Revenus d'entre les morts en 2004 après un court split et avec une nouvelle orientation musicale, les Parisiens avaient trois ans plus tard sorti le EP « Esprit Souillé » qui concrétisait leur volonté d'ancrer leur propos dans un Death Metal bien charnu revendiquant ses origines tout en ne rejetant pas quelques influences plus actuelles. « Sous la Poussière » enfonce le clou et ralentit même le tempo, mettant l'action sur des passages guitares/grosse caisse pas si éloignés que ça des breakdowns qu'on peut entendre dans le deathcore ou le slamming death. La différence essentielle se situe dans l'approche plutôt old school du groupe, tant dans le traitement du son, très cru (bien que massif), sans bidouilles, que dans les riffs qui oscillent entre death et thrash.

WHISPERING TEARS exprime par sa musique un refus évident de se conformer à une mode, tout en y piochant ce qui lui est utile. Bien qu'ayant laissé tomber les influences Black Metal des débuts, les vocaux y font souvent référence et quand on ajoute à cela des growls death pas assez gutturaux, on obtient un décalage avec la partie instrumentale bien poilue et saturée de testostérone. On ne réduit pas un album à ses vocaux, évidemment, mais ils sont l'un des éléments principaux des compos, surtout dans le style choisi par le groupe, qui privilégie les plans non blastés et les changements d'ambiances, plans qui nécessitent également une plus grande variété du chant pour ne pas être monotones.

C'est pourtant ce qui arrive à « Sous la Poussière », qui après un démarrage en trombe montre ses limites. Le groupe n'ayant pas vraiment choisi entre le death qui laboure et les ambiances, il passe de l'un à l'autre sans vraiment s'y attarder, son choix d'une prod faisant ressortir les guitares et la basse masquant les mélodies alors que ces mêmes ambiances (« Aux Portes de l'Aliénation ») sont dévalorisées par une voix inadéquate. Une approche plus Funeral Doom aurait peut-être apporté un peu de cohérence à l'ensemble, qui sait? Qu'on apprécie ou pas la démarche, ce deuxième album a tout de même une identité assez forte, ce qui n'est pas si courant, et n'est pas immédiat. Avant de se faire un avis définitif, il faudra l'avoir laissé tourner plusieurs fois et il sera certainement apprécié par ceux que le chant ne gênera pas. En ce qui me concerne, ça ne passe pas, malgré une prod vraiment efficace (pour qui aime entendre un mur de guitares) sur les passages bourrins et une bonne intégration des éléments old school et plus récents. Le problème réside principalement dans des passages atmosphériques qui ne le sont pas vraiment (« Silence ») parce que manquant de subtilité et une brutalité qui ne demande qu'à s'exprimer mais qui est encore trop bridée.


Rédigé par : Dungorpat | 13/20 | Nb de lectures : 11658