Qualifié de "metal hybride" par son label, ce trio originaire du Doubs sévit depuis trois ans sur les scènes françaises et s'est fait une bonne réputation dans le milieu de la musique industrielle hexagonale. Franchement, je me refuserais à intégrer Wormachine dans la sphère métal. C'est plutôt de rock industriel qu'il est question ici et ce ne sont pas les quelques gros riffs entendus qui vont me faire changer d'avis. L'introductif "Virus" utilise des loops obsédants pour présenter l'album et son successeur "Accelerator" rappelle le Killing Joke période "Pandemonium" de même que "Animals". "In the flesh" et "Are you happy?" jouent dans une catégorie proche de Zeromancer et "Devils in the head" a des intonations Ministryennes dans sa rythmique. C'est en gros dans ces limites qu'opère la magie de Wormachine. En mixant des influences venu de l'indus pur et dur, du rock alternatif, de l'electro et du métal, ils ont réussi à pondre un album très personnel, à la fois fédérateur, dansant et assez agressif pour motiver un public hétéroclite. Les vocaux, pas forcément cantonnés dans une réductrice fourchette, tapent assez large mais c'est une fois de plus de ceux de Jaz Coleman qui viennent fréquemment à l'esprit. Les vocalises savent se faire discrètes sur "Touch the sun" pour laisser dérouler la rythmique et deviennent essentielles et belles sur "Believe", charmant morceau qu'aurait pu concevoir le trop méconnu Mindfunk. L'influence Nine Inch Nails agrémente le biscornu "Black days" dont les couplets flirtent avec un deathrock à la fois magistral et empreint de fragilité. L'ombre du Therapy? de "Nurse" n'est pas non plus très loin sur certains passages de l'album.
Vous l'aurez compris, "Wormachine" est un disque touffu, chargé d'influences de bon aloi, qui ne bascule jamais dans une mode quelconque et qui reflète tout le talent d'un groupe qui ne demande qu'à faire partie de la relève du rock industriel français -dont la scène est d'ailleurs assez timide- (j'ai des groupes de black en double, on peut faire des échanges ?). Précisons quand même qu'on est ici à mille lieux de l'indus sombre, élitiste ou difficile d'accès que l'on peut entendre ailleurs.
Wormachine, contrairement à mon ex-compagne de vie, possède une âme, un coeur et un cerveau et ces francs-comtois ont réussi à concevoir une oeuvre entière, incroyablement matûre, chargée d'excellentes mélodies qui s'exportera facilement et qui bénéficie d'une forte personnalité. J'adore.


Rédigé par : Loufi | 17/20 | Nb de lectures : 8240