Que reste-t-il de nos amours ? Voilà ce que l’on pourrait dire après l’écoute de ce nouveau Within Temptation. Certes il ne fallait pas s’attendre à un retour vers « Enter » et encore moins au remarquable « The dance ». « Mother Earth » avait déjà été une petite révolution dans la musique de Sharon and co, mais avec certains morceaux bien pensés, l’album arrivait à passer à peu près correctement. Par contre, après que Within Temptation se soit evanescensisé à outrance avec les « The silent force » et « The heart of everything », on se demandait jusqu’où le groupe allait sombrer dans sa démarche mercantile ultime.

Le résultat dépasse toutes les espérances, puisque l’on n’est plus sur une approche metal-symphonique (d’un autre côté c’est tout à leur honneur de se désolidariser d’une scène moribonde que eux-mêmes ont contribué à affaiblir), mais carrément sur un album pop-rock aux influences plus que poussées 80’s !!!

Et dès les premières écoutes, c’est le choc. Le single « Faster » avait déjà indiqué vers quoi WT s’orientait, couplet à la Chris Issac, refrain pop easy-listening qui rentre dans le crâne et guitares assez discrètes. Et cela va être pratiquement du même acabit sur tout l’album, un déluge de guimauve pop à vous en écoeurer comme sur le « Shot in the dark » qui ouvre ce « The unforgiving », faisant disparaître pour de bon le côté symphonique du groupe, juste en gardant un synthé en ambiance, ou bien « Siniad » avec ses violons et son synthé 80’s, au refrain entêtant dont on voudrait bien se débarrasser.

Bon il serait de mauvaise foi de ma part de ne pas avouer que c’est bien foutu, mais qu’il est pénible de supporter ces mélodies sucrées à outrance ; même la voix de Sharon bien que toujours agréable est différente (ce « Murder » sans surprise avec des intonations plus medium en est le parfaite exemple). Ses envolées lyriques ont pratiquement disparu, et sa voix est utilisée d’une autre façon vu les compositions, se rapprochant parfois d’une Kim Wilde.

Un album de WT a un cahier des charges bien précis, et la présence des ballades indispensables ne nous est pas épargnée, au nombre de trois cette fois, rien que ça...
Passons vite fait sur les mielleuses « Fire and ice » et « Stairways to the sky » pour nous arrêter sur « Lost ». On retrouve une Sharon qui pousse enfin sa voix, entourée de violons, un passage à la guitare sèche et un solo plutôt efficace. Le groupe n’aurait-il pas composé son « Nothing else matters » ? Impossible de ne pas y penser...

Alors quid de la symphonie ? Eh bien non, on en retrouve sur le à peine plus convaincant « Iron » qui devrait montrer sur scène les limites vocales de Sharon ainsi que sur « A demon’s fate » et ses « ohoh » horripilants mélangés à son refrain très pop encore une fois, bien que le rythme soit plus soutenu (le batteur nous gratifie même d’un peu de double).

Du coup, à côté de tous ces « chefs-d’oeuvre », « In the middle of a night » sort du lot (malgré ses « ohoh » encore une fois), car c’est le morceau le plus accrocheur : riffs catchy et speed, sonorités heavy 80’s avec claviers en fond, refrain mélodique mais pas pompeux, on dirait du Pretty Maids !!! Au moins sur ce coup-là on ne peut pas reprocher de faute de goût à la bande à Sharon, mais cela reste trop faible par rapport au reste de l’album.

J’ai beau le repasser en boucle, je n’adhère pas à ce « The unforgiving » ; il en ressort un manque de sincérité et d’honnêteté flagrant, WT surfant sur la vague revival 80’s, et puis si je veux écouter de la bonne pop, je me mets un vieux Kim Wilde (même son dernier album contient 2-3 bons titres) ou bien pour les groupes plus récents un Garbage ou un Goldfrapp. Et surtout ce « Lost » me paraît vraiment trop téléphoné et préfabriqué pour devenir un hit radio. Bref tout cela sent l’opportunisme à plein nez. Il est sûr qu’un autre public va devenir fan du groupe au détriment des anciens (de toute façon ces derniers ont déjà jeté l’éponge depuis bien longtemps). L’interprétation par contre est sans faille, rien à dire sur le professionnalisme proposé. Mais quand on pense que c’est le même groupe qui a composé « The other half (of me) », on croise les doigts que l’ex Orphanage George Oosthoek ne jette pas une oreille sur la dernière offrande de ses compatriotes, il risquerait d’en avoir la nausée. Le groupe n’a plus qu’un pied dans la scène metal et décidé d’une autre orientation musicale, certains parleront d’évolution, on dira ça...

Nul doute que l’album va cartonner de toute façon et il ne serait pas surprenant de retrouver le groupe aux prochains NRJ Music Awards...


Rédigé par : Dimmu 77 | Pop love sugar/ | Nb de lectures : 14116