«Fuck Yeah, un nouveau promo de chez Victory !!» Ça, c’est ce que j’aurais dit y’a une bonne douzaine d’années. «Et merde, fait chier, un promo de chez Victory… Ptaiiiiiiiiiin relouuuu…» Ça, c’est ce que je dis aujourd’hui quand je vois apparaître le belliqueux dogue qui sert de mascotte au label même si aujourd’hui les groupes Victory font plus penser à des chihuahuas roses fluos vêtus de manteaux Louis Vuitton. Bref, on ne peut pas être et avoir été… Mais revenons-en à nos moutons, à savoir WRETCHED, nouveau groupe de jeunes branleurs de manche sortis de l’écurie au bouledogue. La première écoute du premier morceau confirme les doutes que j’avais. Ce sont bien des jeunes branleurs qui en foutent partout chaque fois qu’ils se touchent le manche. Le genre de son que je qualifie de « musique pour étudiant en informatique un peu geek sur les bords mais pas trop». Un metalcore bourru et démonstratif mais trop light pour être qualifié de deathcore. On bastonne et on aime le metal mais pas trop parce que, quand même, on en a dans le ciboulot. Mais honnêtement c’est meilleur que ce que je pensais. Sans être formidable ni révolutionnaire c’est balèze techniquement, bien joué mais ça manque carrément de vie. Voilà qui ferait un bon résume du bouzin. Mais on va essayer d’en savoir un peu plus quand même.

Un artwork d’influence MMORPG mixé avec une esthétique à la Dr Caligari. Pas foncièrement joli mais qui a le mérite de sortir des sentiers battus. Niveau musique, ça gère bien. Des grattes qui balancent des solos d’entrée de jeu, normal le guitariste est un des compositeurs principaux, un batteur qui martèle ses fûts comme un damné et un brailleur ben… qui braille. Plutôt pas mal même, alternant les cris de gargouille, les gruiiiks et un chant plus « hardcore » habituel du deathcore. Je l’ai dit et je le répète, les petiots sont doués mais leurs influences sont encore beaucoup trop phagocytantes et masquent les efforts déployés par le groupe. Là, aux premiers abords on peut citer At The Gates, The Black Dahlia Murder et Whitechapel pour le côté gros son. Les guitaristes aiment bien balancer des petits solos entre deux riffs un peu evilisants. Le titre « A Still Mantra » est d’ailleurs pas mal réussi même si on le croirait sorti de « Nocturnal » de TBDM. Avec une petite touche un peu « math » sur certaines parties de grattes histoire de vaguement se démarquer du peloton des suiveurs. L’idée est bonne car elle sort l’auditeur de la routine qui tend l’oreille vers ces riffs saccadés et syncopés dénotant dans le torrent de notes qui lui assaille l’oreille. Arrivé à mi-chemin, le groupe propose une respiration bien ou malvenue. Ça dépend.

Le titre « On The Horizon » est en fait une pièce instrumentale rappelant une BO symphonique d’un film d’aventures old school type « Lawrence d’Arabie » avec ses envolées héroïco-épiques. Le groupe va plus loin dans cette veine « instrumentale » en proposant un morceau bâti sur de la guitare « flamenco » et du sitar amenant une touche folklorique et mystérieuse. Tout cela est bien beau mais au final ça ne sert pas à grand-chose si ce n’est nous emmener tout à fait ailleurs et nous sortir du chemin tracés par les premiers morceaux du groupes. Puis faut bien dire ce qui est, on a sérieusement l’impression que les mecs font ça pour se la raconter grave. Les titres ne sont pas mauvais mais respirent la prétention. Volontaire ou involontaire, je n’en sais rien mais perso, ces douze minutes instrumentales m’ont prodigieusement saoulé et donné l’envie de couper court à toute discussion en zappant la fin de l’album.

Enfin, une fois cet intermède terminé, WRETCHED repart comme en quarante en alignant à une vitesse prodigieuse les riffs à la « Nocturnal » sans coup férir. Pour moi qui suis client de ce genre de chose, ça passe bien mais pour les réfractaires à The Black Dahlia Murder, ça risque de devenir très vite casse-bonbons. Finalement les derniers morceaux reprennent leur ronronnement habituel et « Beyond The Gates » se termine dans une indifférence polie portée par le talent et la dextérité des zicos qui n’ont d’égals que leur absence d’originalité chronique (les huit titres « deathcore » classiques) ou mal placées (le triptyque de moitié d’album tombant comme une moumoute dans la soupe). Bref, un groupe techniquement intéressant et compétent mais insuffisamment armé que pour pouvoir lutter avec les plus grands.


Rédigé par : Seb On Fire | 10.5/20 | Nb de lectures : 13438