Sur le papier, cette réunion de musiciens devait faire très mal, jugez-en par vous-même : Magnus Rosén (ex-Hammerfall) à la basse, Andy LaRocque (King Diamond, Death sur Individual Thought Patterns) et Reeves Gabrels (David Bowie, entre autres) aux guitares, Nils K Rue (Pagan’s Mind) au chant. Alors que l’on reproche souvent aux supergroupes de cachetonner et d’éviter toutes prises de risques, X-World/5 débarque avec un concept original et une musique présentée comme « le futur du heavy metal », rien de moins. Bien sûr le second degré est le moteur de ce projet musical qui nous transporte directement en l’an 3006. Dans cette ère de reconstruction (la Terre ayant été quasiment détruite par les excès de l’Homme), seules cinq personnes subsistent, avec pour mission de « faire survivre le heavy metal ». Le thème de cet album est donc axé science-fiction, et on ne peut pas enlever au groupe d’avoir créé son propre univers.

La musique, tout au long de ces onze chansons (décomposées chacune en dix plages), se veut résolument futuriste et il est vrai assez innovante. On nage entre metal industriel et heavy moderne (les vocaux de Nils K Rue, bien que trafiqués, rappellent inévitablement son groupe Pagan’s Mind), le tout agrémenté de bruitages sonores censés plonger l’auditeur dans le monde de désolation imaginé par le groupe (cela est plutôt réussi sur le glauque « Lunar Voyage »). Le morceau d’ouverture « CyberChrist » privilégie une rythmiques martiale qui n’est pas sans rappeler Samael, et permet de s’imprégner d’un son froid et clinique assez difficile à apprivoiser lors des premières écoutes. Sur « Man Machine », on n’est parfois pas loin du Ocean Machine de Devin Townsend, sans toutefois atteindre le génie du Canadingue. Le mélange entre les riffs heavy bien sentis et les samples/bruitages fera peut-être bondir les réfractaires à tout type d’expérimentation, mais on ne peut nier qu’il est rafraîchissant d’écouter ce heavy metal novateur.

C’est sur la longueur que le bât blesse, la musique du groupe devenant lassante et peu intéressante au bout de quelques morceaux (exception faite de « Argonaut », qui apporte un peu de variété dans cet ensemble répétitif). Il est également regrettable que les capacités techniques des musiciens ne soient pas plus mises en avant (quelques soli de guitare, pas transcendants en plus, à se mettre sous la dent, c’est peu pour des pointures telles que LaRocque ou Gabrels). Dommage enfin qu’aucune chanson ne ressorte vraiment du lot (si ce n’est les deux premiers morceaux, et encore…), et que ce disque se révèle indigeste sur la durée.

Au final, la déception est le sentiment qui domine après l’écoute de cet album, même si l’on saluera l’originalité de l’entreprise et une volonté certaine de repousser les limites musicales. On attendait cependant bien mieux de la part de ces musiciens de renom. En espérant que le « futur du heavy metal » ne ressemble pas à ça.


Rédigé par : up the irons | 11/20 | Nb de lectures : 10098