Vu que nous vivons dans un monde en récession et que la vie des petits labels UG n’est plus ce qu’elle était ma bonne dame, je n’ai pas reçu un exemplaire propre de ce split EP (je décode pour les cons du fond accrochés à leur ipod : un 45 tours, voui !) mais une version promo CDr. Donc je ne saurais pouvoir juger l’objet sur son versant graphique, ‘détail’ assez important pour ce genre de format, même si la double pochette, elle, était incluse. Heureusement, reste bien sûr la musique aussi courte soit-elle, même s’il faut avouer que dix minutes (allez, neuf minutes et trente-six secondes pour être exact), cela passe vite. Mais bon, tout l’intérêt de ce split est de pouvoir offrir deux variantes bien distinctes du son doom, avec en commun leur double allégeance à la fois à des sonorités très traditionnalistes (comprendre : old-school à donf’) et bien crasseuses.

Cela commence fort avec WOODEN STAKE duo échappé de la galaxie RAZORBACK RECORDS où l’on retrouve au chant et à la basse Madame Razorback herself alias Vanessa Nocera et ‘Elektrokutioner’ (ENCOFFINATION, FATHER BEFOULED, DECREPITAPH et une tonne d’autres) pour tout le reste. Vu que ces deux-là ont déjà fricoté ensemble dans SCAREMAKER et LOATHSOME, ils se connaissent par cœur et donc n'ont pas eu à se taper une période d'essai. Donc comme pour tous leurs projets, ils semblent avoir été saisis d’une espèce de boulimie de travail qui leur a fait accouché en même pas un an d’une démo, d’un album (à sortir avant l’été sur, comme par hasard, RAZORBACK), de deux 45 tours, d’un futur split CD (avec BLIZARO) et donc de ce split EP avec DRUID LORD… Cela fait beaucoup ? Oui. Trop ? Faut voir. J’avoue ne connaître que leur démo et donc ce titre, nommé « In The Godless Moonlight » et pour l’instant, la formule marche plutôt bien. Mais étirée sur vingt morceaux ? Pas sûr. M’enfin là, sur près de cinq minutes, cette façon de mélanger du chant féminin un peu bancal, et que l’on pourrait limite rapprocher de celui de Scott Reagers, le premier chanteur de SAINT VITUS, même si le tout se termine sur quelques hurlements black-metal pas forcément utiles, et ces riffs caverneux marchent plutôt bien. Surtout que musicalement, cela avoine justement pile-poil dans le créneau des Californiens, avec la production ‘garage’ et l’ambiance bien occulte qu’il faut derrière. Après, on sent un peu trop que le tout a enregistré en deux lieux différents (l’Etat de NY pour Vanessa, le Texas pour Elektrokutioner) et un léger décalage se fait parfois sentir mais disons que cette entrée en matière, réservée aux ayatollahs du doom à l’ancienne avant tout, a fait positivement régair mon potentiomètre.

A l’inverse, DRUID LORD fait du doom pour purs métalleux, c’est-à-dire certes lent et bien heavy mais toujours ancré dans le metaaaaaaaaal des années 80, quelque part entre les démos d’ASPHYX, le ‘Forest Of Equilibrium’ de CATHEDRAL et CELTIC FROST. En même temps, qu’attendre d’autre de la part de ces trois musiciens qui ont fait leurs armes dans la scène death-metal floridienne et notamment chez ACHERON et EQUINOX ?! Pour ceux qui ont jeté une oreille sur leur premier album (‘Hymns For The Wicked’) fraîchement sorti, ce titre (« Black Candle Seance ») sûrement enregistré durant les mêmes sessions exhale donc exactement le même type d’odeur fétide, là encore pas assez tenace pour tenir la distance mais parfait pour pousser un petit ‘ugh !’ des familles lors d’une pause clope. Et puis merde, un peu de chauvinisme que diable, vu que ce split d’un autre temps sort sur un label bien de chez nous donc…


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 3/5 | Nb de lectures : 12548