Un beau digipack sombre, dans des tons verts, orné à première vue de ce qui semble une trace de pas dans la neige, mais qui s’avère en fait incrustée dans un ciel de tempête. Une clarté diffuse qui pointe à travers l’ombre… l’objet est beau, les indications qui le définissent sont sobres et réduites à l’essentiel, comme pour laisser toute sa place à l’artwork. Sur la pochette, ces simples inscriptions : Yog, Years Of Nowhere, au dos du disque, un discret logo Get A life.

Après le CD de Berserk For Tea Time, le label suisse persiste et signe dans sa volonté de proposer des objets de qualité pour documenter la scène musicale helvète extrême… C’est d’ailleurs encore Baptiste Cochard, de l’Atelier Détour, qui est responsable de cet artwork très réussi. Mais si la qualité esthétique est une chose importante, voire primordiale, on n’est pas dans une galerie de peinture, ou là pour causer graphisme.

Après quelques changements de line-up et deux EPs plutôt grind-crust en filiation directe de Napalm Death et Disrupt, YOG nous balance un premier album de grindcore fortement métallisé, moderne et technique qui ne dépareillerait dans le catalogue d’un label tel que Relapse tant les noms de The Dillinger Escape Plan, Pig Destroyer, ou Uphill Battle peuvent venir à l’esprit à l’écoute de ce disque. Violence, technicité et modernité semblent être les maîtres mots du combo (« La vache, ça décolle le papier ! » comme dirait l’autre) et il n’est pas surprenant d’apprendre qu’un groupe comme Converge fait l’unanimité auprès des membres qui le composent.

Le premier morceau, "Love Process Failure", qui parle des dérangements post-amoureux (les notes de pochette indiquent la thématique de chacun des morceaux) sonne comme un DEP qui copulerait avec Nostromo pour son côté math-core limite arythmique. Le disque se poursuit avec un titre qui croiserait Converge et Uphill Battle pour un final excellent, puis on retrouve ici des breaks jazz-core ("A Light Scent Of Wreck"), là un feeling plutôt crust-punk ("Secrets"), ou encore des réminiscences de Meshuggah et quelques rares respirations au cours de « The Frameless Stage ». « Orchidian », le 8ème morceau, un instrumental à la guitare apporte une accalmie qu’on attendait plus dans cette débauche de hurlements, blasts, moshs, breaks, et autres friandises brise-nuque… débauche qui reprend de plus belle sur les 4 titres suivants : grind, punk, hardcore et toujours très métal, c’est rapide tout en restant intelligible, varié dans les plans tant rythmiques que « mélodiques », voire vocaux (même si vous n’y trouverez pas l’once d’un plan « chanté »)… et exécuté d’une main de maître par des musiciens qui tripotent gravement de leur instrument (notez que le batteur, très impressionnant, compose presque tout et se permet même de jouer de la deuxième guitare sur cet enregistrement). Les 12 premiers morceaux oscillent entre 57 secondes et à peine plus de 3 minutes, c’est dire si le propos est concis et on s’étonne presque de la dernière plage de plus de 9 minutes. Le morceau reprend là où l’interlude instrumental s’était arrêté et se développe de manière un peu poussive, loin de l’agressivité et de la violence épileptique du grind-metal-core dans lequel le groupe excelle : le 13ème titre s’étire lentement dans un registre tout en ambiance, sans blasts ni tricotages aucun… un exercice de style dans lequel on sent Yog peut-être moins à l’aise, et qui malheureusement nuit un peu à la cohésion d’un ensemble impressionnant d’efficacité.


Rédigé par : NicoSata | 15/20 | Nb de lectures : 10794