YELE SOLMA - Bokor (unsigned) - 28/04/2011 @ 09h12
Comme beaucoup d'entre vous, j'ai découvert YELE SOLMA dans les News de VS. Voilà précisément ce qu'elle disait :

« J’ai découvert le vaudou au Burkina Faso, en voyant passer de sombres « Bokors » accompagnés de leurs sbires. Certaines images « brutes » de l’Afrique peuvent faire peur à des Européens, et j’ai peut-être fait preuve de couardise - ou de prudence – en ne traitant pas encore plus sombrement et violemment les thèmes de l’obscure croyance vaudou. On dit qu’ils sont puissants. On dit qu’ils ont de terribles enchantements, qu’ils parlent aux « ziins ». On raconte même ne pas devoir les regarder ».

Intéressant n'est-ce pas ?
Bien que cela ne soit pas une première dans le style, je dois dire que j'ai tout de suite été intrigué par le concept et par le projet. Je me suis alors dit que tout cela avait l'air d'une aventure a minima originale et peut-être étonnante ! J'ai alors contacté le groupe qui m'a envoyé un support et une bio. Alors je me suis rapidement empressé de mettre la galette pour voir un peu si le tout allait me foutre la chair de poule... et peut-être (ô joie !) me foutre les chocottes.
Je précise également qu'une interview a été réalisé avec Lazareth (sous peu dans VS) et qu'elle apporte foule d'éclairages pertinents à la chronique écrite ici. J'ai fait le choix cependant de ne rien modifier à ma chronique, que j'avais fait avant de faire l'interview. L'avis que j'y ai, est, en quelque sorte, « brut ».
Et lorsque j'ai écouté les cinq morceaux qui composent cette démo, je dois dire que j'ai été particulièrement interrogé et interpellé. A plusieurs moments j'ai été mal à l'aise et la musique a engendré de nombreuses émotions en moi... pas toujours très agréables, pas plus qu'elles ne me renvoyaient à quelque chose de positif.
Alors je le dis direct, cette démo est une réussite totale. Cela ne PEUT PAS plaire à tout le monde mais ceux à qui cela plaira seront vraiment séduits.
Il n'y a pas de traces de guitare, pas de batterie et pas de basse. Juste quelques notes de synthé qui viennent se glisser de façon très insidieuse mais qui ne sont en aucune manière utilisées comme des mélodies "classiques". De nombreux instruments africains sont utilisés et bien qu'il n'y ait pas de larsens et de hurlements stridents, un parfum à l'odeur bien méphitique se fait sentir tout au long de la démo.
Dans les cinq chansons, bien qu'il y ait des différences au niveau des constructions, le schéma repose presque systématiquement sur un cheminement très progressif qui fait se juxtaposer les sons les uns après les autres de manière assez anarchique.
Ce qu'il y a d'assez déroutant au début, c'est que les sons n'arrivent pas de manière très régulière et prévisible. Les percussions par exemple, semblent être en roue libre et s'entrelacent avec le chant d'une manière très étroite, un peu comme si les deux étaient liés de façon profonde. La musique apparaît donc beaucoup plus vivante que lorsqu'elle est une superposition de couches comme on en voit souvent dans le metal (tu fais ça, et moi je verrai ce que je peux faire par dessus). C'est quelque chose qui apparaît au final de façon très discrète mais cela reste une fondamentale dans l'originalité de la musique de YELE SOLMA.
Il n'y a pas de lignes vocales au sens de ce que l'on peut entendre dans une chanson classique.
La voix récite des prières, module ses émotions et semble aller du délire mystique à la transe morbide. A des moments la voix est faible, plaintive et semble presque anéantie par ce qu'elle prononce et à d'autres moments elle est particulièrement gutturale, forcée, vindicative et profonde comme venue des tréfonds de ce qu'une cage thoracique humaine que peut engendrer.
On rentre donc très vite dans un état d'esprit particulier et le trip "vaudou" fonctionne très rapidement à tel point qu'on imagine ces fameux Bokor avec toutes les représentations que l'on peut avoir sur les rites autour de la magie.
"A Mawu Bandé" (La marque de Mawu) commence donc d'une manière très inquiétante avant de passer à la deuxième chanson "Liké sin ka to"(Obténébration animale). L'introduction de celle-ci est beaucoup moins sombre que la précédente car on entend de nombreuses sonorités apaisantes (enfin on va plutôt dire familière) avant qu'une voix un peu trop trafiquée ne vienne se poser sur le tout. Cette déformation gâche un peu le tout à mon sens, mais c'est rapidement rattrapé par de nouvelles sonorités très étranges qui font presque penser à une lutte avec un animal sauvage. Cette idée de lutte est encore renforcée par une impression de cheminement amené par la musique qui fait penser que le "Sorcier" progresse dans un milieu relativement hostile. Tout s'arrête d'ailleurs assez brutalement et la voix se fait entendre dans un calme presque total avec "Yi go Tom'dé" (rituel nocturne) qui est très court par rapport au trois autres chansons. On pourrait presque croire que le sorcier est arrivé quelque part et qu'il s'y arrête.
"Tiimé a'tchika roggo saoga" (Danse de l'impénétrable fétiche waké) est la chanson la plus agitée et la plus bordélique de toute. Tout s'affole d'un coup à la suite de la prière précédente et c'est avec un sentiment d'urgence allié à une sorte de crise mystique que nous passons au dernier morceau "Pootogo Pongo" (Tombe de Bauxite). Cette chanson fait entendre en fond des bruits et des voix lointaines qui font penser à la présence d'esprit virevoltant et menaçant tout autour du sorcier. L'aventure semble se terminer au fond d'une grotte, ou d'un lieu étrange avant que tout ne prenne fin dans une ambiance inquiétante, à la juste mesure de l'obscurité qui a régné jusqu'à présent.
Difficile de "couper" quoi que ce soit et de segmenter les titres. Tout doit s'écouter d'un coup et s'apprécier comme une initiation dans un univers qui nous reste inconnu (en tout cas pour moi) et qui amène du coup bien des images et des scénarios possibles.
Plus que jamais ici, l'auditeur est libre de ses interprétations, l'aspect assez nébuleux et opaque des paroles laissant le champ libre à des visées oniriques à tendance cauchemardesques.
Si j'ai pu apprécier toute la qualité de ce projet musical, vous allez hélas avoir du mal à y avoir accès. Pour l'instant, il n'y a pas de My Space, pas plus qu'il y a de site consacré au groupe.
MAIS au vu de la qualité, je ne doute pas que des labels vont s'intéresser au groupe et que vous entendrez parler très vite de YELE SOLMA .
Cependant, je vous file un petit lien qui vous permettra d'écouter un petit peu ce que peut donner la musique du groupe " http://www.veoh.com/browse/videos/category/music/watch/v20835266zpExh9Pe " Vivement la suite !

