WHITE METAL - Du bruit pour l'homme en croix (Camion Blanc) - 21/07/2014 @ 07h14
« White Metal », « Unblack Metal », « Christiancore ». Voilà, des termes qui font frémir, rire ou blêmir les plus extrémistes des metalleux. Ceux pour qui le Metal se conjugue obligatoirement sous le signe de la Bête. Du Démon. Du Malin. Du Grand Cornu. Pourtant, il existe de nombreux groupes, certes souvent méconnus voir totalement inconnus qui ont choisi le Metal parfois le plus extrême pour rendre gloire au Créateur. Au Grand Horloger. Au Verbe Incarné. D’ailleurs, Head, guitariste de Korn avait déclaré en son temps : « Le fan de Korn a les cheveux longs et une barbe, il ressemble à Jésus. » Un livre totalement dédié au « White Metal » est, sur le papier, une putain de bonne idée tellement la France reste réfractaire à ce courant très largement représenté aux Etats-Unis et en Amérique du Sud. Il suffit de lire ou relire les commentaires des news concernant Betraying The Martyrs en ces magnifiques pages numériques. Une bonne idée sur papier donc mais beaucoup moins dans les faits tant la lecture du livre nous laisse un peu, voire beaucoup, sur notre faim.

« White Metal », paru chez Camion Blanc, se divise grosso modo en trois parties : Une première partie non exhaustive consacrée aux groupes les plus représentatifs du genre avec une biographie du groupe, son histoire, l’une ou l’autre anecdote ou citation de l’un des membres, une discographie et basta. La seconde partie est entièrement consacrée à la critique de disques choisis en toute subjectivité par l’auteur. Enfin la troisième et dernière partie propose quelques interviews de personnages important de la scène « White Metal » dont Betraying The Martyrs. Un découpage classique qui à la mérite de pouvoir être lu tranquillement en faisant des allers-retours dans le livre, en passant d’une biographie de groupe à la critique de l’un ou l’autre de ses disques. La lecture, à défaut d’être véritablement informative, peut s’avérer assez ludique. Car c’est là le premier gros défaut du livre : malgré ses plus de 600 pages on n’y apprend pas grand-chose sur le mouvement en lui-même. Comment il est né, quelles sont les vraies motivations de ses « créateurs », pourquoi le « White Metal » est très répandu dans certains pays et totalement absent dans d’autres contrées ? On aurait vraiment aimé connaître cette scène atypique de l’intérieur, avec force détails et une vraie histoire du genre. Le but de ces groupes est-il totalement évangélique ou est-ce simplement une manière différente de vivre sa foi au travers le Metal ? Par exemple il aurait été intéressant d’en savoir plus sur le cas Elgibor groupe qui a œuvré dans le black metal satanique avant de se convertir et de prêcher le christianisme au travers de sa musique. Bref, le sujet est vraiment intéressant mais le traitement est ici trop léger, il ne faut clairement pas s’attendre à une enquête en profondeur, dans les entrailles de la Bête si je puis dire. L’auteur choisit une autre approche : celle de la porte ouverte.

Ce livre est l’occasion de découvrir de nouveaux groupes à côté desquels on serait certainement passé de fait de leur discours pour les plus connus ou de l’impossibilité d’avoir accès à leur musique pour les autres. L’auteur trace un large panorama de groupes qui officient dans un spectre très large de styles : du hard rock FM typiquement américain au D-beat en passant par le Death ou le Black Metal le plus raw and true. Seulement là aussi, il faut se servir du livre comme d’une porte d’entrée et ne pas forcément se fier à l’avis de l’auteur qui considère pratiquement tous les disques d’Unblack Metal comme des chefs d’œuvre ultimes et absolus du Metal. Il faut raison garder et en tant que lecteur et amateur de Metal savoir séparer le bon grain de l’ivraie car certains groupes considérés à raison comme majeurs (Crimson Moonlight, Horde, Firethrone pour ne citer que ceux là) d’excellente qualité ne sont en fin de compte que de sombres bouses. Mais l’auteur assure sa subjectivité dans son livre, je fais donc pareil dans cette chronique en affirmant qu’il est bien souvent de parti pris et très peu regardant sur la qualité de certains groupes de black, notamment sud américains qui sont horriblement mauvais. De plus, il prône l’ouverture d’esprit et la tolérance mais ne manque jamais de lancer de petites piques voire quelques insultes envers les fans ou les musiciens de Black Metal traditionnels. Bon c’est de bonne guerre on va dire même si à la longue ça peut devenir légèrement agaçant surtout que le style d’écriture est assez neutre. On ne reconnaît pas de touche d’auteur, Esychia Pneuma se place plutôt dans l’esprit d’un fan qui tente de transmettre sa passion comme sur un blog. Parfois, il y parvient. Parfois pas. Le manque de véritable style et l’emploi du « je » peut parfois empêcher de vraiment s’immerger dans le livre. C’est le choix de l’auteur.

