A peine terminée une chronique d'un projet de Tomi Kalliola, voilà que le bonhomme revient par la fenêtre avec un nouvel opus encore chaud. Cette fois, il s'agit du septième album de Wyrd en sept ans. Si la qualité est loin d'être au rendez-vous à chaque livraison, ce brave Tomi a le mérite de la régularité. Bon, Wyrd, pour être honnête, je n'y trouve rien de bon depuis le diptyque "Vargtimmen". Et encore, ma préférence va à "Wrath & Revenge" et aux deux premiers albums. Si "Rota" m'a par la suite désarçonné, la suite n'a plus provoqué le moindre émoi dans ma couche de chocolat. Et le dernier split en date (chroniqué sur VS) avait même un arrière-goût de fin des haricots pour un duo qui s'est perdu au fil des ans.

Ce "Kammen" est au moins plus homogène que les deux titres proposés dans le dernier split. Affichant un métal lourd et mélodique, Wyrd est plus proche de la vague doom/death et des mélodies des premiers Sentenced que du black pagan d'origine. Un des deux titres du split servait donc bien de fil conducteur jusqu'à cet album. Qu'à cela ne tienne, pourvu que la qualité soit là. Et c'est là que le bât blesse. Pour quelques mélodies accrocheuses, Wyrd aligne de nombreux passages bien moyens. Dans un album globalement peu affriolant, les petites erreurs de parcours, comme le chant clair assez limite du titre éponyme, ressortent alors comme des verrues sur la fesse de Miss France. C'est lourd, mais pas dans le bon sens du terme, sans toutefois verser dans le très mauvais car le duo finlandais maîtrise un minimum son sujet. Pour ma part, il me reste surtout des thèmes acoustiques sympathiques, mais on ne tient pas un album avec des interludes.

Tomi Kalliola dilue complètement son talent au fil de trop nombreuses sorties. Hormis l'exception Svartkrat (et il s'agit là de black atmo peu gourmand en riffs), les dernières productions du bonhomme donnent dans le moyen sans grande ambition. C'est d'autant plus dommage qu'on sent que ce guitariste a une patte mélodique indéniable et qu'il pourrait proposer le meilleur en condensant ses travaux en une poignée de brûlots plutôt qu'une diarrhée d'albums. "Kammen" n'échappe pas à la règle et s'avère très moyen, voire décevant pour les fans de la première heure. Wyrd, ce n'est plus de la bonne came, amen (oui, j'ai osé).

Pour être complet, je vous signale que l'album fait l'objet d'une édition limitée. Avantgarde nique la face de la boîte en ferraille de Northern Silence en proposant un digipack limité à 99 exemplaires, fourni dans un sac en vrai tissu avec un patch et un pin's. Oui, c'est comme pour le Nortt. L'effet doggy bag avait été fulgurant pour le dernier Forgotten Tomb qui était parti en trois heures. Je ne sais pas si ça a re-fonctionné depuis. On trouvait pleins de ces digi sur eBay dans les jours suivants cette vente flash digne de M6 boutique. A bon entendeur…


Rédigé par : Prince de Lu | 10,5/20 | Nb de lectures : 10838