- 412 visite(s)


Rédigé par : pamalach | 16/20 | Nb de lectures : 16629




Auteur
Commentaire
ManOfShadows
Membre enregistré
Posté le: 28/04/2011 à 09h54 - (93430)
Très bonne chronique et projet très intéressant et original (dans sa thématique).
Les cultures africaines et asiatiques représentent une source d'inspiration inédite pour le Metal et ses dérivés, cela change du satanisme et de l'occultisme "traditionel".
Vivement qu'un label se penche dessus.

Arnahud non connecté
IP:78.241.54.139
Invité
Posté le: 28/04/2011 à 11h37 - (93438)
Thématique trés interessante et musique qui ne l'est pas moins!!!

Immemorial
Membre enregistré
Posté le: 28/04/2011 à 13h09 - (93439)
Impeccable cette découverte, ou est ce qu'on peut se chopper la démo?

Haunter
IP:83.195.66.112
Invité
Posté le: 28/04/2011 à 14h38 - (93440)
Projet d'ambient ritual/tribal très intéressant.
J'ai trouvé un medley sur youtube :
/watch?v=1w8dh4u77z8

Umbre
IP:90.12.162.22
Invité
Posté le: 28/04/2011 à 15h09 - (93441)
Superbe, on se croirait dans un Lovecraft made in Burkina. Les prières sont sombres inquiétantes à souhait, qui sait quels dieux sont priés et les demandes qui leurs sont faites...

Famyn
IP:2.1.120.197
Invité
Posté le: 28/04/2011 à 15h49 - (93442)
Mystique, original, et salement déroutant, ce projet (que je suit depuis son commencement) est abouti.
Je le conseille fortement aux aficionados de l'ambiant (dark ou non), et j'ai vraiment hâte d'entendre les prochains projets de Monsieur Diolasso !

pamalach
Membre enregistré
Posté le: 28/04/2011 à 20h41 - (93448)
A Immemorial (et à tout ceux intéressés) : Je vais demander au Monsieur si je peux filer son Mail par MP à tout ceux qui le souhaite !

pamalach
Membre enregistré
Posté le: 29/04/2011 à 20h46 - (93472)
Aprés discussion avec l'intéressé, vous pouvez demander la démo à ce mail, d'autant qu'un label distribue apparement la galette.
francois.ouedraogo.dioulasso@gmail.com

chavroux
Membre enregistré
Posté le: 29/04/2011 à 21h54 - (93474)
Au risque de faire le rabat joie, quel rapport avec le métal ?
A la limite, j'aurais plus volontiers vu cette chronique dans les "colonnes" de Guts of Darkness !



Prince de Lu
Membre enregistré
Posté le: 29/04/2011 à 22h39 - (93475)
Au risque de faire le remonte-joie, depuis quand a-t-on besoin d'un rapport avec le metal?

chavroux
Membre enregistré
Posté le: 02/05/2011 à 10h14 - (93509)
Ben je sais pas moi... peut-être en commençant par le fait qu'on est sur un site thématique sur... le métal ? :))



Prince de Lu
Membre enregistré
Posté le: 02/05/2011 à 11h20 - (93510)
Il y a des écoutes qui intéressent le metalleux et qui n'ont rien à voir avec le metal. On a de la musique traditionnelle ou de l'ambient en ligne sur VS. Faut pas se mettre des oeillères. ;)

Monceau
Membre enregistré
Posté le: 02/05/2011 à 18h49 - (93530)
Ouais, y a pas que du Dès dans la vie :D

pamalach
Membre enregistré
Posté le: 09/05/2011 à 11h50 - (93713)
A noter pour finir que le groupe est désormais signé sur Antiq label.

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