Signe de reconnaissance et de sa grande qualité, l'autoproduit "Jeux d'Enfants" bénéficie d'une réédition chez Code666. "Réédition" est à prendre ici au sens large, puisque l'album y gagne de nouveaux titres, un nouvel artwork et carrément un ré-enregistrement. Tant d'efforts déployés par les rouennais de Wormfood pour gratter une seconde bonne note sur VS avec les mêmes compos méritent qu'on y prête attention.

Donc, le changement constatable de prime abord se situe au niveau de l'artwork. Sur sa cover, Wormfood a lâché la référence pédophile sulfureuse pour une imagerie nationale de bien meilleur goût (hu hu). Je plaisante mais ce côté "tripotage de gamin" était mis très en avant dans la première fournée et a dû focaliser pas mal de retours faits au groupe. Désormais, les délurés assument leur sexy french touch jusque sur le couvercle du yaourt, désireux de porter nos couleurs à l'étranger où ils fomenteront probablement une révolution afin de prendre le contrôle d'une république bananière dont l'hymne national parlera de partouzes de lépreux. Mais je m'égare. Revenons à l'objet du délit.

Je vous laisse compulser la kronik de Sheb concernant "Jeux d'Enfants" car le contenu musical du précédent flacon n'a point subi d'outrages lors du pressage italien. Au contraire, la double fermentation des compos leur a fait prendre du bouquet... Les membres de Wormfood (n'y voyez aucune allusion au sexe) se hissent encore un cran au-dessus avec cette édition, même si le résultat de l'autoproduction était déjà très pro. C'est avec une joie non dissimulée que je redécouvre les titres singulièrement barrés du groupe: le chaste baiser de TEGBM, la célébration de l'amour platonique de "Love at Last", les arabisations au sein de "Dark Mummy Cat" (et son ivol miaou). Les lurons sont retournés fricoter au Walnut Groove avec Axel Wursthorn qu'ils ont sadiquement torturé jusqu'à obtenir un gros son qui pète (j'espère que les néophytes en son m'excuseront pour l'emploi de ce terme technique).

Au rayon des nouveautés sonores, deux titres viennent allonger l'album. "Miroir de Chair" est une version reliftée de "Human Circus" qui figurait sur le premier album autoproduit "Wormfood" en 2002. Le titre "Death equal to nothing" est inspiré par "The Dead bury the Dead" sur le même opus, mais le morceau a subi de tels sévices qu'il en est méconnaissable et retapé du sol au plafond. Ces deux recompositions montrent le chemin parcouru par les normands en cinq ans. Quoi d'autre sur "France" ? On retrouve la "Comptine" mais célébrée cette fois par Corbier, non pas une star du porno mais le chanteur barbu de notre enfance qui martyrisait les croissants. On trouve également un interlude Burtonien "Daguerréotype" qui nous fait pénétrer dans l'ambiance de "Miroir de Chair". Bref, cet album est bourré de nouveautés tout plein.

Si vous n'avez pas fait partie des heureux kids qui ont pu se procurer "Jeux d'Enfants", "France" va vous combler de bonheur. Mais la possession de l'originel n'est pas incompatible avec les sucreries alléchantes de cette réédition. J'ose espérer que mon détournement de mise en forme aura attiré quelques nouveaux lecteurs, les plus vicieux sans doute, qui agrandiront le cercle des amis de Wormfood (ouch!). Sans chauvinisme aucun, ce groupe atypique qui propose une musique personnelle et de qualité mérite que chacun y jette une oreille curieuse. Excellent groupe donc total soutien et découverte obligatoire d'où sélection, zou...


Rédigé par : Prince de Lu | 17/20 | Nb de lectures : 17105