Ca m’apprendra à avoir des préjugés. A peine avais je le cd d’Ywolf entre les mains que je me suis pensé : « Aïe, ça m’a l’air bien evil tout ça, nul doute que ça va bourriner sévèrement ! » J’ouvre le livret, je jette un coup d’œil sur les photos des membres du groupe (maquillés comme n’importe quel groupe de black avec parure cloutée du plus bel effet), c’est bon , ça va être du violent. Et bien j’avais tout faux, au niveau musical en tout cas parce que le côté « evil » et lui bien présent sur ce cd. Ywolf est en fait un groupe hongrois qui œuvre dans le dark atmosphérique et qui utilise pour arriver à ses fins, des synthés, des synthés et encore des synthés. A noter que le leader du groupe évolue également dans un autre groupe «Finnugor » qui est nettement plus violent.
Le sujet principal de cette horde démoniaque est le loup garou. Les paroles des sept morceaux (le huitième est un remix techno inutile du premier) présents sur cet opus sont fondées sur des nouvelles de John Caldwell : « Last night of the Wherewolf » « shadow of Zrogdavar » « the dark side of chaos », seul le cinquième morceau est fondé sur une nouvelle écrite par gabriel wolf en personne (leader du groupe) et adam chamber : « varaniju ». Voilà pour ceux qui auraient envie d’approfondir les lyrics de l’album.
Pour traiter d’un sujet qui n’est pas très fleur bleue, il faut que la musique soit appropriée, celle ci ne doit pas donner envie d’aller conter fleurette à sa chère et tendre. Le but est atteint sans peine, Ywolf instaure un climat oppressant et glauque tout au long des compositions. Ce n’est pas le genre d’album qu’on écoute en plein été sur la plage, on se le réserve plutôt pour les longues soirées hivernales. Musicalement, le groupe serait une sorte d’hybride entre le Mortiis des débuts (légèrement moins répétitif) et le NAOS de Melancholia. Le seul instrument présent, comme je le signalais plus haut, est le synthé. Pour essayer d’éviter la lassitude (en vain) de nombreuses gammes de sons sont utilisées, citons en vrac : les nappes traditionnelles, le clavecin « ytir », les sons de cloche, l’imitation de cornemuse « dark side of chaos », les chœurs synthétiques « thamen oteth », le piano, les violons, bref tout ce que l’on peut trouver dans la base de sons disponibles sur la machine. Plusieurs couches sont superposées pour étoffer l’ensemble, des nappes en arrière plan se chargent de créer les ambiances pendant qu’un piano égrène quelques notes remplies de tristesse. Par dessus cette symphonie mortuaire vient se greffer un chant criard typiquement black métal qui alterne avec un chant déclamatoire assez monotone. Les « vocalises » du chanteur rappellent sans peine les hurlements d’un loup garou qui « déchireraient la nuit » (c’était le but après tout). Par moment le chant est passé au travers de filtres qui le rendent encore plus inhumain « shadow of zrogdavar »sans doute pour renforcer l’atmosphère vaguement inquiétante et ténébreuse des compositions (je suis loin d’avoir des cauchemars quand même).
L’adepte de black ne trouvera pas sa dose de violence dans un tel album mais plutôt un peu de la noirceur propre au style suscité. Entre deux déflagrations sonores de pur black, Ywolf et un moyen comme un autre de se reposer les oreilles (ou de se faire souffrir) tout en restant du côté obscur. Cependant, les arrangements symphoniques auraient pu être plus travaillés, le tout est vraiment trop redondant. L’ensemble s’essouffle sur la longueur et l’auditeur peine à rester attentif tout au long de l’album. Après avoir écouté les trois premiers morceaux, c’est comme si on avait écouté l’ensemble. La musique endort plus qu’elle n’effraye, dommage ! Le loup garou s’est transformé en mouche tsé-tsé sur ce coup là.


Rédigé par : Dark Tranquilou | 07/20 | Nb de lectures : 7334