La première fois que j'ai écouté cet album, j'ai cru avoir affaire une fois de plus à un de ces promos sur lesquels les labels ont maintenant la bonne idée de coller des messages censés éviter la propagation de leurs albums sur Internet. Sauf que cette fois-ci, le gars chargé de dire le message semblait vraiment prendre son travail à cœur et qu'en plus ça durait vraiment un peu trop longtemps et qu'il le disait en allemand. Il m'a fallu quelques grosses secondes pour comprendre qu'en fait de message de prévention anti-piratage, il s'agissait de la première de la longue série de narrations qui remplissent cet album en alternance avec des morceaux classiques avec chant et instruments.

WINTERDOME est un groupe allemand dont ce "Weltendämmerung" est le premier album. Ce combo n'est cependant pas de première jeunesse puisque sa fondation remonte à 1996 et qu'il avait déjà sorti en 1998 "Moravian (Or A God's Dawn)", un EP de 4 titres. Après une longue période de silence le groupe sort enfin son premier album, un concept album plutôt ambitieux qui arrive sous la forme d'un double CD, le second CD étant la copie conforme du premier, sans les narrations. Une riche idée pour tous ceux qui comme moi ne comprennent pas plus des quelques mots nécessaires à la survie en festival allemand: "zwei bier, bitte","Pommes frites ohne Soße bitte", bref, rien qui soit utile pour rentrer dans l'univers entier qu'a créé WINTERDOME, un univers fantastique médiéval peuplé de dragons et de monstres marins pour lequel le groupe a créé ses propres cultures, religions et même son propre langage. Il a, sans doute, après cela écrit toute une histoire qu'il développe dans les neuf titres de cet album et dans les neuf narrations intercalées. Voilà un concept-album qui n'est pas sans me rappeler celui de "Angelus" de S.U.P. qui employait déjà exactement le même schéma, alternant musique et narrations (confiées à l'époque à Dany Cavanagh d'ANATHEMA), sauf qu'ici tout est en allemand et que je ne m'étendrai donc pas sur l'histoire pourtant largement développée dans les 32 pages du booklet accompagnant ce CD.

Du point de vue musical, qui est tout de même le plus important, WINTERDOME joue un mélange de dark metal et de gothic metal auquel se mêlent des éléments médiévaux. Les morceaux ont des structures assez simples, le groupe privilégiant l'efficacité à tout autre chose. Il alterne grosses rythmiques catchys et parties plus mélodiques au violon ou au synthé. On pourrait résumer WINTERDOME en un croisement de CREMATORY, pour le côté gothic metal efficace et puissant et de HAGGARD pour le côté médiéval. On pense aussi également à LETZTE INSTANZ. Le chant de Henrik Warschau est principalement death éraillé un peu à la manière de Felix de CREMATORY en moins grave. Histoire de varier un peu certaines parties sont en chant clair et pour être complet n'oublions pas les quelques petites touches de chant féminin qu'apporte Lisa Hinnersmann quand elle se décide à lâcher son instrument pour rejoindre son collègue pour un énième remake de la belle et la bête. Le violon justement, tout comme le synthé est plutôt bien intégré, ces instruments sont très présents, ils apportent la partie folklorico-médiévale de WINTERDOME et remplissent pleinement leur mission. Les tempos sont généralement mid, il ne faut pas s'attendre ici à quelque chose de festif à la IN EXTREMO ou TANZWUT, WINTERDOME est tout de même beaucoup plus métal et l'histoire que le groupe nous conte n'est sans doute pas des plus joyeuses.

Les Allemands ou du moins les germanophones pourront profiter pleinement de l'album et il est certain que ne pas comprendre de quoi cause ce skeud est un désavantage mais comme de toute façon, beaucoup d'auditeurs sont avant tout intéressés par la musique (moi le premier) et ne lisent pas les paroles, ça ne devrait pas poser trop de problèmes. Les amateurs de metal gothic et de metal à tendance médiévale y trouveront leur compte et c'est bien là l'essentiel.


Rédigé par : Sheb | 14.5/20 | Nb de lectures : 12513