Dans la deuxième partie, Esychia Pneuma s’attaque à la lourde tâche de la critique de disque, qui, n’est pas une chose aisée. D’emblée, il précise qu’il ne traitera que des disques qu’il juge bons et d’excellente qualité. On est donc parti pour une bonne centaine de pages de louanges ininterrompues envers des groupes prônant l’amour du Seigneur Tout Puissant. Cette section souffre des mêmes écueils que la précédente à savoir une vraie absence de style d’écriture et un parti-pris affirmé dès le départ qui biaise un peu l’analyse. Certains disques sont ici totalement à leur place et méritent les fleurs qui leurs sont lancées (encore une fois rien que pour la découverte de Horde, je remercie l’auteur), d’autres par contre me laissent plus dans l’expectative. Le choix de certains groupes de hardcore ou de deathcore me semble totalement incongru. Tout comme l’absence de disques majeurs de ce que l’on appelle le « christiancore ». L’auteur y encense des albums de seconde, voire troisième, zone tels que ceux de Gideon, Impending Doom, The Gun Show ou Adelaide et passe totalement sous silence des combos tels que xDisciplex A.D, August Burns Red ou encore les incroyables Zao et le chef d’œuvre ultime du genre qu’est « The Funeral Of God ». Certes tout cela n’est que subjectivité, affirmée dès le départ par Pneuma. Ce qui est plus « grave » c’est que le livre comporte quelques erreurs purement factuelles voire totalement mensongères. La plus grosse concerne Horde dont, je cite : « Les réactions lors de la sortie de l’album de Horde « Hellig Usqvart (Holy Unblack) » furent incroyablement passionnées : les menaces de mort du cercle Black norvégien défilèrent et Euronymous envisageait très sérieusement de trouver ceux qui avaient réalisé l’album pour les tuer. » Certes l’histoire est belle mais la vérité est toute autre puisque l’album de Horde est sorti en 1994 tandis qu’Euronymous fut assassiné en août 1993. Difficile donc de trouver quelqu’un pour le tuer dés lors que l’on est soi même mort. Voila qui, malheureusement, résume le manque de professionnalisme de ce livre.

La troisième partie, très courte, est consacrée à divers interviews dont seule celle de Darth Manu, fondateur du blog « Inner Light of Black Metal » est vraiment intéressante. Celle de Betraying The Martyrs est tellement anecdotique qu’elle en devient drôle tellement ils donnent l’impression ne pas trop savoir ce qu’ils sont venus faire dans cette galère. A raison d’ailleurs. Le constat final est finalement négatif car le livre ne tient pas beaucoup de ses promesses. On n’en sait pas beaucoup plus sur le mouvement dont il est question, l’ensemble manque d’un vrai style d’écriture et comporte quelques erreurs factuelles voire certaines contre-vérités. Toutefois, « White Metal, Du bruit pour l’homme en croix » est un moyen de découvrir certains groupes qui en valent la peine (même s’il y’a un gros tri à faire soi-même) si on n’est pas trop regardant sur le message et si seule la musique compte. Mais ce serait dommage de se priver de l’écoute de Frost Like Ashes, Horde, Crimson Moonlight ou le « 1000 Toughts of Violence » de Kekal par exemple.


Rédigé par : Seb On Fire | Satan 1 - 0 Jésus/ | Nb de lectures : 13137




Auteur
Commentaire
VS-papy
Membre enregistré
Posté le: 21/07/2014 à 15h33 - (112868)
Il parle de STRYPER quand même ?

pezzini
IP:93.6.99.132
Invité
Posté le: 21/07/2014 à 16h06 - (112869)
il y as aussi DEMONICIDUTH !!

Moshimosher
Membre enregistré
Posté le: 21/07/2014 à 16h37 - (112870)
Bon, ben, cette chronique m'a sacrément refroidi... Va me falloir une bonne dose de metal satanique pour me réchauffer !

C'est dommage car un ouvrage sérieux, non partisan, parlant autant du bon que du mauvais metal chrétien (même si privilégiant le premier) aurait été intéressant... même pour l'indécrottable athée que je suis... (Non, non, l'idée même de lire un livre de prosélyte me donne des boutons...)

