YES - Heaven & Earth (Frontiers) - 22/06/2015 @ 07h44
Hasard du calendrier ou opportunisme éhonté, l’année 2014 est une année faste pour le dinosaure du progressif. Faste sur le plan comptable, pépette, pognon, biftons, bref sous sous dans le tiroir caisse : 1 album studio kroniké dans ces lignes et 1 double live kroniké plus loin (Live At The Bristol Hippodrome). Par contre, côté musique, l’affaire est entendue ! Il s’agit de 2 escroqueries majeures qui consistent à arracher bien malhonnêtement les quelques euros dont la crise persistante ne vous aura pas délestés. Car le chantre lumineux de l’Age d’Or est sur le point de trépasser et son agonie n’est pas belle à regarder.

Mais commençons par l’album studio. 22e album pour le mourant. Il s’acharne, il s’obstine à perpétrer ce qu’il ne sait plus faire depuis très longtemps. En 2011, Fly From Here avait quelque peu rallumé la flamme et entretenu un espoir qui ne fut qu’un feu de paille. Vous croyez que cela l’a ralenti ou bien dissuadé ou l’a contraint à une remise en question ou mieux, à redresser la barre ? Pensez-donc ! Le vieux lion veut rugir encore et encore et tant pis si dans la savane il ne fait plus peur à personne.

Privé du capricieux Jon Anderson parti depuis belle lurette (2008), de Rick Wakeman en guest sporadique d’une gloire lointaine, Yes est aujourd’hui composé de l’indéboulonnable Chris Squire, bassiste fondateur et présent depuis 1968, Alan White fidèle batteur depuis qu’il a remplacé Bill Bruford en 1972, de Steve Howe, guitariste complexe mais indissociable du style maison (le vrai s’entend !), de Geoff Downes aux claviers, parti puis revenu au sein d’un groupe où le jeu des chaises musicales n’est plus une surprise.

Pour suppléer la diva Anderson, après Benoit David, Squire et sa bande ont fait appel à un autre Jon, Davison de son patronyme et accessoirement frontline de l’excellent groupe américain Glass Hammer qui se révèle être également le « meilleur clone » de la formation britannique. (Il lui arrive même de le supplanter plus souvent qu’à son tour). La boucle est ainsi bouclée ! Le chant restera dans la même tessiture et tonalité que durant l’époque Anderson et tout le monde est content.

Seulement, si ce choix peut rassurer les fans quelque peu perturbés de voir Yes fréquenter une nouvelle fois la rubrique people et autre faits divers, les amateurs de la période dorée eux risquent de prendre un coup sur le casque. Définitivement ? Très possible.

Mais où donc est passé Yes le flamboyant, Yes l’intrépide, Yes le divin géniteur de Close To The Edge, Relayer, Fragile, de la moitié de Tales… ou tenez, même de Going For The One ? Parti, disparu, envolé, dilué dans une soupe infame sans commune mesure avec le talent qui autrefois en a fait le représentant le plus doué de sa génération ! On serait même aller jusqu’à l’absolution s’il avait été capable de prolonger l’éphémère bonne impression laissée par Fly…

Non de Zeus, qu’il est mièvre et mielleux cet album ! De qui se moque-t’on ? Aucune aspérité, aucune recherche mélodique, aucune passion, aucun soupçon d’inventivité , rien que des poncifs qui s’enfilent comme perles sur un collier vendu chez Babou. C’est d’une indigence si affligeante qu’il est même permis de douter de l’appétit et des motivations des musiciens pour ce projet. On a l’impression qu’ils n’y croient plus. Et nous donc !

Du coup, grande est l’envie de leur dire d’arréter tout simplement. Oui de stopper ce jeu de massacre qui a pour double effet de nous prendre nous, pour des idiots et de les rendre eux, ridicules.

Qu’il n’y ait plus aucun élément progressif dans leur musique, c’est un choix que l’on peut, que l’on doit admettre –ouverture d’esprit oblige ! Mais que cette absence de complexité voulue se transforme en bouillie fadasse et indigeste, c’est une démarche que l’on ne peut accepter si l’on a un tant soit peu de respect pour ce que fût le groupe. Dire qu’il compte dans son effectif, un trio (je ne compte pas Downes) d’éxécutants de haute volée qui à lui seul a composé les titres les plus chiadés, les plus emblématiques du rock prog ! Le voir se vautrer de la sorte est une insulte aux fans qui les ont suivis, encouragés, portés à bout de bras, ce même dans les périodes les plus sombres !

Le pire dans tout ça c’est que le plus intolérant d’entre eux n’aura pourtant aucun mal à entrer dans l’album. Mais il le traversera sans passion, sans enthousiasme, n’y trouvant que vide et fadaises. Wakeman, Bruford, Moraz revenez ! Ces gens là sont devenus fous.


Rédigé par : Karadok | 06/20 | Nb de lectures : 8228




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