Si vous aimez les trémas, vous aurez peut-être jeté une oreille sur ce split sorti en juillet chez Northern Silence. Au menu, trois projets qui nous viennent du pays du Père Noël (je parle de la Finlande, en cas de doute révisionniste sur l'origine du Père Noël. Il vient de là-bas, je l'ai vu dans le journal de Jean-Pierre Pernaud). Enfin bref, let's play.

Wyrd ouvre le bal avec deux titres inédits. Le duo a changé son fusil d'épaule au fil des sorties pour donner dans un métal mid-tempo agrémenté d'arpèges en son clair bien influencé par les mélodies de Thy Serpent. Ses deux derniers full-lengths, à savoir "The Ghost Album" et "Rota", avaient marqué le virage, du black ambiancé d'origine à la mélancolie langoureuse d'aujourd'hui ("Kammen" vient juste de sortir chez Avantgarde). Le premier titre présente un Wyrd qui flirte avec un Sentenced sous Prozac (étrangement, le précédent EP s'intitule "Tuonela", d'ailleurs). C'est très mou et très redondant. Pour être un peu plus convaincu, il faut attendre le second titre "Uupunut" (oh, c'est moi qu'tu traites là, bouffon ?!?). On retrouve l'influence Thy Serpent qui hante Wyrd depuis quelques sorties. Elle est ici agrémentée d'un refrain à la Hypocrisy à coups de gros accords et le titre est plaisant, à défaut d'être indispensable. La caution black étant devenu minime chez Wyrd, je ne peux que vous conseiller de vous rabattre sur des sorties antérieures (au choix, "Huldrafolk", "Heathen" ou l'excellente compilation de démos "Wrath & Revenge").

Site officiel : www.kolumbus.fi/~kr8342/infernal/wyrd

Après un bon quart d'heure, Wyrd laisse la main à Haïve pour trois titres. Il s'agit là d'un copier/coller de la troisième démo intitulée (inspirez) "Epätoivon Vuoki" (expirez) sortie en 2005. Elle est constituée de trois titres pour un peu plus de treize minutes et n'était jusqu'alors disponible qu'en cassette. Le groupe n'a à son actif que trois démos sorties entre 2003 et 2005 et prépare actuellement son premier album, d'où ce recyclage malin par Northern Silence. Comme sur la démo "Yössä Vainajien" de 2003, le duo finlandais pratique un folk doucereux aussi reposant que finalement bien plat. Et Haïve n'a pas changé son fusil d'épaule entre les démos mais a juste gagné en production. Le second morceau est un court interlude de deux minutes, le troisième est une longue évasion acoustique sur fond de piano. Bref il ne reste qu'un seul titre pour essayer de se faire une idée. Et Haïve ne m'a pas convaincu du tout, faisant assez pâle figure par rapport à Wyrd.

Site officiel : www.haive.tk

A ne pas confondre avec "caillera", Kehrä vient clore ce split avec deux titres pour 19 minutes de vibrations sonores. Même s'il est né en 2003, c'est la première sortie de ce projet peu prolifique. Musicalement, nous restons dans les eaux lourdes de ses camarades. Lent, mélodique et ronflant, Kehrä donne dans la moyenne correcte pour toucher son auditeur à moitié assoupi. Par contre, je n'aime pas la voix de Donald Duck courroucé du chanteur. Les cinq minutes d'introduction acoustique sur le second titre font remplissage (là où Moonsorrow fait de même sans me donner cette impression). Bref, une dernière partie assez moyenne qui est homogène avec le reste du CD.

Site officiel : www.myspace.com/kehrae

Au bilan, un split qui reste sympathique mais qui n'apporte pas grand-chose, alternant des passages intéressants avec du plus que moyen. Je préfère faire tourner mes albums de Thy Serpent qui ont le mérite d'être mélodique et un peu plus sale. Mais que voulez-vous, l'expression "un split sale" aurait semé la confusion dans notre époque où les sous-vêtements se doivent d'être irréprochables. Si vous êtes fans (et vous avez le droit), sachez que, comme souvent, Northern présente cette sortie dans une édition limitée dans sa boîboîte en métal. C'est très dispensable, mais cela excite le consommateur avide qui bondira de joie à la vue de son patch Wyrd. De là à dire que ce split est un produit de consommation courante, il n'y a qu'un pas…


Rédigé par : Prince de Lu | 09,5/20 | Nb de lectures : 11266