J’me souviens, c’était l’été. J’étais tranquille, j’étais peinard mais pas accoudé au comptoir. Je vaquais à mes occupations vacancières, en gros je ne branlais rien, quand mon portable se met à vibrer : un message d’un bon pote qui, en parlant du dernier album de XIBALBA, disait ceci : « Héhé c’est sale hein ? » Il était suivi de deux autres messages du même acabit disant cette fois « Pochette signée Dan Seagrave. Satan. » et « Et « Cold » version satanique qui clôture l’album. » Voilà je pourrais presque résumer l’album par ces trois petits textos mais ce serait dommage tellement il y a beaucoup de choses à dire sur ce disque. XIBALBA avait débarqué sur les radars du Metal via la scène hardcore, le groupe étant signé chez Oloc avant d’être récupéré par Southern Lord qui avait senti le doux fumet du gros coup. Et les coquins avaient raison car ce deuxième album enfonce le clou et devrait installer durablement XIBALBA au rang des groupes les plus lourds de la place. A raison tellement cet « Hasta La Muerte » est lourd, noir, dur, sec, satanique, volcanique et surtout, surtout, hautement destructeur. C’est bien simple, l’autre matin je faisais mon jogging avec « Hasta La Muerte » dans les oreilles et ma seule pensée était « il faut que je foute le feu à cette ville et que je sacrifie tous les humains que je croise ». Bon je ne l’ai pas fait mais j’y ai pensé très fort.

Tobe Hooper explique souvent qu’il a eu l’idée de « Massacre à la Tronçonneuse » dans un magasin. Il était à la caisse; coincé dans une file d’attente gigantesque et il s’est dit qu’il pourrait prendre une tronçonneuse et se frayer un chemin jusqu’à la sortie. Les gars de XIBALBA ont certainement pensé la même chose sauf qu’eux, on retranscrit toute cette frustration et cette haine en musique. XIBALBA c’est avant toute chose un son, une identité sonore. C’est bien utile pour se démarquer quand tous les groupes sonnent grosso modo pareil. Eux, ont trouvé une vibe qu’on ne retrouve nulle part ailleurs. Une profondeur couplée à une puissance de feu incroyable. Les démoniaques Obituary, Asphyx et Incantation qui s’acoquineraient avec les tough guy de chez Bloodlet, Integrity, All Out War et Irate sous le regard lubrique des crasseux Crowbar et Reverend Bizarre. Ça donne une petite idée de la profondeur et de lourdeur du son des Californiens. Aucun doute que c’est la musique qu’écoute Satan quand il va en salle de muscu. Pour autant XIBALBA n’est pas que lourd, les gars savent varier les plaisirs et possèdent plusieurs cordes à leur arc. Quand ils tapent dans le lourd et le poisseux ça donne un titre comme l’occulte instrumental « The Flood » qui, avec son rythme de batterie, évoque une cérémonie d’incantation des grands anciens. Quand ils jouent au tough guys ça donne « Burn » ou « Hasta La Muerte », qui donne son nom à l’album, un morceau aux rythmes plus typiquement hardcore mais joué avec des cordes en plombs forgées sur les hauteurs du Mordor. Un titre qui fait plus de paraplégiques que les accidents de la route. Et je ne parle même pas du lugubre et carrément flippant « Lujuria ». 8min23 de pure haine, de pure terreur, de pure flippe avec des guitares accordées comme des basses et une batterie qui ne claque pas comme une gifle mais assomme comme un coup de poing de Bud Spencer. Chaque morceau possède une atmosphère propre, un petit truc en plus qui évite à l’album de sombrer dans la monotonie et l’ennui. C’est impossible de se faire chier en écoutant cet album.

Il s’en dégage une grande tension aussi. On sait tout que le plus flippant c’est l’attente, le noir, les bruits. XIBALBA opte pour la tactique dite « Alien ». On ne montre pas, on suggère, on te laisse imaginer ce qu’on pourrait te faire. Et quand on te le fait enfin, on te fait pire. Ça marche à tous les coups. XIBALBA possède aussi quelques réminiscence Black Metal au niveau des ambiances, niveau musique il n’en est rien, avec cette faculté de mettre mal à l’aise, de bousculer, de remuer au plus profond des tripes. Mais les Californien ne sont pas que violence et colère ils sont aussi tristesse infinie comme le prouve « Mala Mujer » qui se voit agrémenté de vocaux féminins d’une grande mélancolie. La demoiselle qui pose sa voix sur le morceau ne braille pas, ne part pas dans des envolées lyriques (Within Temptation c’est à côté dans la chambre de ta petite sœur) mais chante simplement. Et c’est par sa seule voix qu’elle évoque des tourments que l’on imagine aisément horribles. Puis parlons-en de la voix : elle est au diapason du reste : grondement profond du mec qu’il ne faut pas faire chier longtemps. Alternant anglais et espagnol, à mi-chemin entre la growl death et le chant plus hardcore beatdown, elle se situe pile poil là où il faut.

« Hasta La Muerte » est un disque qui sort tout droit de l’Enfer et de la rue. Incandescent, brûlant, noir, sale, poisseux. Proche du sans faute, doté d’un artwork impeccable collant parfaitement au son du groupe, le dernier XIBALBA est tellement chaud qu’il m’en brûle poils d’oreilles.


Rédigé par : Seb On Fire | 18/20 | Nb de lectures : 13942