Il y a des groupes qui ont de la chance et d’autres qui savent la provoquer à la force de leur détermination. En gagnant en octobre 2005 le tremplin Mascot records, WINDS OF TORMENT a décroché du même coup, un contrat avec le label néerlandais qui lui permet aujourd’hui de propager ses riffs à une plus vaste échelle.
N’ayant pas assisté au dit tremplin et n’ayant qu’un goût très modéré pour la lapidation publique, je me garderai bien de me prononcer sur la pertinence de leur victoire mais il est fort à parier que WINDS OF TORMENT ne doit sa réussite qu’à sa musique et ses burnes.

Ainsi, trois ans après « The Cells of the Erased » leur premier mini-CD quatre titres, WINDS OF TORMENT nous revient avec du concret et une première rondelle enregistrée au Kohlekeller Studio ; fameux studio teuton déjà prisé par leurs petits camarades de BENIGHTED.

La recherche identitaire perpétuelle des groupes ayant instigué le décloisonnement des genres métallique, il n’est pas si surprenant de trouver WINDS OF TORMENT à la croisée de plusieurs styles et d’influences majeures. Voletant avec aisance entre le thrash, le black, le death mélodique tout en prenant soin de conserver un fil conducteur death, notre quintet stéphanois se revendique volontiers disciple de formations aussi variées que TESTAMENT, OPETH, DARK TRANQUILLITY, PANTERA auxquels j’ajouterais volontiers le nom de SEPULTURA pour le break final très « Roots » de « The Unspoken pact ».
Ces sources d’inspirations plutôt variées et parfois criantes de réalismes se concrétisent autour d’un style plutôt loquace vu que la majeure partie des titres, concoctés ici, flirte allègrement avec les six minutes.

Partagé entre ses diverses affinités qui voient se succéder des riffs très « bay area », des passages très épiques et d’autres finement ciselés autour de guitares acoustiques (les amateurs se délecteront probablement de l’intro très « Opethienne » de « The Other ») il n’est pas étonnant de trouver chez WINDS OF TORMENT un côté progressif inavoué. Si WINDS OF TORMENT (qui n'est pas du tout Auvergnat -private joke) se défoule volontiers sur les quelques salves brutales qui émaillent cette galette, le leitmotiv qui semble avoir guidé leurs riffs est celui de la mélodie. En effet, le groupe s’est attaché à toujours inclure dans ses morceaux de jolies figures mélodiques, un peu suédoises sur les bords, sans pour autant pencher vers un mélo-death pour midinettes.

Aussi efficace qu’agréable dans sa conception, « Delighting in Relentless Ignorance » souffre néanmoins de quelques défauts un peu gênants. En effet, l’écoute complète et répétée de ce premier album laisse une impression trop persistante de patchwork regroupant des plans plus ou moins pompés ici et là. J’en reviens par-là à ces passages criants de réalismes évoqués quelques lignes plus haut qui semblent parfois directement extraits d’albums d’OPETH ou de TESTAMENT. Certes, c’est très bien fait, très finement construit, mais l’aboutissement d’un style plus personnel pour WINDS OF TORMENT passera inévitablement par une digestion plus approfondie de leurs influences qui gommera à coup sûr ces regrettables impressions de « déjà-entendu ».

En attendant, on pourra toujours apprécier le savoir-faire de WINDS OF TORMENT sur ce premier disque sans parler de véritable talent. Il est certain que nos Stéphanois sont voués à un avenir prometteur s’ils s’en donnent les moyens mais, après tout, ne dit-on pas qu’à cœur vaillant, rien n’est impossible ?


Rédigé par : Tonton | 14/20 | Nb de lectures : 12254