Qu'on se le dise, dans le genre phénomène feu de paille, le deathcore risque de partir en fumée dans très peu de temps. Quand on est un style quasiment centré uniquement sur l'efficacité, difficile d'innover quand la moshpart et les breaks à foison sont inscrits en haut du cahier des charges. Mais reste que le deathcore, c'est la bande-son idéale pour mes footings. Mon Véronique et Davina à moi, en quelque sorte. A part les lendemains de cuite décrassage où c'est au Khanate que je dois tenir la cadence...

Et pour aller faire fondre mon lard, briser des genoux de vieilles et renverser les gosses que je croise en vélo, le premier Whitechapel n'avait pas été des plus coopératifs, sa prod' "Bibendum Michelin" toute gonflée mais vide à l'intérieure n'aidant pas à enchaîner les foulées supersoniques. C'est donc avec une fébrile impatience (l'été et la plage approche, faut que je choppe!) que j'attendais ce "This Is Exile", appâté par un single au titre éponyme 'achement plus br00tal qu'avant.

Faisant parti des locomotives du deathcore actuel aux côtés des Suicide Silence et autres Carnifex, Whitechapel parvient à se distinguer, bien plus que sur "The Somatic Defilment", en écrivant ce qui pourrait s'apparenter à des morceaux, et pas à une succession de blasts/breaks/mosh parts (que j'apprécie néanmoins) comme chez les deux pré-cités. La production signée Zeuss (Hatebreed, Terror et cie) a légèrement gagné en grain, même si avec pas moins de trois guitaristes dans leurs rangs, un son encore plus rugueux et plus naturel aurait été parfait. Même constat pour le beugleur de service, qui voit son impact amoindri par ses growls aussi retouchés que Liane Foly. Enfin "amoindri", ça va quand même, y'a pas à se plaindre, le bonhomme nous gratifie de débits vocaux assez impressionnants (This Is Exile) et dispose de la traditionnelle palette growls/bree bree/yarkyarkyark inhérente au genre.

Oui, trois guitaristes, pour le genre, ça peut paraître superflu, surtout que c'est pas particulièrement frappant à l'écoute. Peut-être qu'ils ne jouent qu'une note chacun? Non, médisance, puisque le groupe fait l'effort de ne pas rester bloqué sur la grosse corde, et proposent un album aux plans et influences plutôt variées. Ainsi leur deathcore incorporera de grosses touches Meshuggesques (flagrant sur Possession) voire blackisantes (Daemon) autour du postulat de base leads metalcorisants/blasts surtriggés/riffs thrashys/mosh parts rouleau-compresseur.

Whitechapel sort donc ici son meilleur album... Okay, en même temps, c'est que le deuxième, mais quand même... Je leur reprocherais principalement une efficacité trop diluée, et surtout, pour un genre où la production est primordiale, les mecs, privilégiez le naturel, ça sonne vraiment blockbuster ricain par moments. Sinon comme le reste des productions du genre, oui, y'a aucune profondeur derrière, c'est fait pour être tape-à-l'oeil, mais dans cette noble tâche, "This Is Exile" accomplira plutôt bien son rôle, et c'est pas donné à tout le monde, demandez aux repompeurs de Knights Of The Abyss pour voir...


Rédigé par : Crown_Me | 14/20 | Nb de lectures : 12527