On case souvent la musique instrumentale dans un seul et même univers... un peu comme si l'absence de chant suffisait à rapprocher des groupes aussi différent que Mogwai ou Rondat. Je suis même coupable de ce genre d'empaquetage abusif, considérant à tort qu'un morceau instrumental est souvent :

- Un moyen d'étaler sa technique.
- Un moyen de développer des ambiances particulières.
- Un moyen de faire oublier à l'auditeur qu'on a pas eu le temps d'écrire des paroles.

J'en oublierais presque que composer une chanson instrumentale est une voie noble, certainement bien plus complexe qu'il n'y paraît au premier abord.

Une choses est certaine cependant (en tout cas elle s'est vérifiée un sacré bon nombre de fois) c'est que les groupes instrumentaux sont rarement des manchots. Des monstres de techniques comme Joe Satriani ou Pneu en passant par les moissonneurs d'images comme Mogwai, chacun de ces musiciens maîtrise son moyen d'expression de manière irréprochable. C'est pas chez eux en tout cas qu'on retrouve des mecs comme Green Day par exemple.

C'est donc après une démo et un EP que What Mad Universe nous arrive donc avec neuf titres instrumentaux et un album "A cosmic Chapter with Gaia".

Premier point à signaler, c'est qu'il y a seulement deux bons gars du Sud de la France (d'Albi à côté de Carmaux) qui jouent de tous les instruments de l'album... et que tout a été composé par l'un d'entre eux.
Les deux protagonistes s'appellent respectivement RK et Pep et nous offrent un condensé de guitares, percussion, banjo, batterie, synthtés et "Spaces voices" (hey pas si instrumental que ça finalement !).

La première fois que j'ai écouté, le groupe, je n'ai pas vraiment été impressionné par la technique musicale, mais un petit quelque chose d'intrigant était là et malgré quelques riffs assez classiques, un certain charme opérait.
Je vous avoue qu'il m'a fallu de nombreuses écoutes pour pouvoir arriver à poser mon avis sur ce groupe de façon claire.

What Mad Universe semble se moquer éperdument qu'on le considère comme un groupe technique et ne cherche pas à divertir l'auditeur par la variété de sa musique.

Il semble réellement y avoir une dimension de "projet" très précis derrière ce que cherchent les WMU, mais c'est pas encore très évident à cerner puisque le groupe part dans de multiples directions et collectionne les ambiances au gré des instruments, manquant par moments d'une certaine unité.
On note cependant que pour un premier album, les boys ont déjà une musicalité bien à eux : une puissance atmosphérique alliée à une sensibilité à fleur de peau.

WMU nous entraîne dans un voyage, cherche les émotions et les images tout en frappant de sa main lourde nos représentations qu'ils veulent sombres mais raffinées (un peu à l'image du joli livret qu'il nous propose... le groupe ne laisse rien au hasard).

C'est une musique un peu fantasmagorique, chargée de paysages et de lieux désincarnés... car si la mélancolie est un sentiment qui se traîne pendant tout le skeud, elle s'allie à une certaine forme de solitude.

Car la musique des WMU se veut perdue dans l'espace, dans une forêt ou à la barre d'un bateau ivre.
Le groupe n'est cependant pas morbide pour un sou, il ne provoque pas selon moi de sentiment de malaise, ni ne fait froid dans le dos. L'inquiétude peut cependant se faire sentir par moments, histoire de prendre l'auditeur à rebrousse poil. A noter aussi l'excellent son de l'album, qui n'aurait certainement pas été plus cohérent si le groupe avait passé des mois à le façonner.

Oui il m'a fallu du temps pour rentrer dans leur monde mais je me garde ce disque sous le coude le jour où je serais invité aux voyages, histoire de colorer les décors avec leurs peintures sonores.

Au final, un groupe qui œuvre dans un créneau particulier mais qui le fait avec passion et talent. Un groupe original de plus.


Rédigé par : pamalach | 13/20 | Nb de lectures : 12521