Weedeater est l’archétype même du groupe intègre, programmé pour le groove, en sempiternel état de défonce. Un trio qui aime la musique pour ce qu’elle est, son héritage, et la fraternité inhérente à toute bande de mecs ayant la même passion. Les 3 mangeurs de beuh de Caroline du Nord étaient attendus au tournant après leur chef-d’œuvre "God Luck and Good Speed", monument de sludge groovy et surtout bluesy, prenant racine dans les terres nostalgiques du sud des USA.

Faire suite à "God Luck and Good Speed" n’est pas une mince affaire. Le combo a eu l’intelligence de conserver sa patte si caractéristique sans singer l’album précédent. Même ambiance, même son, mais pas le même rendu. "Jason… The Dragon" est plus court et linéaire, moins déjanté et primitif surtout. L’envie d’écouter Weedeater à s’en défoncer la tête jusqu'à ce que les oreilles bourdonnent n’est plus aussi forte qu’avec les précédentes productions. La recette est toujours la même pourtant, un sludge dansant et crado des familles, accentué par une facette blues héritée de leur passion commune pour cette musique. Un chant possédé, défoncé aux joies de notre copine Marie-Jeanne et du Bourbon, arborant une voix toujours aussi dégeulasse et complètement bousillée. A ses côtés, une batterie entraînante, archi-organique, couplée à un duo basse/guitare assez équitable, laissant Dixie et sa basse s’exprimer pleinement. Toutes les conditions sont là pour taper du pied, tirer tranquillement sur son bédo, et s’imaginer sous un soleil du sud se gratouillant la barbichette, la chemise à carreaux entrouverte.

Steve Albini à la prod’, chaque titre indissociable de son ensemble, enregistré en une prise, thèmes préférés de Dixie une nouvelle fois de mise, tout ceci est très alléchant. Une fois "Jason… The Dragon" inséré dans ta platine, pas de souci, le drapeau du Sud des Etats-Unis flottera à nouveau et tu sentiras palpable cette nostalgie si caractéristique. Mais très vite le constat arrive: les 3 tarés le sont un peu moins qu’auparavant et l’écoute de ces 10 titres s’en ressent.

J’ai découvert cet album en concert, là où ils excellent, et il faut avouer que ça tabasse. Mais une fois passé sur album, un petit je-ne-sais-quoi manque, un côté plan-plan presque, une explosion sonore latente que je pensais camouflée, qui se fait attendre pour ne finalement jamais surgir. Weedeater a pourtant tenté de se démarquer avec diverses idées plus ou moins intéressantes : solo de batterie peu aventureux, banjo typique et agréable, pluie tombante, piano peu transcendant et accalmies avec morceaux plus posés. A titre perso, "Homecoming" et le très surprenant titre éponyme (de par ses paroles et sa structure) tirent leur épingle du jeu. L’opus précédent n’avait cependant que des tubes…
Je ne me suis pas ennuyé, bien sûr que non, mais peu de faits m’ont réellement marqué, et je pense plus aisément revenir à leurs vieilleries passées que de me tourner vers celui-ci.

Dixie n’est pas un débutant, dans le milieu depuis sa majorité, et membre de Buzzov*en, Bongzilla, ou encore Hail Hornet!. Mais un petit coup de moins bien se fait légèrement sentir. J’aurais très sincèrement aimé valoriser ce petit nouveau et cirer les pompes de ce combo que j’aime histoire d’attirer davantage votre attention. Weedeater est ma première interview sur VS, une de mes plus belles claques musicales de ces 5 dernières années, et c’est aussi et surtout un des dignes représentants de la famille sludge qui ne copie pas les grands noms de la scène, mais bien un de ceux qui fait perdurer cet univers avec le cœur et la passion. Un poil déçu donc, j’en attendais sûrement trop, mais "Jason… The Dragon", à défaut d’être incontournable, reste tout de même intéressant et caractéristique de l’univers (dé)paysant et enfumé de Weedeater.


Rédigé par : Bras Cassé | 14/20 | Nb de lectures : 14124