Vraiment dommage...

Pour ce qui est d'Euronymous et de ses envies de meurtre post mortem, je me dis qu'avec une permission spéciale de Satan, ça reste tout à fait possible... :)



Seb On Fire
Membre enregistré
Posté le: 21/07/2014 à 18h12 - (112871)
Oui, on y parle de Stryper bien évidemment :)

RBD
Membre enregistré
Posté le: 21/07/2014 à 22h53 - (112874)
Il faudrait surtout sortir d'une posture "White Metal" qui courrait après le Black pour prendre ses clichés à l'envers. Comme par hasard, les groupes qui s'en réclament sont, objectivement, de bien faible qualité.

Cela fait du tort d'ailleurs à des groupes dont les membres sont chrétiens, et qui sont bons... ils n'ont pas besoin de mettre leur foi en avant pour faire parler un peu d'eux. Ces formations font beaucoup plus pour la crédibilité de chrétiens dans la scène, que des livres qui manquent de fond apparemment et qui en plus diffuseraient des informations erronées.


Si ce livre manque de fond et assène des infos aussi erronées, ça ne fait que

hammerbattalion
Membre enregistré
Posté le: 22/07/2014 à 02h31 - (112876)
çà ne fait que?

En bon athée également, tout ce qui touche aux religion/prosélytisme me gonfle royalement, comme la politique dans le metal d'ailleurs. Par contre je suis bien plus effrayé par les groupes issus de la bible belt, que par les pseudos satanistes scandinaves, parce que les wasp ont vraiment l'air de croire en leur connerie. Seuls comptent le talent, le son et les compos.

En parlant de metal chrétien et de talent, n'oublions pas Tourniquet.

RBD
Membre enregistré
Posté le: 22/07/2014 à 13h33 - (112880)
"Ca ne fait que" très mauvais effet une chute de phrase abandonnée !!! Pardon.

Darth Manu
IP:89.85.52.138
Invité
Posté le: 10/08/2014 à 19h49 - (113172)
Je suis trop peu avancé dans la lecture du livre pour donner pour l'instant (je l'ai depuis un moment, mais j'ai pris du retard sur mes lectures) un avis éclairé, tant sur celui-ci que sur la chronique ci-dessus (merci ceci dit d'avoir trouvé intéressante mon interview). Je le ferai sur Inner Light dès que je pourrai.

Juste trois petites remarques:

1) sur la réception par Euronymous du black metal chrétien: je n'ai pas le livre sous les yeux au moment où j'écris l'article, mais il semble que l'auteur confond en effet deux anecdotes: l'effectivement très peu chaleureuse réception en Norvège de Hellig Usvart lors de sa sortie en 1994, donc après la mort d'Euronymous, et la réaction de celui-ci trois ans plutôt ans plus tôt à la démo "The defeat of Satan" du groupe norvégien Crush Evil (futur Antestor, l'un des groupes au demeurant les mieux considérés à l'intérieur de l'unblack), suivant ce qu'en rapporte Bard Eithun dans diverses interviews citées dans les articles wikipédia sur Antestor et l'unblack metal, mais apparemment inaccessibles aujourd'hui en ligne.

Propos intégraux (suivant la page wikipedia française d'Antestor)

« Bård Faust : Tu trouves pas que c'est affreusement mauvais que ce soit allé suffisamment loin pour qu'on ait des chrétiens (Crush Evil) qui fassent du black metal ? Un conseil sur comment on devrait les tuer ?
Euronymous : C'est déjà assez grave d'avoir des groupes sociaux, mais un groupe chrétien c'est trop. Mais t'inquiète pas, on a des plans. Ils ne continueront pas longtemps »

Source complète (selon la page wikipédia américaine sur l'unblack metal): Eithun, Bård G. "Faust" (1990-1993, correct date unknown). "Mayhem Interview". Orcustus zine. Blackmetal.nu.

2) sur Elgibbor: je suis moi-même assez fasciné par l'histoire de ce one-man band (au passage, son unique membre (qui participe aussi à Fire Throne, et est bassiste dans l'un des albums de Frost like Ashes) l'a monté postérieurement à sa conversion au christianisme, bien qu'il dise dans plusieurs interviews avoir été sataniste par le passé). L'un des premiers articles sur Inner Light lui était consacré, où j'ai compilé les quelques sources que j'ai pu trouvé à son sujet (sachant que je ne lis pas le polonais, sa langue d'origine, ce qui m'a probablement privé d'accès à certaines interviews dans son pays d'origine).

