Lorsque vous demandez à nos concitoyens ce qui caractérise le metal extrême, il y a fort à parier que les voix de monstre seront bien placées dans le haut du classement des griefs. Si la musique diffusée aux masses présentent parfois quelques accords de guitare électrique (disto réglée sur 2, parce que ça fait rebelle), et si les toms d'une batterie même jouée très vite restent finalement des sons de toms de batterie, les lémuriens qui vous servent de voisins auront toujours du mal avec le râle le plus viril, caractéristique s'il en est de notre niche musicale extrême à nous.

La musique folk, que ce soit au sens "traditionnelle" ou "américaine", n'emploie pas de râle viril non plus. C'est pas le genre de la maison, même dans les moments les plus dark. Weh tente pourtant de brouiller les pistes en introduisant dans les siennes quelques incursions d'une voix grognée et noyée sous les effets. Quel effet cela pourrait-il avoir sur la ménagère? J'en sais rien, et il est peu probable que celle-ci décroche des Champs Elysées musicaux que tracent pour ses esgourdes Michel Drucker et autres vioques naphtalinés. En attendant ces quelques instants de grognement seront une belle accroche pour se pencher avec plus de curiosité sur notre sujet du jour.

Outre un cri de joie, Weh est également un projet acoustique norvégien né en 2002 dans l'esprit d'un certain Erik E. La seule fois où j'avais entendu parler de l'entité, c'est par sa reprise de "Likbør" sur le tribute Valfar, ein Windir, consacré comme vous pouvez vous en douter à Windir (titre présent sur Origins). Pourtant Erik E. n'a pas chômé, produisant quantité de démos. Soulseller propose aujourd'hui de découvrir le projet à moindre frais, puisque le double digisleeve Origins contient les sept démos de Weh et de nouveaux titres inédits équivalents à un MCD. Trente-six titres, soit près de deux heures de musique pour pas cher. Deux heures d'acoustique/folk/dark triste, il faut se les enfiler.

L'accroche évoquée plus haut est ici placée en tête de gondole et la voix de monstre est de sortie dès "Deadline" qui ouvre le premier CD et donc la première démo de 2002. Hormis ce détail amusant et quelque peu anachronique, Weh c'est avant tout un mec qui gratouille sa guitare sèche et qui chante pas mal mais sans plus. Voguant entre la ballade dark/folk et des titres plus sucrés, Erik E. trouve rapidement ses limites à cause principalement d'un chant techniquement limité et finalement sans réelle âme. Je lui préfère des albums de folk, même plus sucré, où la voix s'éraille un peu (et j'en profite pour faire de la pub au duo suédois The Preacher and the Bear qui a sorti un très bon premier opus récemment). L'alternance avec la voix de monstre trouve également ses limites dans le plus caricatural "Lady Death" et elle sera finalement (presque) abandonnée après cette première démo. Les 31 titres qui suivent n'apportent que peu de choses au moulin, ressassant les mêmes éléments pendant très longtemps.

A moins d'être fan hardcore de Weh, il est difficilement envisageable de se taper les deux heures de Origins d'une traite. Cette réédition sera toutefois fort agréable à s'écouter par démo, de temps en temps. Bien moins fort émotionnellement qu'un Vigil de Nebelung, Origins satisfera les assoiffés de l'acoustique tristoune, sans être un indispensable dans le genre.


Rédigé par : Prince de Lu | Rééditions/ | Nb de lectures : 12019