Attention, bordel organisé. Jeune groupe espagnol, Wölfhead nous sort ici son premier album. Sans démo ni rien. C’est Doomentia, par l’odeur du metal alléché, qui se charge de presser la galette et sa pochette affreuse (bon, OK, j’adore tant elle est moche). Formé en 2011, on pourrait penser que le groupe a eu le temps de mûrir sa musique avant de sortir ce premier album. Mais non. Le groupe n’arrive pas à se défaire de ses influences. Mais là où il fait très fort, c’est qu’à chaque titre, les Espingouins rendent hommage à un groupe/genre particulier. Le premier titre est un mix d’Alice in Chains et de Pearl Jam, titre complètement grunge, avec ses petits passages plus calmes un peu mystérieux.

Sur le second titre, "Cul de Sac" (en français dans le texte), les quatre se laissent pousser la moustache et chaussent des santiags blanches pour rendre hommage à Motörhead, en un peu moins bluesy, mais bien rentre-dedans. Un morceau plutôt plaisant au passage. Troisième titre, et on change complètement d’univers, on remonte un peu en Europe, et on repompe Bathory / Enslaved, période viking pour les deux groupes. Un titre épique et guerrier, avec une introduction que n’aurait (peut-être) pas reniée le grand Quorthon. Je vous passe les deux autres titres, mais les ficelles sont également bien grosses.

Difficile dans ces conditions de se faire une opinion tranchée sur Wölfhead. D’autant plus que c’est plutôt bien branlé. Le chant est vraiment travaillé sur chaque titre, tout en gardant son timbre propre. On tient là un excellent chanteur. Les autres musiciens ne sont pas en reste et si l’originalité n’est pas au rendez-vous, l’exécution, elle, est inattaquable. D’ailleurs, vu la variété des morceaux, on ne s’ennuie pas une seconde. Mais là se pose la question qui tue : est-ce qu’on a envie d’écouter un groupe qui fait un hommage à ses idoles à chaque morceau, ou qui assimile et digère ses influences en proposant quelque chose d’original ? Je suis un peu partagé entre deux feux pour répondre.

Car Wölfhead est franchement plaisant à écouter. Le morceau Motörheadien est jouissif, le titre éponyme franchement bien foutu, rock’n roll à fond. De plus, la reprise des Pink Floyd en fin de disque, mais en version encore plus lente, clôt parfaitement le disque. Donc un bon album pour synthétiser, mais qui devrait se trouver sa propre voie, plutôt que d’interpréter celle des autres. Et vu la qualité du groupe, ça va leur être difficile de choisir dans quelle voie ils veulent s’engager.


Rédigé par : Skay | 13.5/20 | Nb de lectures : 12584