3) J'ai lancé Inner Light sur fond de polémique sur le Hellfest, dans un contexte où certains sites et certaineses personnalités catholiques portaient des jugements assez durs sur le metal. Je ne suis pas sûr ceci-dit, et de moins en moins au fil des années, qu'il soit possible d'émettre des généralités d'ordre idéologique, a fortiori musical, sur le metal chrétien, de même que sur le black metal ou le metal dans son ensemble. Quoi de commun, au fond, entre l'approche très politisée de Taanak, du groupe Demoniciduth, qui se réclame très explicitement du sionisme évangélique, celle de groupes comme Schlechtvalk, Drottnar ou A Hill to die Upon, dont la foi est souvent quasiment invisible dans les paroles, l'iconographie ou l'interprétation sur scène, ou celle du lycéen qui va tous les mois à l'aumônerie, fait tous les frat, fera toutes les jmj, et voit dans le white metal une voie privilégiée pour convilier sa foi et sa sensibilité musicale? Dans le même ordre idée, est-ce que l'évangélique hyper prosélyte et politisé (genre taanak) pour ne pas parler des unblack metalleux adhérent à des mouvements bizarres (genre borgazur) me fait réellement moins chier que le gentil athé qui exprime, bière à la main, un intérêt intellectuel poli pour le satanisme, et qui est trop fan de Marduk et de Watain (de même que beaucoup de black metalleux "puristes" sont bien moins agacés , d'expérience, par un discours chrétien articulé que par les gros délires satanistes ou nsbm de base). J'ai l'impression que l'auteur a précisément voulu, en faisant de son livre une anthologie plutôt qu'une confrontation idéologique, donner droit à une approche musicale plutôt qu'à un discours prosélyte. Peut-être manque-t-il au metal chrétien en France, au delà des approches effectivement "de fans" que constituent son livre et mon blog, des regards plus professionnalisés, de journalistes ou d'universitaires, comme c'est déjà le cas pour le metal "séculier"?





Darth Manu
IP:89.85.52.138
Invité
Posté le: 10/08/2014 à 20h14 - (113173)
Comme souvent, j'ai dérivé dans le commentaire ci-dessus sur la question du seul black metal (chrétien ou pas). IL est évident que dans le metal considéré globalement, les généralités sont d'autant plus contestables (et que même dans le black metal, la plupart des fans ne s'interessent pas plus au satanisme qu'au white metal, et inversement, qu'il existe un certain nombre d'amateurs chrétiens de black metal que l'unblack ne pas enthousiasmer particulièrement en lui-même, y compris parmi les quelques "prêtres metalleux" que nous comptons dans notre pays.

Félix
IP:80.12.35.116
Invité
Posté le: 29/08/2014 à 11h49 - (113348)
@Darth Manu: ta frénésie sur le sujet montre que tu es chrétien. Ta logorrhee montre que tu tentes de concilier une chose aussi innocente qu'être fan de metal avec les interdits absurdes imposés par l'église. C'est louable mais vain. Je pense que s'il est possible d'être chrétien (on tente de trouver des réponses comme on peut), il est impossible de croire en l'église. Tu peux continuer à écouter king diamond ça te transformera pas en bête satanique et tu t'envoleras quand même au dessus de nos têtes le jour du ravissement.

kenlesurvivant
Membre enregistré
Posté le: 10/09/2014 à 18h38 - (113507)
@Félix: Les chrétiens croient en Dieu et pas en l'Eglise (qui écrit sans majuscule désigne le bâtiment, et non pas l'assemblée des croyants). Mais selon les courants, des dogmes ont étés ajoutés (célibat des prêtres, les saints, autorité du Pape...) et une certaine hiérarchie s'est imposée (notamment chez les cathos). Si les protestants (qui eux se fient uniquement à la Bible) en Europe sont grosso modo plus libéraux que les cathos, c'est certes moins le cas aux USA où l'ont trouve surtout des evangéliques.


Eh réveillez vous, j'ai pas fini!


Sinon en tant que fana des sciences humaines en général (dont les religions et la "culture metallesque" font partie) j'irais quand même y jeter un oeil

Esychia Pneuma
IP:85.69.114.220
Invité
Posté le: 16/10/2014 à 17h49 - (114034)
Que dire de cette chronique ? Au moins a t'il lu mon livre (en partie au moins)
Pour les autres : lisez le avant d'en parler, merci. Je parle de Demoniciduth et Stryper, evidemment.

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