Alors là les enfants, je dis attention au malentendu ! Si vous vous préparez à vous jeter comme des morphales sur ce WINTERWOLF célébrant le grand retour de l’ex-chanteur de l’espace de DEMILICH – dont l’unique album, ‘Nespithe’, récemment réédité reste un sacré OVNI – vous risquez d’être déçu. Il faut dire que ces cons font pourtant tout pour alimenter le doute, notamment en décidant d’ouvrir ‘Cycle of the Werewolf’ par un texte censé prévenir l’auditeur du carnage à venir et déblatéré ‘à la DEMILICH’ par Boman, c’est-à-dire avec cette façon assez unique que ce Finlandais aux gènes dérangés avait d’utiliser sa gorge, comme si sa voix sortait directement de ses entrailles et non pas de sa bouche (je sais, cela a l’air con comme cela mais franchement, c’est l’impression que cela fait). Sauf qu’alors qu’on met sa ceinture de sa sécurité et que l’on s’apprête à prendre plein de jets dans la gueule comme seuls les breaks bizarroïdes de ‘Nespithe’ pouvaient nous en fournir, voilà t’y pas que le premier vrai titre, « Panthoms of Madness », saute à pieds joints dans la mare de nos convictions et éclabousse tout le monde. Et au bout d’une minute trente, non seulement on comprend que Boman n’intervient au micro que de façon sporadique mais qu’en plus, notre GPS interne a en fait complètement changé d’itinéraire : Stockholm 1991, en avant toute !

Oui, bien que Finlandais, les petits gars de WINTERWOLF ont décidé de participer eux aussi à la curée actuelle qui n’en finit plus de dépecer le cadavre pourtant refroidi depuis longtemps de la scène old-school suédoise. On pourrait pourtant croire qu’après les passages répétés de PAGANIZER, PUTERAEON et autres AXIS POWERS, il ne lui reste pourtant que les os mais il faut croire que non. Il faut dire qu’en plus de Boman, les quatre autres membres du groupe ont pas mal de bouteille et ont bouffé de la pédale de distorsion Boss de longue date. Pour l’anecdote, il semble même que WINTERWOLF était en fait la première incarnation de DEATHCHAIN, sabordée initialement en 2001 afin de faire table rase et de laisser la place à sa nouvelle identité musicale (plus thrashy) puis ressuscité en parallèle en 2006, mais comme une entité à part entière cette fois (z'avez tout compris?). Sauf que même s’ils ont choisi d’avoir un son immédiatement reconnaissable, WINTERWOLF se différencie par un son death plus ‘pur’, se rapprochant ainsi par exemple d’un RIBSPREADER car contrairement à nombre de ces collègues suédois, il a réfuté toute influence D-pour mieux se focaliser sur les premiers DEATH. D’ailleurs, sous la triple couche de gras des guitares, on reconnaît assez facilement quantité de plans à la ‘Leprosy’ alors que le tout se termine par une reprise, très (trop ?) fidèle, des plus symboliques du « Cenotaph » de BOLT THROWER. Et puis si c'est pas de la pochette obscure et du logo indéchiffrable ça coco, je veux bien aller m'acheter une paire de sandales et danser la gigue avec Prince de Lu à son prochain fest-noz...

Bien sûr, la groupie de DEMILICH que je suis aurait aimé que Boman ne se limite pas à quelques refrains et soit moins ouvertement inféodé. Sauf que la musique y est d’une solidité inébranlable et dix fois plus carrée et brutale qu’AXIS POWERS par exemple, les rôts inhumains de Boman enfonçant le bouchon de l’immonde un peu plus loin. Et puis histoire de faire fondre mon cœur de grand romantique et surtout d’asseoir sa crédibilité UG, le groupe a fait le choix de ne rendre ‘Cycle of the Werewolf’ (ainsi nommée car toutes les paroles parlent de loups-garous) pour l’instant disponible en qu’en vinyl, même si la version CD devrait suivre ce printemps. Le tout avec un livret grand format où chaque titre est illustré par un dessin en noir et blanc style BD d’horreur. Donc fuck, vu que ce genre de death-metal très typé est de toute façon avant tout une histoire d’initiés, ‘Cycle of the Werewolf’ me donne surtout envie de prendre ma peau de bête, ma hache et de partir chasser le nain de jardins avec WINTERWOLF quelque part en Laponie. Alors vous aussi, laissez parler le barbare qui sommeille en vous.


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 15/20 | Nb de lectures : 11244