Vous connaissez bien l'opossum ? Mais si, voyons, ce petit marsupial australien tout mignon au pelage anthracite et aux minuscules yeux noisette... Vous situez ? OK, et bien vous ne devinerez jamais combien de temps dure en moyenne la gestation d'une femelle opossum. Allez, je vous le donne en mille : treize jours ! Presque un record pour un mammifère. Bon d'accord, les zoologues m'objecteront qu'après la naissance les bébés doivent rester deux mois dans la poche abdominale de leur mère afin de parachever leur développement fœtal, mais quand même, treize jours, ça calme, hein ? Genre, imaginez si l'être humain mettait ses enfants au monde seulement treize jours après la fécondation ; ça foutrait un beau bordel dans les plannings des maternités, pas vrai ? Treize jours, mes aïeux... Un chiffre qui par ailleurs tombe à pic puisque, voyez-vous, treize jours, c'est exactement le laps de temps écoulé entre le moment où Gabriel Wolf (maître à penser du projet hongrois Ywolf) a acheté son premier synthé et celui où il a enregistré cet album, l'a empaqueté et expédié à Christian Bivel d'Adipocere qui a eu assez de bon cœur pour le signer - ou alors c'est qu'il avait une bonne couche de cérumen dans les oreilles ce jour là. L'ami Gaby prétend jouer du dark symphonique sophistiqué, empreint de lyrisme et de profondeurs gothiques, mais le fait est que n'importe quel simplet avec la moitié d'un tympan peut voir très clair dans son petit manège (parenthèse : ceci n'est en aucun cas supposé être une offense envers Christian Bivel, qui a fait et fait assez en faveur de la scène underground pour que son intégrité et sa compétence ne soient jamais mises en cause). Passons sur le fait que les harmonies qui peuplent ce sous-Weltenbrand soient atrophiées et leurs accords linéaires dignes d'une deuxième année de solfège ; ce que je trouve proprement écoeurant et irrespectueux, c'est le fait que Ywolf clame haut et fort l'utilisation de tout une panoplie d'intruments, du violon à la trompette en passant par la harpe, tous inventoriés avec fierté comme un trophée de chasse au dos du livret, alors qu'il est tellement évident que toutes les sonorités ont été bêtement reproduites au synthé, qui de surcroît est loin d'être un modèle assez avancé pour masquer la supercherie ne serait-ce qu'à moitié. Une honteuse tromperie sur la marchandise qui, à elle seule, devrait suffire à motiver un boycott, enfin bon... Le reste de la réalisation est de toute façon beaucoup trop squelettique pour redresser la barre avant le naufrage. Le chant omniprésent de Mister Wolf est une parodie de basson, flasque et infatuée, en tout cas très exaspérante, et il m'a fallu plusieurs écoutes pour deviner que les assauts de grésillements parasites qui se manifestent ici et là sont en fait censés être des vocaux black - tout compte fait cette constatation m'a fait regretter qu'il ne se fusse réellement agi de parasites, au moins j'aurais pu faire semblant de leur trouver une quelconque utilité de principe, alors que là... La présence de la dénommée Stephanie Kiss au micro sur quelques morceaux sauve l'album de l'indigence ; son chant orthodoxe mais propre mérite beaucoup mieux qu'un support instrumental aussi piètre. Peut-être Gabriel comprendra-t-il que tant qu'il jouera avec deux doigts sur le clavier et l'autre main dans le cul, il pourra bien superposer autant de couches et de pistes qu'il voudra sans pour autant donner le moindre volume à sa musique. Sans parler du fait qu'il devra faire dégonfler son melon et appliquer un minimum d'autocritique s'il veut avoir la chance d'être considéré comme un musicien digne de cette étiquette. Avec sans doute la (bonne) volonté de dénicher le nouvel Elend ou Dark Sanctuary, Adipocere ont investi dans un album qui n'aurait même pas tenu la route sur leur catalogue d'il y a sept ans... Vous avez dit surplace ?


Rédigé par : Uriel | 05.5/20 | Nb de lectures : 7637