WESTERING - Help A Body (Paradigms) - 16/06/2010 @ 08h16
Avec "Help a Body", un dénommé Bryan Thomas originaire de Seattle vient nous proposer sa première œuvre via Paradigms qui nous a habitués aux signatures atypiques et aux projets iconoclastes. Effectivement, l’Américain propose durant ces 39 minutes un black à la croisée des mondes qui va encore j’en suis sûr faire grincer des dents.
Déjà le visuel, qui loin des clichés arboricoles habituels, nous plonge dans la perspective infinie d’un couloir sous-terrain sombre et froid. Le fait qu’il s’agisse d’un one man band made in USA, nous mène inévitablement sur les pistes de Leviathan et Xasthur.

Effectivement, on ne peut nier cette influence, Thomas pratiquant un black ambient qui s’épanche dans le grésillement des guitares et les gargouillis trafiqués des vocaux. Mais l’Américain se différencie de ses aînés en allant piocher ailleurs des éléments moins orthodoxes pour agrémenter son black.

Il y a d’abord ces nappes de clavier complètement ambients qui survolent l’ensemble du disque. On pense alors à Sigur Ròs surtout que les mélodies distillées par les guitares se révèlent proches d’un post-rock éthéré en particulier sur le premier titre et sur "My Naked Hands".
Ces nappes atmosphériques sont d’autant plus importantes que sur neuf titres, trois s’avèrent être de courts interludes purement ambients. Même si cela crée une atmosphère particulière, il s’agit là d’un des défauts de la galette à mon goût. Ces instants ne se montrant pas suffisamment palpitants. En revanche, cela renforce le sentiment d’être dans une sorte bulle isolée au milieu de cette urbanité froide, cela amène l’auditeur à se remémorer les ambiances que pouvaient développer Amesoeurs.

D’ailleurs, il n’y a pas que ce désespoir urbain qui rappelle le combo français mais on notera des relents new wave qui vont se matérialiser premièrement par une rythmique atypique pour du black. Les pulsations se parent d’un masque mécanique quasiment martial par instants. Un titre comme "Gestures In The Dark" dévoile une mélodie et des riffs arrachés et saccadés qui m’ont invariablement rappelé l’aspect déchiré et brut d’un Joy Division.
Quelques rares passages acoustiques viennent aérer l’ensemble et lorsque ces derniers se voient coupler avec la rythmique, cela ne peut qu’évoquer le neo-folk.

Parfois, on tombe sur des angles plus sombres. "An Old Confusion" démarre vraiment comme un titre de Leviathan mais toujours avec ce rythme décalé, quasiment industriel. Le titre se brise sur un passage atmosphérique où les guitares sonnent comme le bourdonnement d’une attaque aérienne. Un titre qui s’éloigne de la douce mélancolie urbaine qui prévalait jusque là.

C’est génial l’audace, surtout quand c’est payant. Il est certain que rien de grand n’existe sans une prise de risque inconsidérée. Prenez un funambule, les yeux bandés, suspendu à vingt mètres au-dessus du sol. S’il arrive au bout du fil tendu, notre funambule obtiendra une véritable reconnaissance. Maintenant, entre l’homme et la pizza, il n’y a qu’un pas… dans le vide. Malheureusement, l’AFP nous apprend à l’instant que le petit Bryan s’est ramassé comme une merde lors d’une expérimentation audacieuse intitulée "I Soon Will Be Myself Again".
En effet, l’idée de bannir la batterie durant un morceau entier semblait séduisante mais il se trouve que les riffs se montrent aussi palpitants que suivre à la télé un marathon en déambulateur et où le clavier rappelle volontiers les pires aspects new-age d’un Eric Serra qui s’amuse à faire piou-piou dans le Grand Bleu. Dommage, vraiment dommage cette soudaine faute de goût, ce soudain manque d’inspiration alors que l’idée de départ semblait bonne.

Malgré l’autoprod de rigueur dans ce genre de projet, le rendu sonore se montre parfaitement limpide ce qui renforce ce sentiment glacial et déshumanisé.

Au final, l’impression est mitigée. Finalement, l’œuvre est courte et plombée par ces interludes inutiles et un titre complètement à côté de la plaque. Cela nous laisse seulement cinq bons titres à se mettre sous les quenottes. Au bout de la galette, l’estomac crie encore famine.
En revanche, difficile de nier qu’une personnalité se dégage vraiment des morceaux réussis. Un univers personnel apparaît fait de solitude, de mondes urbains déshumanisés, mélange improbable d’un black ambient typiquement américain, d’un post-rock et de new-wave.
Certes un premier jet bancal mais dégageant un charme glacial. En tout cas, un projet dont je suivrai avec attention les prochains pas dans ce monde froid et hostile.

http://www.myspace.com/westeringus - 192 visite(s)

My naked Hands - 142 téléchargements


Rédigé par : Dark Rabbit | 12,5/20 | Nb de lectures : 12401




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Commentaire
lapin
IP:88.172.42.228
Invité
Posté le: 16/06/2010 à 12h51 - (84721)
Ecouté le myspace suite à la chro, très bon ! Quand au titre "sans batterie", excellent, avec un gros côté My Bloody Valentine !

tartampion
IP:196.221.90.22
Invité
Posté le: 17/06/2010 à 10h48 - (84734)
Découvert il y a quelques mois, quelqu'un en avait parlé sur ce forum. Récouté, c'est vraiment bien, et 10000X mieux que xasthur.

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