Allez hop, encore une chronique où je vais me faire des copains partout sur le net. Je ne doute pas qu'elle va déclencher quelques réactions, étant donné tout le bien dont beaucoup pensent du projet de Scott Conner, alias Malefic. Assez découragé par la tournure de sa discographie, je n'avais pas touché à Xasthur depuis son mini éponyme en 2006. Autant dire presque une vie pour un des créateurs les plus prolifiques de la scène américaine, bien que sa production ait sérieusement ralenti depuis la diarrhée de sorties de 2004. Pensez donc, je n'ai loupé qu'un album et trois splits (dont un avec l'infââââme Striborg). Donc, j'ai été assez curieux de découvrir où Malefic était rendu après un Subliminal Genocide décevant.

De prime abord surprenant mais somme toute logique, Xasthur se rapproche sévèrement de l'ambient avec cet album. Je n'irai pas coupé l'ambient en sous-style, n'étant pas un amateur du genre, mais le black metal n'occupe qu'une portion très congrue de l'espace sonore. Et pour cela, Malefic s'est acoquiné avec l'ambienteur (oui, j'invente) M.H. Loin d'un monde noir, c'est dans un univers tout grisouille que nous font pénétrer les huit titres de ce nouvel opus. Les vocaux se font rares et restent terrés dans le mix. La batterie imprime la captation live de ses parties minimalistes. Les guitares et claviers emmènent des thèmes dissonants qu'ils déroulent avec application et entêtement pendant plus de 56 minutes. Malefic a vaseliné la piste d'envol lofi, jouant sur la forte redondance des riffs pour hypnotiser son auditoire de ses mélodies funestes.

Mais si funeste il y a, c'est après la particule de Louis qu'il faudra le chercher. J'ai tenté l'imprégnation en restant toujours en marge de l'œuvre. A aucun moment je ne trouve la rage et l'énergie recherchées dans l'art noir, restant devant un pauvre mur de sonorités. Sonorités parfois mièvres (le côté "new wave" de "Achieve Emptiness Part 2"), voire rigolotes (prenez "Masquerade of Incisions" et chantez "Je lui dirai les mots bleus, les mots qu'on dit avec les yeux" sur le début du thème principal. Hop, je viens de vous pourrir 15 minutes de l'album). Xasthur ne m'émeut pas avec ses dissonances, là où un Blut Aus Nord a été bien plus définitif. Et la recette diluée à l'extrême n'en devient que barbante quand elle ne fonctionne pas, quand on a l'impression d'écouter en continu un 45 tours en train de fondre. Bref, devant le néant, on s'attache aux détails. A cette batterie et ses descentes de toms pouraves et ses cymbales qui ressortent étrangement ("Damage your Soul"). A l'arpège presque lumineux qui emporte "Obfuscated in Oblivion", tellement perdue dans cette coquille bien vide. All Reflections Drained me semble un shamallow trop sucré proposé par un projet qui s'enfonce dans les abysses. Tellement loin de mes goûts que je me permets aujourd'hui de dire que c'est de la merde.

Il reste un packaging limité très choucard, présenté sous la forme d'un digipack A5 (note aux bourrins: on appuie délicatement vers le bas pour sortir le CD). Le livret est über sobre (évidemment), mais les fans seront contents de l'objet qui contient un CD bonus. Ce second disque regroupe des versions alternatives, des inédits et des reprises d'Autopsy et Forgotten Woods. Je laisse les curieux se renseigner sur le contenu du bidule. Moi, je vais m'écouter un truc qui tabasse, ça me démange après chaque écoute de cet album.


Rédigé par : Prince de Lu | 06/20 | Nb de lectures : 11782