unholy War a donc littéralement dynamité son berceau l'année dernière avec “Annihilation of Mankind”, brûlot de black thrash old school aux couilles comme des pastèques, qui suintait une énergie on ne peut plus communicative. Couronnéee par les soins de votre serviteur découverte 2003, cette démo ne pouvait qu'aiguiser l'appétit en attendant le big plat de résistance. En guise de quoi on se contentera pour le moment d'un sympathique entremets. “Rising from the Grave”, puisque ainsi s'intitule l'ensemble formé par ce fougueux quarté, rejoue fidèlement les actes de l'opus premier, à une menue différence près: la production tire davantage vers les aigus, laissant de moins grosses auréoles de graisse dans le lecteur. En conséquence on discerne mieux la basse en tant que ligne indépendante, et les vocaux éclaboussent de plus belle. Autant d'évolutions qui sont dans l'intérêt d'Unholy War même si, et certains le déploreront peut-être plus que moi, elles épongent un peu du côté “roots” d'un son à l'arrache. Attention, on ne cause pas non plus stérilisation, ça grésille quand même sévère dans les démarrages et la musique ne perd pas un millième de son punch. L'impression légèrement bémolisée vient de la qualité des compositions elles-mêmes. Sans pouvoir expliquer par le menu les raisons dudit bémol, elles sont tout bonnement un petit cran en-dessous, en terme d'allant comme terme de matière – notamment celle des mélodies. Concrètement, les passages que l'on anticipe de pied ferme, paré à se désintégrer volontairement les cervicales, sont moins nombreux et moins intenses que sur “Annihilation of Mankind”. Mais pas de quoi se faire des cheveux blancs: sur la base de ce qu'on a déjà entendu de sa part, il ne fait aucun doute que Mephisto saura rectifier le tir et renouveler les emballages de malade et les gros riffs tronçonneuse qui pullulaient il y a un an encore. Une reprise de Dark Funeral, en l'occurence “My Dark Desires” vient ponctuer le tout de belle manière, sans coup de folie ni volonté de surjouer l'affaire. Mephisto prouve par ce biais qu'il est techniquement parlant tout à fait à la hauteur des “modèles” ici choisis – tout au moins à l'époque où ils s'appelaient encore Dark Funeral et non Marduk bis...
Au passage on vient d'apprendre qu'Unholy War allait (enfin) devenir un groupe à part entière avec l'intégration aux côtés de Mephisto de deux comparses, dont un de ses anciens collègues chez Lord à la batterie. Inutile de dire que tout cela devrait permettre à la musique de gagner plusieurs dimensions, tout au moins pour ce qui est du “feeling” organique de la frappe. La deuxième “vraie” démo, qui est en préparation, devrait ainsi venir combler le creux à l'estomac laissé par ce split qui de toute façon, étant donnée la petite prestation de ZBT, ne peut décemment être conseillé à l'achat.

Zarach'Baal'Tharagh – D.U.K.E.: 1,5/5

Unholy War – Rising from the Grave: 3/5


Rédigé par : Uriel | 4,5/10 | Nb de lectures : 9333