C’est le bec enfariné que j’ai aperçu dans le rayon Metal d’un disquaire parisien la nouvelle galette des finlandais de Yearning. Je ne savais pas qu’ils avaient une actu, leur site en étant resté à leur précédent opus « Frore Meadow », et je l’avoue je ne lis pas la presse nationale… Un petit brief sur Yearning, qui ne doit pas être le plus gros vendeur des groupes de Holy Rec. Yearning c’est d’abord et avant tout le bébé de Jühani Palömaki, auteur, compositeur, interprète de tous les titres, brillamment secondé par le batteur Tony Kristian. La carrière du groupe débute sous le nom de Flegeton, en 1994/95, et sous cette appellation sort 2 démos, dont la dernière leur vaut un deal chez Holy. Leur première œuvre est le morceau « Autumn Funeral », véritable révélation de la compilation Holy Bible de l’époque (la 3 si je ne m’abuse…). S’ensuit la sortie de « With Tragedies adorned », magnifique opus de Doom mélodique, puis « Plaintive Scenes », plus axé sur les ambiances, puis « Frore Meadow », qui alterne l’exceptionnel (Elegy of Blood, Solitary…) avec du plus dispensable (les 2 instrus), qui donne au final un album assez décousu. Et enfin nous voici avec « Evershade » entre les mains… Premier abord : l’esthétique. Autant les 2 derniers étaient remarquables, autant le visuel de « Evershade » est ignoble : une fenêtre incrustée dans une espèce d’effet photoshop de bas de gamme, au goût pour le moins douteux… Cependant même si l’extérieur est repoussant, dès la galette posée sur le lecteur nous sommes plongés dans l’atmosphère unique de ce combo, où la mélodie est reine. N’allez pas chercher ici la violence, il n’en est pas question. Tout au plus y a-t-il 2 growls pour tout l’album, sur le morceau introductif « Nocturne » et sur « Deathbearer ». Les 8 titres défilent de manière parfaitement homogène et les défauts de Frore Meadow ont été gommés, notamment les morceaux instrumentaux, ce qui confère une unité beaucoup plus marquée à l’album.
Le titre d’ouverture « Nocturne » donne tout de suite le ton : mélodies guitaristiques enchevêtrées, guitares rythmiques lourdes et beat lent, ingrédients qui nous ramènent à leur première période, ce morceau assez majestueux introduit au mieux la petite perle « Statues Amidst a Frozen Sand of Time », à mon sens le meilleur morceau de l’album, ou du moins le plus touchant, ceci dû principalement à la voix magistrale du sieur Palömaki, que je place au niveau d’un Vintersorg ou d’un Ackerfeld tellement il arrive à faire passer d’émotions via son organe. Le morceau est en lui-même assez simple, avec toujours ces mélodies de guitare, ces nappes de claviers et, O surprise, un solo de guitare ! (qui reste très mélodique). De mémoire ça doit être le premier sur un album de Yearning, et il y en a d’autres, parsemés deci - delà. Les titres s’enchainent bien, peu de temps morts ponctuent cet opus. Une recherche plus poussée au niveau des sons est à relever (harpe, clavecin, sons prog des années 70…), ainsi que des tentatives d’orientations plus progressives, dans des mélodies moins évidentes ou dans les arrangements de claviers principalement (« Conditio Humana », « Evershade », « Contemplation »…). Le tout est bien résumé par l’épique « A day when the world started to weep » et ses plus de 11 mns. Une évolution, certes, mais qui reste toutefois maitrisée, voire limitée car ça ressemble à du pur Yearning, où tout est construit au service de la mélodie, véritable pierre angulaire de l’œuvre du groupe, et où tout est magnifié par la voix de Palömaki.
Je regrette néanmoins quelques passages qui se transforment en longueurs (breaks de nappes de claviers principalement), les morceaux seraient plus denses sans à mon goût, ainsi que des paroles qui parfois sont un peu simplistes… Ca reste le meilleur album de Yearning à ce jour, un croisement entre le bon de « Frore Meadow » et « With tragedies adorned », les fans s’y retrouveront sans problème, et d’autres personnes peuvent découvrir cet univers grâce à « Evershade », mais il y a toujours un petit quelque chose qui manque, qui me fait penser que ce groupe, superbe, pourrait devenir un génie de la scène mélodico-Doom s’il trouve ce petit quelque chose. Ces réserves, ainsi qu’une prise de risque trop légère, me font mettre la note de 15.5/20.


Rédigé par : Ocean ? | 15,5/20 | Nb de lectures : 8644